La montée du fascisme, en Italie, s'explique d'abord par l'exaspération qu'a provoquée la guerre de 1914-1918 (où l'Italie s'était ralliée aux pays de la Triple Entente). Au sortir de la guerre, le pays est un régime parlementaire, dominé politiquement par la gauche. Le pays est secoué par des vagues de grèves et d'émeutes, certains socialistes s'organisent même en coopératives qui imposent aux grands propriétaires leur volonté. Organisés en « conseils » élus et en milices armées, les ouvriers tentent une expérience de gestion directe qui ne résiste pas longtemps. Ils finissent par accepter la médiation du président du Conseil Giolitti, qui fait de vagues promesses pour ramener le calme. Les locaux sont évacués et le travail reprend : l'échec de l'offensive ouvrière est total. Mais la classe dirigeante (bourgeois, hommes d'affaires, patrons…) a pris peur. Le fascisme naissant leur semble être un bon rempart contre les poussées révolutionnaires prolétariennes, aussi le soutiendront-ils.
Quelle est la nature du rejet fasciste mussolinien de la démocratie représentative ? Quelles en sont les particularités ? Comment expliquer ce rejet ? Est-ce la démocratie représentative elle-même qui, par son impuissance, a enclenché la vague fasciste en Europe ? Ou bien les coups de forces fascistes doivent-ils s'expliquer par la seule volonté de leurs meneurs (ici, Mussolini) ? Le fascisme italien est-il plus un autoritarisme ou un totalitarisme ?
Dans un premier temps, il convient d'étudier les facteurs qui ont participé à la mise en place du fascisme italien, pour souligner en quoi le fascisme est une réaction à l'inefficacité ou la perte de crédibilité de la démocratie représentative. Dans un second temps, l'étude du régime en lui-même peut montrer les spécificités du fascisme italien, et peut permettre d'aboutir à une périodisation précise où l'on voit succéder à l'autoritarisme un totalitarisme virulent semblable à celui de l'Allemagne nazie.
[...] A l'origine du fascisme italien, les crises du régime et l'idéologie mussolinienne A. Au sortir de la grande guerre, un sentiment de victoire volée La guerre a bien sûr largement endommagé la situation économique et humaine de l'Italie : elle compte morts et près d'un million de blessés. Les provinces du Nord-est ont été ravagées par les opérations militaires et l'industrie souffre de pénuries généralisées. La victoire avait donné lieu à des espérances et des revendications : espoir d'un certain poids dans la vie internationale, revendication de l'Istrie et la Dalmatie (peuplées en majorité de Slovènes), refusés par le président Wilson au nom du Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes inscrit dans la fameuse liste des 14 points. [...]
[...] Dans sa jeunesse, il milite à la gauche du Parti Socialiste Italien, et est très pacifiste ; il est directeur du quotidien socialiste Avanti ! A la fin 1914, il se convertit à l'interventionnisme, et fonde donc un nouveau journal, Il popolo d'Italia. C'est au retour de la guerre qu'il commence à développer dans son journal des thèses mêlant le nationalisme aux idées d'extrême gauche révolutionnaire. Il cherche plus à s'ouvrir un marché politique qu'à faire triompher son idéologie, pour le moins à géométrie variable. [...]
[...] L'institution d'un régime totalitaire : le fascisme italien A. Les années 20 : un régime autoritaire qui repose sur une parodie de démocratie représentative 1922-1924, le souci de la légalité : un régime autoritaire mais pas totalitaire. Une fois chef du gouvernement, Mussolini cherche à rassurer les Italiens. Il constitue un gouvernement où seuls 4 ministres sont fascistes, associés à des chefs militaires illustres (général Diaz, amiral Thaon di Revel) et à des hommes politiques de toutes tendances (sauf socialiste et communiste). [...]
[...] Mussolini se donne désormais comme ambition de forger un homme nouveau Vers 1938, l'Italie semble se diriger vers l'imitation pure et simple de l'Allemagne (application d'une législation raciale antisioniste). Cet alignement entame le consensus, et une opposition se forme à la veille de la guerre. Mussolini construit un régime guerrier, dote le pays d'infrastructures modernes, rend l'Italie largement autarcique, comme Hitler avec l'Allemagne. Le fascisme mussolinien est donc une idéologie réactionnaire largement démagogique, mélange de thèses socialistes et nationalistes (comme l'Allemagne). [...]
[...] L'Italie est secouée par de violentes crises économiques, qui provoquent des faillites d'entreprises, une large montée du chômage et des baisses de salaire, ce qui ne manque pas d'agiter le pays et de créer des tensions sociales. Dans les campagnes, la paysannerie se mobilise, et occupe les terres non cultivées à partir de 1919, d'abord dans la région de Rome, puis un peu partout. Des coopératives se créent, pour imposer aux grands propriétaires fonciers des salaires plus avantageux (la main d'œuvre est pour une large part agricole). Les centrales syndicales (telles que la CGL millions d'adhérents en 1920), stimulées par la révolution russe, multiplient les actions violentes. Des émeutes éclatent entre 1919 et 1920. C. [...]
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