Le 20 octobre 2003 est publié à Amman un rapport accablant élaboré en liaison avec le PNUD et le Fonds arabe pour le développement économique et social : les trois handicaps principaux au développement des quelques 280 millions d'arabes – dont le PIB cumulé sur 21 pays (hors Palestine) ne dépasse que légèrement le PIB espagnol - seraient « la liberté d'expression », « l'accès au savoir », et « l'émancipation des femmes ».
[...] Il ne s'agit pas tant de relayer les contradictions précitées entre les différentes visions que de se faire écho des principales critiques arabes, tout en y ajoutant des éléments de manière à ménager la stratégie traditionnelle du Quai dans la région : la France critique la démarche adoptée, consistant à soumettre un plan clef en main qui ignore ou dénigre la diversité des situations et tout ce qui a pu être fait précédemment dans la région, et qui anticipe même les résultats du prochain sommet arabe. D'autre part, comme Israël doit faire partie du GMO elle inverse la proposition selon laquelle la réforme est la condition à la pacification de la région d'un Etat palestinien. [...]
[...] Pour le forum de Manama, les Etats-Unis annonçaient la création d'un Fonds et d'une Fondation pour financer ces ambitions. Or la faiblesse des moyens préconisés soit 160 millions de dollars montre que l'opération est plus communicationnelle et incitative : les bons élèves seront récompensés. Le tout démontre surtout la faiblesse de l'Europe, qui faute d'alternative viable à ce jeu de la carotte et du bâton, ne peut que s'incliner une fois de plus. Bibliographie L'ordre mondial et le monde arabe au tournant du millénaire, Ismael Safar, Publisud (2000). [...]
[...] Interviewé dans la foulée par Le Figaro il fait également savoir ses réserves aux Européens. Il profite surtout de la Conférence d'Alexandrie sur l'état de la réforme dans le monde arabe dont la préparation est antérieure à la publication du projet américain et où il accueille nombreux acteurs-clés de la société civile arabe ainsi que des observateurs internationaux, pour reprendre à son compte la Déclaration d'Alexandrie, à discuter au prochain sommet de la Ligue Arabe à Tunis, vite reporté fin mai en vertu de ce nouvel ordre du jour. [...]
[...] Seule la Libye, richissime et plus raisonnée depuis peu, quitte le sommet, pour des raisons idéologiques. Le sommet du G8 à Sea Island prend lieu entre le 8 et le 10 juin. Y est adopté le plan réforme G8 qui s'annonce comme un consensus entre les priorités américaines de départ et celles des autres membres du G8, le texte de Sanaa, la Déclaration d'Alexandrie, les recommandations spécifiques du Arab Business Council, et la Déclaration de Tunis. L'ordre des priorités dévoile des concessions et un réalisme accru de la part de l'administration américaine : d'emblée l'accent est mis, dans une première section hétérogène qui semble traduire les priorités de court terme et à portée de main, sur l'importance du micro-crédit et de l'alphabétisation, la nécessité de favoriser l'entreprenariat au sens large avec une insistance sur le rôle des PME, le bien fondé du partage interrégional des expériences et projets de démocratisation, la volonté de stabilité et d'efficience économique et financière ; un deuxième chapitre développe plus amplement les modalités institutionnelles et sociétales de la démocratisation des sphères politique et juridique, de la participation accrue des femmes à l'ensemble de la vie sociale et politique, de la bonne gouvernance et de la lutte anti-corruption, ainsi que du renforcement de la société civile ; un troisième volet aborde l'idéal de société du savoir autour des réformes envisageables des systèmes éducatifs primaires, secondaires et universitaires, de l'augmentation des traductions disponibles depuis et vers l'arabe, et de l'accès aux NTIC ; un quatrième chapitre est consacré à la croissance économique et à la résorption du chômage, à travers l'aide à la jeunesse, le développement de PME, la modernisation des droits de propriété, enfin l'intégration financière et commerciale, régionale et mondiale. [...]
[...] La vision américaine est certes amendée, l'accent étant plus mis sur le perfectionnement des mécanismes de coopération préexistants que sur leur refonte totale. Mais l'attitude égyptienne, dont le président s'est vu refuser l'organisation du Forum, montre les limites du processus : il ne voulait ni de la présence des ONG, ni d'une évaluation des efforts des différents régimes. S'il disait vouloir un Forum strictement arabe l'échec du sommet d'Alger en mars 2005 montre l'opportunisme de cette idée, comme du front de Tunis en 2004 il s'agit surtout de gains de temps. [...]
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