En 1796, Emmanuel Kant publie la deuxième édition de son « Projet de Paix Perpétuelle » (PPP) consacrant avant l'heure « le droit de non-ingérence », la solidarité entre les Etats, la liberté et le système républicain que l'on rapprocherait aujourd'hui de la démocratie.
Le 12 septembre 2002, George Walker Bush, Président des Etats-Unis d'Amérique (USA), déclarait devant la 57° Assemblée Générale des Nations Unies : « Si le régime irakien nous défie encore, le monde doit agir de façon délibérée et décisive pour mettre l'Irak face à ses responsabilités », car « nous devons défendre la sécurité, les droits inaliénables, et les espoirs de l'humanité ». Des paroles qui se voulaient convaincantes, rationnelles et justifiées après l'affront humiliant du 11 Septembre 2001 qui avait blessé l'Amérique au plus profond. Un discours, apparemment bien éloigné de l'idéalisme libéral du philosophe allemand Emmanuel Kant et de sa doctrine de la « paix perpétuelle » puisque G.W Bush fait en réalité ici clairement allusion à une intervention armée pour mettre l'Irak « dans le droit chemin » et libérer son peuple. De plus, même si à l'époque il appelait de ses voeux une intervention cautionnée par l'ONU, nous savons maintenant, que c'est unilatéralement qu'ont agi les Etats-Unis.
Dès lors, si l'on demandait au philosophe allemand si BUSH devait attaquer l'Irak, si cette opération était légitime, il faut avant tout lire dans PPP que « L'honnêteté vaut mieux que toute politique » (condition indispensable à toute politique). Ainsi, pour répondre à la question précédente, Kant aurait examiné si le droit a pour but de garantir la liberté de tous en correspondant à la loi morale édictée par la raison ...
[...] C'est donc encore d'avoir bafoué le droit international que KANT aurait reproché au président des USA car pour KANT, contrairement à BUSH apparemment, c'est faire preuve de disposition morale que d'obéir aux règles du droit. D'ailleurs, KANT rappelle que sinon, on ne parlerait pas de droit pour la guerre si cette disposition morale n'existait pas dans le fort intérieur de l'homme et à ce titre, auquel cas il ajoute que le monde fonctionnerait selon les préceptes d'un prince gaulois qui disait : Le droit, c'est la prérogative accordée par la nature au fort de se faire obéir par le faible une maxime qu'il n'est pas difficile de rapprocher de la politique extérieure de défense menée par BUSH, notamment lors de Liberté en Irak La preuve est ainsi faite que KANT aurait prêché son modèle de fédération d'Etats libres pour contredire BUSH et délégitimer son action, en désaccord avec le droit des gens et le droit cosmopolite »_nous l'avons déjà évoqué D'autre part, dans sa vision différenciant morale et politique, KANT procède à une classification à partir de laquelle il distingue le moraliste politique qui s'apparenterait plutôt à BUSH, du politique moral qui a sa préférence. [...]
[...] Or dire qu'un ennemi est injuste, c'est poser une sentence juridique. C'est ainsi que KANT déclare que seule la tournure des évènements (comme dans un jugement de Dieu) décide de quel côté est le droit C'est pourquoi il ne peut y avoir de guerre punitive comme il semblait avoir été le cas pour Liberté en Irak puisque dans l'état de nature, il n'y a pas entre eux [les Etats] de rapport entre supérieur et subordonné On rappellera sur ce point l'insistance de G. [...]
[...] W BUSH et est à la base de la légitimation d'une intervention armée en Irak. Il faut préciser qu'une majorité d'Américains approuve la politique étrangère du Chef de l'Etat ; majorité qui est constituée de républicains de droite. Mais pour KANT, une majorité n'est pas la totalité des citoyens _les manifestations anti-guerre dès 2002 l'ont prouvé aux Etats-Unis_. Or un Chef doit agir en fonction de tous les citoyens de son pays. En effet, le droit est l'expression de la volonté générale ou volonté commune sans se tenir autorisé à en disposer selon son caprice incontrôlé in Théorie et Pratique. [...]
[...] C'est le cas pour la Providence par exemple. Une Providence invoquée aussi bien par BUSH que par KANT, mais dont le rôle est radicalement différent pour l'un et pour l'autre : alors que pour le premier la Providence sert de caution à l'action politique finale, elle est, pour le second, un agent organisateur de la société qui agit indépendamment de la volonté humaine. Il s'agit donc, en confrontant BUSH et KANT, de revenir aux principes de base de toute action politique qui, d'après la logique de la Raison, ne doit pas être entravée par la loi morale, bien que droit et morale soit intimement liés, nous l'avons vu. [...]
[...] Ainsi, pour répondre à la question précédente, KANT aurait examiné si le droit a pour but de garantir la liberté de tous en correspondant à la loi morale édictée par la raison. Par ailleurs, d'aucuns ont sans mesure affirmé que le philosophe allemand devait se retourner dans sa tombe en entendant les paroles du président des Etats-Unis. Pourtant, il serait restrictif de s'arrêter aux considérations classiques qui voudraient opposer radicalement la vision kantienne des relations internationales et la vision réaliste offensive de laquelle on pourrait rapprocher la politique menée par George Walker BUSH, pensée par les think tanks et influencée par les néo conservateurs _ à leur tête P. [...]
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