A partir de la création de l'imprimerie au XVe siècle, la menace d'une démocratisation du savoir et d'une critique émanant du peuple n'a cessé d'inquiéter les souverains. Si ce problème est réglé facilement sous la monarchie absolue par le simple emprisonnement des voix discordantes, il en est différemment à partir du début du XIXe siècle. La notion de liberté d'expression prend son envol, et va jusqu'à entrainer la chute de Charles X en 1830.
Ainsi, depuis maintenant deux siècles, les hommes politiques ont dû apprendre à exercer leur fonction en tenant compte des médias.
Partant d'un principe d'opposition et d'adversité, la relation a pourtant évolué jusqu'à revêtir aujourd'hui un aspect beaucoup plus complexe. Il est en effet inévitable d'aborder la relation ambiguë d'interdépendance qui existe de nos jours entre journalisme et politique.
Les préjugés au sujet de cette relation sont bien souvent simplistes. D'un côté, on dénonce souvent les tentatives de manipulation et d'influence des médias par le personnel politique afin de mieux contrôler sa propre image, en décrivant les journalistes comme de vaillants combattants prêts à tout pour garder leur indépendance et faire office de contre-pouvoir. En face, l'autre lieu commun consiste à imaginer une connivence permanente entre le monde politique et le monde médiatique, qui engendrerait une absence de volonté des journalistes de réellement critiquer les actions du personnel politique.
Ces deux visions ont une part de vérité.
[...] On peut retrouver aujourd'hui cette problématique dans les rachats de journaux nationaux par certains grands groupes industriels ou financiers ayant des liens avec le personnel politique. L'influence de la famille Rothschild sur le journal Libération ou le contrôle du groupe LVMH sur le quotidien Les Echos sont souvent cités en exemple. Ces transactions financières au but ouvertement économique ont contribué à la réduction de la variété des journaux édités en France. En 1946, vingt-huit quotidiens nationaux paraissaient chaque jour ; en 2007, ils ne sont plus que neuf. [...]
[...] Depuis plusieurs années maintenant, la prise de pouvoir des médias chauds a été soulignée par de nombreuses recherches. Alors que les médias audiovisuels ne cessent de prendre de l'importance, une baisse moyenne de est constatée dans les ventes annuelles de journaux dans les pays de l'Union européenne. Ce changement dans la consommation médiatique n'est pas sans conséquence sur le rôle des médias dans la socialisation politique. Cette différenciation a pour effet une modification du traitement médiatique de l'information. Les médias chauds accorderont beaucoup plus d'importance au registre émotionnel du message. [...]
[...] Il demeure une forte capacité de critique et de remise en cause du message médiatique par ses récepteurs. En réalité, il apparaît que dans le domaine de la socialisation politique, les médias exercent plus un effet de renforcement de désirs ou d'opinions préexistantes, plutôt que de réelle persuasion. L'électeur aura plutôt tendance à être conforté dans son avis si le message médiatique lui donne raison, plutôt qu'à changer d'avis s'il lui donne tort. On finira par indiquer qu'à ce sujet, le facteur psychologique a bien sûr son importance. [...]
[...] Tel est sans doute l'objectif du fameux tutoiement employé par Nicolas Sarkozy à l'égard de la plupart des journalistes qui le côtoient : le but est alors de créer une proximité qui rend l'homme politique et le journaliste plus complices qu'ennemis. Pour autant, les liens qui unissent journalisme et politique sont bien plus ambigus : il existe une réelle interdépendance entre ces deux acteurs de la vie politique. Autant le personnel politique peut effectivement être tenté de contrôler son image médiatique afin d'influer sur le système politique national, autant les journalistes eux-mêmes se nourrissent pleinement de l'action et des déclarations des personnalités politiques pour exercer leur métier. [...]
[...] Tout comme c'était le cas dans la relation entre journaliste et politique, un certain devoir de prudence s'impose à l'acteur médiatique. Bien souvent, la recherche de rentabilité économique (particulièrement prégnante dans la situation actuelle de la presse écrite) produit un certain manque de franchise politique. Pour attirer un large panel de lecteurs, il faut éviter de prendre parti trop singulièrement sur un problème de société afin de ne pas fâcher ou diviser le lectorat. Dans toute étude de l'influence d'un processus médiatique sur l'électorat, quatre questions doivent impérativement être posées : qui dit quoi ? [...]
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