La notion d'autochtonie est une dialectique complexe et problématique qui est évoquée par la série d'articles publiée dans le périodique Critique internationale daté de janvier 2001 et rédigé sous la responsabilité de Jean-François Bayart et Peter Geschiere, par Marta Machiavelli, Bambi Ceuppens, Thornike Gordadze et Francis Nyamnjoh. Avant d'aller plus loin dans l'analyse il semble judicieux de définir ce qui est entendu par autochtonie.
D'après le Petit Robert, un autochtone est originaire par voie ancestrale du pays qu'il habite. Cette définition ne met cependant pas en évidence les enjeux importants que la logique de l'autochtonie révèle dans l'interaction entre une unité géographique (ou territoire) et des groupes ethniques (ou peuples). Prenons les origines mythologiques de ce concept: chez les Grecs, un autochtone désigne un enfant né spontanément de la terre. A ce moment-là le principe a un poids incontournable: « les Athéniens n'habitent pas Athènes, ils sont Athènes ». Les mythes fondateurs leur enseignent qu'ils sont fils de la terre d'Attique et que c'est leur groupe humain, issu d'ancêtres communs qui constitue la cité.
Il est difficile de relier le principe de l'autochtonie avec des concepts politiques modernes si on prend en compte la notion originale: l'attachement à sa terre de naissance est un lien vital pour un Grec, aussi fort que celui qui le lie à sa famille. Cette acception pose les Grecs comme assimilables à une plante en tant que produit de sa terre. De cette conception découle à Athènes une conséquence politique : le pouvoir appartient à l'ensemble des citoyens et ne peuvent diriger le destin de la cité que ceux qui en sont issus, c'est-à-dire, les autochtones au sens accepté du terme, ceux qui sont nés tout à la fois de la terre même et de la même terre. Cette définition peut paraître plus pertinente pour analyser ce que l'autochtonie signifie dans la vie de certaines communautés d'aujourd'hui bien qu'il faille toutefois, souligner les déviances. En effet, l'autochtonie est utilisée dorénavant par certains comme une stratégie dont le but avouer est d'obtenir le pouvoir. Ce qui n'est pas sans poser problème. En effet, revendiquer une autochtonie c'est redéfinir une identité qui va dans le sens inverse du mouvement de mondialisation enclenché ces dernières années.
Le mouvement de globalisation auquel nous assistons tend à faire du monde un village où les flux, en particulier d'idées, permettent de rapprocher les hommes. De plus, la mondialisation accélère, même si c'est un mouvement qui lui est antérieur, le flux des migrants apportant, ainsi une dimension multiculturelle à un bon nombre d'Etats. Nonobstant, force est de constater la montée en puissance des extrêmes, notamment en Europe (Autriche succès de Heider, France Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle…). L'actualité mondiale offre des exemples quasi quotidiens du développement de la xénophobie à travers le monde. Cette méfiance vis-à-vis de l'altérité puise sa force dans une dialectique complexe qui est celle de l'autochtonie. L'objectif premier des articles est justement de démystifier le concept et de donner des éléments clefs pour l'appréhender.
A la lecture des textes, constat est fait d'une dichotomie dans les définitions due aux passés des nations qui permet d'établir deux axes majeurs: d'une part le cas européen, avec une histoire particulière qui l'empêche d'utiliser la définition traditionnelle de l'autochtonie. (I.) D'autre part, celui de l'Afrique où la problématique de l'autochtonie sert de terreau à la violence. (II.)
[...] De plus, une redéfinition de l'autochtonie, par rapport à la définition traditionnelle, engendre de nouvelles identités ce qui implique un renouveau au sein des Etats. Ne serait-il pas judicieux de se demander si cette nouvelle donne n'affaiblirait pas l'Etat en menaçant l'unité nationale ? Bibliographie •Droit, gouvernance et développement durable, Cahier d'anthropologie du Droit 2005. Christoph Eberhard •L'art de fonder l'autochtonie. Entre Thèbes, Athènes et le français de “souche”. Marcel Detienne. justice et les minorités : bilan des travaux sur les Autochtones et les minorités ethniques. [...]
[...] Traité de criminologie empirique au Québec : 647-776, Les Presses de l'Université de Montréal. Brassard, R. ; Felices, M. ; Jaccoud, M. (2003). [...]
[...] Avant d'aller plus loin dans l'analyse il semble judicieux de définir ce qui est entendu par autochtonie. D'après le Petit Robert, un autochtone est originaire par voie ancestrale du pays qu'il habite. Cette définition ne met cependant pas en évidence les enjeux importants que la logique de l'autochtonie révèle dans l'interaction entre une unité géographique (ou territoire) et des groupes ethniques (ou peuples). Prenons les origines mythologiques de ce concept: chez les Grecs, un autochtone désigne un enfant né spontanément de la terre. [...]
[...] Dans l'article datant de 2001 il n'est pas fait référence aux troubles politiques qui en ont résulté. En effet, la définition préalable de l'autochtonie (ivoirité) veut que l'on soit de père et de mère ivoiriens eux même nés de parents ivoiriens. Compte tenu de la jeunesse de l'Etat ivoirien c'est quelque chose de très difficile à prouver. Voire même impossible pour la population Dioula qui vient du Nord et qui techniquement avant le partage de l'Afrique aurait sans doute était considérée comme appartenant à l'ancienne Haute Volta (Burkina Faso) ou au Mali. [...]
[...] En effet, ne pas se fondre dans la masse est perçu comme une provocation infantile. En extrapolant légèrement, l'autochtone se veut ici norme suprême dont la culture et le mode de vie sert d'exemplarité auquel l'allogène doit se référer. C'est une définition qui octroie une suprématie de fait du dit autochtone sur les allogènes et qui tend à nier la culture d'autrui au profit de la culture dominante. Cet abandon vis-à-vis de son altérité devrait être effectué en public, car l'affirmation d'une autre culture n'est tolérée qu'en privé. [...]
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