« Divisés nous sommes faibles. Unie, l'Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde ». Ces propos sont ceux de Kwame Nkrumah (1909-1972), considéré comme à la fois le père de l'indépendance de la Gold Coast (Côte d'Or), proclamée le 6 mars 1957, mais aussi un des acteurs majeurs du mouvement panafricain au XXe siècle.
Il naît dans le village de Nkroful, au sud-ouest de la Côte d'Or. Il passe neuf ans dans une école dirigée par des missionnaires catholiques. En 1930, il est diplômé ce qui lui permet alors d'enseigner dans des écoles primaires catholiques et dans un séminaire. De plus en plus, son intérêt pour la politique s'intensifie. En 1935, il prend la décision de reprendre ses études, et ce à l'étranger. Il se rend aux États unis, alors plongés dans la crise, le New Deal et le combat des Noirs pour plus d'égalité et de reconnaissance civique. Cette expérience, mêlée à celle anglaise à partir de 1945, a une influence énorme sur son évolution personnelle.
[...] Celui défendu par Nkrumah est donc à analyser. Le panafricanisme maximaliste Le panafricanisme maximaliste, ou encore révolutionnaire remet directement en cause la balkanisation de l'Afrique imposée lors de la Conférence de Berlin, s'étant déroulée de novembre 1884 à février 1885. Il s'oppose au panafricanisme minimaliste qui lui met en avant le respect de la souveraineté et le droit pour chaque État à une existence indépendante, selon une intangibilité des frontières héritées de la colonisation Le panafricanisme maximaliste s'inscrit dans une logique claire : délivrer l'Afrique de la domination occidentale en brisant toute chaîne coloniale. [...]
[...] Dans la Déclaration de Conakry, en mai 1959, les deux pays s'engagent à consolider leur union et réaffirment leur soutien au projet d'unité africaine. Pourtant, les deux hommes ont des conceptions panafricaines assez différentes. Pour Sékou Touré, l'unité ne peut se faire qu'entre pays de même tradition coloniale et ne doit se réaliser que de façon graduelle. Pour Nkrumah, cette association doit être le noyau fort d'une union plus grande. Ainsi, il existe une véritable incompréhension entre d'une part deux systèmes différents hérités du colonialisme, un britannique et l'autre français, et d'autre part entre deux personnalités d'expression différente donc. [...]
[...] Toutefois, il ne faut pas se départir du contexte international dans lequel évolue le panafricanisme. L'arrivée du nazisme en Allemagne, puis la guerre civile espagnole et enfin la Deuxième Guerre mondiale relèguent au second plan l'action africaine. Des publications voient pourtant le jour, le journal Panafrica se crée, et la Panafrican Federation se constitue. Elle correspond à un organisme associant une vingtaine d'associations africaines et vise à mettre en œuvre une action positive, basée sur la non-violence et la non-coopération, en conjuguant à la fois les formes d'organisation africaines, mais aussi les méthodes occidentales des partis politiques. [...]
[...] Enfin, dans un dernier temps, nous verrons les applications concrètes du panafricanisme en lien avec le personnage. I. Kwame Nkrumah hors d'Afrique : les influences intellectuelles À l'image du mouvement qu'il défend, c'est hors du sol africain que Nkrumah se constitue et se forge son idéal panafricain. Aux États-Unis : rencontres et activisme afro-américain Suite à sa rencontre avec Benjamin Nnamdi Azikiwe (1904 1996), premier président du Nigeria, Nkrumah est plus que jamais résolu à partir pour l'Amérique comme il l'écrit dans son autobiographie. [...]
[...] En 1960, Nkrumah est élu tout naturellement premier président ghanéen. Le Ghana est donc le premier pays africain à accéder à l'indépendance et cela sonne comme un coup de cloche sur tout le continent. À l'occasion des fêtes de l'indépendance, Nkrumah relance l'idée panafricaine en agissant sur deux points majeurs, celui des gouvernements et celui des partis politiques. Pour ce faire, il souhaite rallier à sa cause d'autres pays africains que sont le Soudan, la Lybie, l'Éthiopie, le Maroc, le Libéria, le Togo Il annonce alors sa volonté de réunir prochainement une Conférence des États indépendants d'Afrique. [...]
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