[...] Kershaw commence par rappeler que depuis 1989 le concept de totalitarisme est révisé. De même il y a un regain pour la comparaison entre communisme soviétique et nazisme qui incarnent la « dictature moderne », terme parfois préféré à celui de totalitarisme. Au premier abord on est tenté d'établir cette comparaison à partir des points communs qui unissent les régimes autoritaires du nazisme et du Stalinisme : « enrégimentement, surveillance, répression » et en raison de leur héritage toujours visible. Kershaw livre donc une introduction pour expliquer cette comparaison, comment et pourquoi la faire entre deux régimes qui « représentaient des formes opposées mais apparentées d'un type d'État moderne entièrement nouveau » (p. 102). En effet ces deux régimes semblent se distinguer des autres régimes autoritaires par certains points que Kershaw énumère : « incursions sans précédents dans la société à travers de nouvelles techniques de mobilisation des masses, mais aussi de nouveaux seuils et de nouvelles formes de répression ».
A l'issue de cette introduction, Kershaw pose clairement une problématique : « en quel sens, s'il en est, peut-on voir dans le nazisme et le stalinisme un genre de système étatique semblable, distinct des autres ? Et dans quelle mesure une nouvelle comparaison des systèmes préserve-t-elle la singularité du nazisme ? » (p. 104). (...)
[...] Dans Retour sur le totalitarisme : le nazisme et le stalinisme dans une perspective comparative Kershaw se penche sur la question du totalitarisme et la comparaison entre nazisme et stalinisme. Il remet en cause le recours à la notion de totalitarisme en s'appuyant sur des éléments historiographiques plutôt que sur une thèse philosophique. Kershaw commence par rappeler que depuis 1989 le concept de totalitarisme est révisé. De même il y a un regain pour la comparaison entre communisme soviétique et nazisme qui incarnent la dictature moderne terme parfois préféré à celui de totalitarisme. [...]
[...] Selon Kershaw pour faire d'une comparaison (entre nazisme et stalinisme par exemple) un concept, il faut des bases solides. Dans cette perspective il redéfinit un concept de totalitarisme restreint. En effet selon Kershaw pour établir la comparaison il est indispensable de le limiter le totalitarisme au Stalinisme, ne pas le laisser s'étendre à la période post- stalinienne car le stalinisme post-stalinien présentent beaucoup trop de contrastes forts avec le nazisme (énumérés par Kershaw p. 108). Pour Kershaw il y a suffisamment de divergences entre le régime sous Staline et après son départ pour remettre en cause l'emploi du terme totalitarisme dans les deux cas. [...]
[...] - Derrière ces travaux, il y a des intentions qui ne sont pas forcément savantes : il y a une volonté de discréditer le communisme qui à l'époque suscitait encore de l'admiration. Il y a donc une volonté idéologique qui n'est pas neutre dans le rapprochement des deux régimes. Le résultat, c'est que l'on constate la formation d'une notion idéologiquement chargée auquel les gens vont s'attacher. [...]
[...] Kershaw rappelle que ces perspectives ne cherchent pas à montrer la même chose donc ne s'excluent pas pour autant. Il souligne également qu'elles ne sont pas toutes aussi pertinentes voire fécondes. Il effectue un retour sur le concept de totalitarisme pour expliquer son utilisation : en pratique ce concept est descriptif et sert principalement à décrire des techniques et des instruments de gouvernement semblables dans des systèmes qui se considéraient, et à maints égards étaient bel et bien foncièrement opposés. [...]
[...] “Retour sur le totalitarisme : le nazisme et le stalinisme dans une perspective comparative.” In TRAVERSO, Enzo. Le totalitarisme : le XXe siècle en débat. Paris : Seuil pp. 845-871. Ian Kershaw, né le 29 avril 1943 à Oldham, est un historien britannique connu pour ses travaux sur Adolf Hitler et le nazisme. Il est l'auteur d'une biographie en deux tomes qui est une des principales références actuelles sur le dictateur allemand, ainsi que de l'ouvrage intitulé Hitler. Deux de ses ouvrages, parus en France en 1995, entendent dépasser la problématique du totalitarisme. [...]
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