Jean Bodin (1529-1596) fut initialement enseignant du Droit à Toulouse avant de devenir avocat « en la Cour » de Paris vers 1561. A Paris, il se mêle des affaires publiques et obtient la charge de procureur du Roi au présidial de Laon. Il est élu député du Tiers Etat aux Etats généraux de Blois en 1576.
Il publie son oeuvre majeure, Les Six Livres de la République, la même année (1576). La France est alors en pleine guerre de religion. La monarchie française est gravement déstabilisée par les conflits entre catholiques et protestants (...)
[...] Celle-ci est souveraine Pour Bodin, la souveraineté est une forme particulière de puissance qui présente deux aspects : elle est perpétuelle et absolue. - Perpétuelle : cela signifie que l'autorité ne s'éteint pas à la mort de celui qui incarne la souveraineté. Cela signifie également que le titulaire de la puissance la détient en son nom propre (et non par délégation de qui que ce soit d'autre que lui). - Absolue : cela signifie que la puissance s'exerce sans aucune condition, hormis la loi de Dieu et de nature. [...]
[...] De même, elle traduit la seule volonté de l'organe souverain et non celle de la communauté. La loi peut notamment abolir les coutumes. Il s'agit là d'une véritable rupture avec les conceptions médiévales d'équilibre des pouvoirs. En outre, la loi se décline en différents aspects : faire la guerre et la paix ; nommer les hauts fonctionnaires ; juger en dernier ressort ; faire grâce ; battre monnaie ; lever tailles et impôts. Autrement dit, Bodin rassemble sous une même prérogative ce qui sera plus tard dissocié par les libéraux : les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. [...]
[...] La monarchie française est gravement déstabilisée par les conflits entre catholiques et protestants : en 1572, ont eu lieu les massacres de la Saint-Barthélemy qui marque a reprise en main du royaume par la Ligue catholique, contre les huguenots protestants et contre le roi et son entourage. Or Bodin est profondément affecté par cette situation de guerre civile qui affaiblit le royaume. Son ambition est donc de forger les bases doctrinales qui permettent de redonner à la monarchie son caractère incontestable. Il rédige donc une théorie de plus de 1000 pages qui cherchent à poser les principes universels de la puissance politique. Toutefois, sa légitimation de la puissance royale ne repose pas sur la religion ou sur la tradition historique. [...]
[...] Il s'agit d'un axiome car cette puissance perpétuelle, c'est la garantie de l'indépendance vis-à-vis de l'extérieur et la garantie de cohésion intérieure, autrement dit les deux motivations politiques qui animent Bodin. Sous cet aspect, celui-ci révèle sa face absolutiste qui accompagne le travail des légistes royaux. Mais il serait réducteur de ne voir que cet aspect chez Bodin. Lors des rééditions de son oeuvre, lui-même contestait cette perspective monolithique qui lui était attribuée. III. Les limites de la souveraineté monarchique. [...]
[...] Celui-ci s'inscrit dans le tournant incarné par Machiavel : l'ordre politique et le pouvoir ont leur source immanente dans la pratique des hommes (et non dans la volonté divine, la tradition ou l'esprit de la communauté). C'est en cela que la puissance souveraine ne peut 5 recevoir ni limites, ni bornes autres que celles qu'elle se donne. Il formule donc une hypothèse : l'Etat a pour origine la violence des plus forts Les plus faibles offrent alors leur consentement, leur assujettissement volontaire de leur liberté. Là encore, Bodin n'arrive à trouver un fondement parfaitement rationnel à l'obligation politique. [...]
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