Si le terme de « culture » peut être appliqué à beaucoup de domaines –on parle ainsi de « culture homosexuelle », de « culture rugbystique » ou encore de « culture communiste », on se limitera ici au sens le plus courant lorqu'est mentionnée la « démocratie multiculturelle » : la culture au sens ethnique, géographique, national du terme. On entendra donc, par « démocratie multiculturelle », un type de gouvernement qui concerne, au sein d'un territoire donné, des gens appartenant à des cultures différentes d'un point de vue religieux, linguistique ou ethnique.
Il est intéressant de noter que la revendication nationale est souvent allée de pair avec la revendication démocratique. Par exemple, le refus d'être oppressé par une puissance impériale (en Europe de l'est) ou coloniale (dans les pays décolonisés) s'accompagnait du développement d'un sentiment national. D'ailleurs, de nombreux empires multinationaux, comme l'URSS, n'ont pu se maintenir que par la force et n'étaient pas des démocraties. Il y aurait donc une correspondance « une nation - une culture - un Etat démocratique ».
Jusqu'à quel point la démocratie peut-elle s'accommoder des différences culturelles en son sein ?
[...] Le conflit entre la culture et les lois peut être perçu comme une agression par les minorités culturelles d'une démocratie multiculturelle. Elles ne peuvent alors pas se sentir représentées par une loi qui se dit l'expression de la volonté générale Vouloir que la culture particulière d'un groupe prime sur la loi est un refus de la démocratie. Parce que la loi est l'expression de la volonté générale, il faut que cette volonté générale existe. Or, cela suppose apparemment que les individus aient un minimum de valeurs communes. [...]
[...] Il y aurait donc une correspondance une nation - une culture - un Etat démocratique Pourtant, la démocratie fonctionne bien avec des citoyens qui ont des situations sociales, des intérêts, des opinions divers. Il n'y a donc pas de raison pour qu'elle ne puisse pas fonctionner également avec des citoyens qui ont des cultures diverses. Jusqu'à quel point la démocratie peut-elle s'accommoder des différences culturelles en son sein ? On verra que la prise en compte des diverses allégeances des individus fait partie de la démocratie ; mais que cette tolérance trouve des limites car la démocratie nécessite un minimum d'homogénéité culturelle. [...]
[...] Jusqu'à quel point une démocratie multiculturelle est-elle possible ? Alix Aureau Introduction à la science politique, novembre 2009 Dissertation , sujet 1 : . Jusqu quel point une démocratie multiculturelle estelle possible ? . Dans un univers mondialisé et où les migrations humaines sont de plus en plus importantes, le concept de démocratie multiculturelle déchaine les passions. Le récent débat sur le port du voile intégral en France en témoigne. Pour les uns, en particuliers beaucoup d'intellectuels de gauche, la démocratie multiculturelle est une forme d'accomplissement, en ce sens qu ‘elle permet un dialogue des cultures ; pour les autres au contraire, le multiculturalisme représente un danger pour la démocratie, menacée par les revendications particulières de différents groupes culturels. [...]
[...] La démocratie multiculturelle est possible tant que les individus reconnaissent la supériorité de la loi. Les normes des individus, qu'ils ont reçu de leur milieu familial et culturel, ne doivent pas entrer en opposition avec les normes juridiques de l'Etat démocratique, ou du moins, les individus doivent alors accepter la primauté de ces dernières et s'y plier. Sans quoi, des conflits sont inévitables, comme c'est le cas en ce moment avec le débat sur le port du voile intégral. Il n'est pas obligatoire pour les musulmanes certes, mais c'est une pratique culturelle propre à l'islam ; or, cette pratique entre en contradiction avec les principes d'égalité de l'homme et de la femme reconnus par les démocraties. [...]
[...] La conception libérale se borne à percevoir la citoyenneté comme une ensemble de droits et d'obligations ; de ce point de vue, une démocratie multiculturelle ne pose pas trop de problèmes : on demande aux gens de payer leurs impôts, d'aller voter et cela suffit. La conception républicaine est beaucoup plus large, et donc plus exigeante. À l'idée des droits et des devoirs, elle ajoute le désir de rechercher et de promouvoir l'intérêt général, et l'engagement concret dans l'arène politique pour faire le bien des autres citoyens. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture