« C'est un crétin que l'on mènera ». Tel est l'avis que porte Thiers sur le prince Louis-Napoléon Bonaparte en 1848, et l'on est en droit d'imaginer que l'Histoire lui fit changer d'idée.
Cette phrase voit le jour alors que la France est entrée dans la Seconde République. Effectivement, le 22 février 1848, alors qu'un banquet de l'opposition est interdit, provoquant ainsi une énième révolution, la monarchie de Juillet est renversée et la République proclamée. Suivent des réformes libérales de grande importance, en particulier l'avènement du suffrage universel masculin et la création d'une Assemblée Constituante. Cependant, cette euphorie quasi-générale est entachée par les difficultés économiques persistantes que le pays endure. La crise cependant n'empêche pas les républicains modérés alors au pouvoir de dépenser et de progresser dans le domaine social. Mais cette atmosphère de liberté et de paix que l'on a pu surnommer « l'illusion lyrique » ne dure pas, atteinte durement par les divisions politiques et la crise économique. La République s'achève moins de quatre ans après sa proclamation.
Notons que déjà la notion de République était ambiguë : étant par essence l'absence de monarchie ou de dictature, elle devait pour certains avoir une dimension sociale et progressiste alors que d'autres ne la voyaient que comme une nécessité temporaire en attendant l'avènement d'un nouveau régime. Il est légitime à partir de ces définitions de se demander comment meurt une république, sans que l'on s'en étonne et à la fin d'un processus qui paraît a posteriori évident.
Ainsi, la Seconde République fut condamnée à une fin précoce. Sa courte existence fut d'abord affaiblie par la restriction des libertés des individus, puis achevée par la personnalisation du pouvoir qui a conduit au Second Empire, nouveau despotisme.
[...] En effet, par un processus qui paraît peut-être aujourd'hui évident, il semble que le prince- président Louis-Napoléon Bonaparte soit devenu fort naturellement l'empereur Napoléon III. Cette incarnation du pouvoir dans la personne du président est d'abord aidée par l'importance de ce dernier dans les institutions, puis par l'ampleur du personnage et de son nom. Celui-ci, étant élu au suffrage universel, dispose de la même légitimité que l'Assemblée, et est choisi par un peuple qui donc le soutient. Le président à l'initiative des lois, il est le Chef des armées qu'il commande, gère les relations internationales en représentant la France à l'étranger, et choisit ses ministres qu'il peut révoquer. [...]
[...] Les émeutes de juin ont des conséquences politiques considérables. Les Ateliers nationaux sont dissous et les ouvriers ne s'intéressent plus au sort d'une république désormais conservatrice, ayant mis aux oubliettes sa dimension sociale. Cavaignac ferme les clubs (dont on connaît l'importance politique), restreint la liberté de la presse (indissociable de la liberté d'expression), mais arrange la situation économique : il plait à la bourgeoisie. Ce changement d'optique provoqué par les émeutes de juin conduit à un remaniement de la Constitution alors en rédaction. [...]
[...] L'exécutif fort qu'il représente, une grande partie du pouvoir entre les mains seulement de cet homme, ce sont autant de choses qui rappellent la situation dans laquelle était son oncle avant le 18 Brumaire. Le schéma ne tarde pas à être reproduit, entraînant la fin d'une République qui s'était éloignée de ses principes originels. Dès septembre 1851, le prince prépare son coup d'Etat avec ses plus proches fidèles, le parti de l'Elysée La propagande menée par Persigny s'intensifie dans le pays, accompagnant les voyages du Président en France. Pour s'assurer le soutien des ouvriers, il demande à l'Assemblée le retrait de la loi annulant le suffrage universel. [...]
[...] On connaît l'avis de Thiers sur ce dernier, et c'est donc bien le parti qui prend d'abord le pouvoir. Le 13 mai 1849, les élections législatives confirment la prise de pouvoir : cinq cent députés sont de l'Ordre, dont quelque deux cents légitimistes. La gauche cependant surprend aussi et obtient près de deux cents sièges : un dernier élan social et républicain. Le 13 juin 1849, une manifestation organisée par les montagnards contre l'expédition française en République romaine est durement matée, et trois lois répressives sont votées. [...]
[...] Dissertation : Des journées de juin 1848 au coup d'Etat du 2 décembre 1851 : Comment meurt une République ? C'est un crétin que l'on mènera Tel est l'avis que porte Thiers sur le prince Louis-Napoléon Bonaparte en 1848, et l'on est en droit d'imaginer que l'Histoire lui fit changer d'idée. Cette phrase voit le jour alors que la France est entrée dans la Seconde République. Effectivement, le 22 février 1848, alors qu'un banquet de l'opposition est interdit, provoquant ainsi une énième révolution, la monarchie de Juillet est renversée et la République proclamée. [...]
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