Je suis interpelée par la place trop importante du religieux dans des États où il n'y a pas de séparation entre les institutions et la religion. C'est le cas par exemple dans certains états des États-Unis où le darwinisme est aujourd'hui remis en cause et où se pose désormais la question de son enseignement à l'école. Mais aussi en Pologne, où les ultras catholiques au pouvoir, réorientent des lois sociales, voire médicales, en fonction de leurs croyances, et au Moyen-Orient, où la religion musulmane dicte à l'ensemble des habitants les règles à suivre.
Par chance, notre pays a adopté un principe de séparation des Églises, c'est-à-dire du spirituel et de l'État. Cependant, ce fondement de notre République peut aujourd'hui être interrogé. Qu'en est- il de la neutralité au sein des institutions, quand un ministre participe à une cérémonie religieuse en tant que ministre d'État ? Qu'en est-il de la neutralité lors de la médiatisation excessive de la participation du chef de l'État à la messe du 15 août, ou encore de la mise en berne des drapeaux français à la mort du Pape Jean-Paul II ?
La société française a été récemment interpelée sur cette problématique en particulier lors du centenaire de la loi de 1905.
Ces questions renvoient à des valeurs défendues par mon entourage, c'est pourquoi il m'a semblé logique de m'intéresser de façon plus précise à la laïcité.
Toutefois, les contraintes liées à la forme et au contenu du sujet m'ont amenée à choisir de traiter du concept de laïcité scolaire. J'ai donc balayé l'histoire de la laïcité à l'école depuis la naissance de l'école laïque dans les années 1880 à nos jours. Il m'a semblé intéressant d'étudier l'adaptation du concept de laïcité à travers l'évolution de l'école. Dans ce domaine comme dans toutes les institutions françaises, l'idée centrale reste bien la séparation de la sphère privée, celle des croyances, de la sphère publique qui se doit d'observer à la fois le respect des croyances des individus et une neutralité permanente dans le cadre de missions qui visent l'intérêt général.
[...] Ils refusent les redoublements, choisissent soigneusement les filières et sélectionnent les établissements Les parents réclament une évaluation des établissements : en 1980, on publie le palmarès des lycées en matière de réussite au baccalauréat. Le mythe de l'égalité du service public s'écroule. Cette mutation sociale a modifié le rôle de l'école privée. L'école privée, un recours ? Dès les années 1970, l'enseignement privé commence à fonctionner comme un recours. En effet, on pense éviter une affectation dans un établissement public considéré comme mauvais ou alors en cas d'orientation contestée. Beaucoup de familles espèrent que l'enseignement privé donnera une deuxième chance à leurs enfants. [...]
[...] Le mouvement de déchristianisation né dans les villes atteint progressivement les campagnes. On observe une diminution de la pratique des offices. Nombre de familles ne demandent plus la bénédiction de l'Église qu'à l'occasion de la naissance, du mariage ou de la mort. La conception bourgeoise de la famille se répand dans la société. Cette conception s'oppose à la famille féconde de l'Église. Les parents sont soucieux de l'avenir de leurs enfants : ils prévoient et calculent. Ces bouleversements suscitent une demande d'instruction à laquelle répondent les grandes lois scolaires. [...]
[...] Deux camps s'affrontent : les dreyfusards qui défendent le droit, la justice, l'homme universel et les antidreyfusards. Il s'agit beaucoup plus que d'une simple crise politique. Elle met en jeu les principes moraux et philosophiques fondamentaux. Elle est l'occasion pour les adversaires de la République nationalistes, royalistes et cléricaux de révéler la profondeur de leur aversion pour les valeurs héritées de 1789. Sur le moment une guérilla scolaire se déclenche. Sous une façade civile, des religieux ouvrent des écoles privées. Des associations de pères de famille surveillent l'enseignement public, les propos des instituteurs et des manuels. [...]
[...] La notion de laïcité devient évolutive. Durcissement des positions : La circulaire Bayrou Le port de signes religieux dans les écoles publiques pose problème et les ministres qui vont se succéder à la tête de l'Éducation nationale vont adopter une conduite différente au regard des affaires du foulard. Ainsi, dans sa circulaire du 12 décembre 1989, Lionel Jospin prône le dialogue comme unique solution. Beaucoup lui ont reproché son attitude hésitante. Il faut attendre 1994 et le recul par rapport au problème, pour que François Bayrou mette au point un texte ayant pour vocation de circonscrire définitivement ces problèmes. [...]
[...] Cela se voit notamment avec la constitution d'institutions nouvelles de chaque côté. Dès octobre 1946 est fondé un Comité national de vigilance des parents d'élèves des écoles publiques, transformé dès décembre en Fédération des Conseils de Parents d'élèves des écoles laïques puis en mars suivant en Fédération des conseils des parents d'élèves des écoles publiques (FCPE). La politique menée à l'initiative du MRP demeure cependant très limitée. En face se crée un secrétariat d'étude pour la liberté de l'enseignement. Chaque camp se bat avec son slogan : à école publique fonds publics, à école privée, fonds privés et La liberté privée des moyens nécessaires à son existence n'est qu'un leurre Les conflits vont donc se multiplier, focalisés successivement par trois décisions politiques, suscitant à chaque fois de nouvelles mobilisations et des évolutions des organismes défendant l'une ou l'autre position. [...]
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