Qu'est-ce que la laïcité ? Dans un discours de 1850, Victor Hugo définit ce principe en disant que c'est "L'Etat chez lui, l'Eglise chez elle". Ainsi, qu'on parle de laïcité en français, de secularism en anglais, de laicidad en espagnol, ou encore de Weltlichkeit en allemand, on signifie la même chose : la séparation de l'Etat et du spirituel, le premier faisant partie de la sphère publique tandis que l'autre fait partie de la sphère privée. Cependant, cette définition d'Hugo reste simpliste parce qu'elle ne laisse pas entrevoir tous les mécanismes complexes nécessaires à l'application de ce principe de séparation. En effet, qui dit laïcité dit neutralité de l'Etat qui joue le rôle d'arbitre entre les différentes religions, liberté de conscience et pluralisme ; un pluralisme supposant donc une égalité des différentes options spirituelles vis-à-vis du droit.
En France, le principe de la laïcité considéré comme l'un des principes fondateurs et essentiels de la République est consacré par la loi de séparation de l'Etat et des Eglises de 1905. Jean Baubérot affirme que la laïcité française, souvent perçue comme le modèle de référence de séparation des Eglises et de l'Etat, est le « fruit d'une longue histoire conflictuelle opposant tout au long du XIXe siècle deux visions de la France - celle de ceux qui veulent que la France redevienne «la fille aînée de l'Église (catholique)» et celle de ceux qui pensent que la France moderne doit être la fille de la Révolution de 1789 » mais aussi qu'elle est « à la fois, un règlement juridique et un art de vivre ensemble ». Cet « art de vivre ensemble » dont parle J. Baubérot peut être lu à travers l'étymologie même du terme laïcité venant du grec laos qui signifie « unité du peuple ».
[...] Le pape, dans unam sanctam, expose également le principe général de subordination du pouvoir séculier au pouvoir ecclésiastique en décrivant un rapport strictement hiérarchique entre le pape et le roi. Suite à cela, par l'attentat d'Anagni, le roi de France remet en cause l'ensemble des relations entre pouvoirs temporel et spirituel. Le ton est donc donné dès le XIVe siècle et le pouvoir politique cherche de plus en plus à se démarquer de l'emprise de la religion. L'Etat s'affirme et tend à prendre son autonomie. Cette logique se poursuit pendant les siècles suivants. [...]
[...] L'histoire de la laïcité en France, on l'a vu, est originale et le mot reste français. Contrairement à la définition de Buisson en 1883 ( Etat neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique pour rendre possible l'égalité de tous les Français devant la loi [ ] et en général l'exercice de tous les droits civils désormais assuré en dehors de toute condition religieuse la laïcité française est plus considérée comme une rhétorique cachant le refus d'un véritable pluralisme, on pourrait peut être lui apposée le principe de gallicanisme. [...]
[...] Le concept de virtu permet de d'écarter le Bien de la sphère politique. Pour Machiavel, la politique ne doit pas s'encombrer de morale (car tous les individus ont une morale différente) et a fortiori de religion. En effet, la finalité de la politique est de tenir une société en unité stable. Il s'agit de permettre à toutes les moralités différentes de cohabiter au sein d'un même Etat. Pour cela, le politique doit prendre son autonomie et se détacher de toute question morale ou religieuse. [...]
[...] Une identité religieuse au lieu d'une identité citoyenne. Au regard du principe de séparation de l'église et de l'Etat, les difficultés d'intégration, la question de l'identité sont les enjeux les plus prégnants auxquels doivent faire face les Etats. En Europe, on semblerait passer d'une dynamique d'accueil et d'intégration des populations immigrées à celles d'exclusion et d'assimilation. Cependant, diverses actions récentes font preuve d'une volonté d'un retour à l'intégration et au respect des différences. Partant du principe que l'origine des individus joue un rôle majeur dans leurs interactions avec les autres, Françoise Lorcerie, chercheuse au CNRS, considère que la différenciation ethnique est inscrite dans les rapports de domination sociale Ainsi, il semblerait que la majorité ethnique d'un pays aurait tendance à exclure les minorités en les stigmatisant comme inférieures. [...]
[...] Car il faut être lucide : oui, des groupes extrémistes sont à l'œuvre dans notre pays pour tester la résistance de la République et pour pousser certains jeunes à rejeter la France et ses valeurs. Au final, la Commission Stasi dont le but était de déterminer les défis auxquels la laïcité devait faire face et donc de permettre au principe de les dépasser, de s'adapter à la nouvelle société française a porté ses fruits. Au niveau de l'école, des hôpitaux, de la justice, mais aussi des prisons et pour finir de l'espace public, des mesures ont été prises. A été décidée l'adoption solennelle d'une Charte de la Laïcité. [...]
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