Au mois de Novembre de l'année dernière, le gouvernement de l'actuel Premier Ministre Yasuo Fukuda, a pu enfin, après de longs débats controversés au congrès, mettre en place un nouveau plan de sécurité anti_terroriste, renforçant les mesures de contrôle dans les divers points d'entrée internationaux sur le territoire nippon.
Au-delà du renforcement en présence policière et canine, ce plan prévoit également que tout étranger, y compris les résidents permanents, entrant sur le territoire national devront se soumettre à une prise de leurs empreintes digitales, d'un test biométrique ainsi qu'à une photo d'identité ; cela afin de pouvoir collecter une base de données que les autorités pourront ensuite comparer avec les listes de personnes présumées terroristes ou dangereuses, et ainsi pouvoir leur refuser ou non le droit d'entrée au territoire.
Les arguments des deux partis :
De nombreux collectifs et association de droits de l'homme Japonais ont violemment contesté cette mesure en ce qu'elle infligerait un traitement dégradant, renforçant la stigmatisation raciale des étrangers, et en les traitant comme des prisonniers. Elle constituerait selon eux également une violation du respect de la confidentialité. Beaucoup d'hommes d'affaire Japonais se joignirent aussi dans cette opposition pour protester contre les fils d'attente interminables dans les aéroports auxquels seraient victimes nombres de leurs collaborateurs étrangers, principalement Américain, ce qui potentiellement pourrait réduire le flux de voyage d'affaire au sein de l'archipel, et plus généralement l'activité économique Nationale. A tous ces arguments, les autorités gouvernementales suivant le modèle Américain, rétorqueront que le climat international instable dans certaines régions, et la flambée du terrorisme depuis les attentats du 11 Septembre, imposent au Japon, de prendre toutes les mesures appropriées pour se préserver de toutes menaces extérieures.
[...] Il est déjà question, ainsi au sein de l'UE, d'adopter des mesures identiques à celles prises envers les étrangers au Japon. Dans son communiqué officiel, à l'inverse de ce qui est envisagé dans l'UE, la mesure au Japon ne se limiterait officiellement qu'à lutter et prévenir des actes terroristes. L'objectif est donc en contrôlant au mieux ses frontières, de désamorcer le sentiment de crainte lié à la menace en se procurant un sentiment de protection, et d'invulnérabilité. Pour arriver à cela, nous avons largement assisté depuis le 11 Septembre, à ce phénomène de plus ou moins fermeture des frontières. [...]
[...] Les acteurs ont privilégié principalement le contrôle interne comme externe de leur territoire. Ainsi, afin de mieux contrôler les agissements de sa propre société civile, le gouvernement américain a pu à cet égard, justifier la violation de droits fondamentaux liés au respect fondamental de la vie privée en instaurant le Patriot act ou même en exécutant un programme de surveillance des appels téléphoniques. En parallèle, le contrôle interne se double du contrôle externe, aux frontières pour mieux identifier et surveiller les flux humains provenant de l'étranger. [...]
[...] Cette tendance globale est donc loin d'être spécifique au Japon, comme les exemples américains ou européens peuvent le montrer. Japon et menace terroriste ? Cependant, voilà, tous ceux ayant une connaissance même minime du Japon seront à coup sûr fort surpris d'entendre parler de menace terroriste au Japon, ce sur quoi pourtant s'est fondé entièrement le gouvernement japonais pour justifier ce plan de sécurité. Bien sûr, comme dit précédemment, on ne peut juger en tant qu'acteur unique, de la véracité d'une menace, mais en revanche, quand tous les indicateurs et les études nous prouvent que les Japonais eux-mêmes se montrent très insensibles et désintéressés aux questions sécuritaires, alors nous pouvons commencer à nous poser des questions sur le vrai bien fondé de ces mesures. [...]
[...] Bien sûr, il serait vraiment caricatural de parler d'un mouvement révolutionnaire au Japon, cependant, les disparités économiques font apparaître certaines fissures au consensus global social japonais. Ainsi, si on a souvent pu entendre dire que le phénomène de libéralisation émotionnelle apporté par la culture occidentale était le germe d'une société plus conflictuelle au Japon, cette tendance récente montre bien qu'il serait exagérer d'attribuer l'évolution des rapports sociaux qu'à une simple évolution culturelle, les enjeux économiques ayant eux aussi des impacts signifiants. [...]
[...] Bien entendu, il n'y a point de déterminisme dans ce que deviendra la rencontre de deux cultures, cependant le facteur déstabilisateur est une possibilité. De nombreux exemples contemporains ainsi montrent les fortes pressions pouvant exister quant à la maîtrise des flux migratoires, comme il en est l'exemple en France. Au Japon, la transformation des plus jeunes générations sous influence d'études ou séjours à l'étranger, de culture américaine, est ainsi en train de remettre en cause le modèle traditionnel hiérarchique et vertical de la société japonaise. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture