Dès la fin du XIXe siècle, une contestation de la situation des musulmans est à l'origine de l'islamisme comme « une sensibilité politique et religieuse qui se voulait renouer avec le dynamisme initial des pieux ancêtres ». Face au déclin de l'Égypte et du monde musulman, l'intellectuel réformiste afghan Jamal al-Dîn al Afghani et son disciple Mohammed Abdou pensèrent l'islam comme vecteur de contestation de la politique anglaise en Orient. Postérieurement, la multiplication des lectures contradictoires du fait religieux élaboré par l'œuvre de Abdou et d'Afghani sera à l'origine du mouvement islamique, défini par Olivier Roy comme « idéologie qui veut faire de l'islam et du respect intégral de la charia un modèle politique alternatif à la démocratie », donc bien au-delà d'un simple fondamentalisme religieux. En 1989, un colloque sur l'unité arabe confédérale voulait jeter les ponts entre les deux courants, panarabe et islamique.
Mais le nationalisme arabe consiste, de façon plus large, en une réclamation de l'héritage commun au monde arabe, selon lequel tous les Arabes sont unis par une histoire, une culture et une langue commune. Comment, d'une aspiration à l'unité arabe qui ne pourra rester qu'un idéal, on assiste à une radicalisation progressive de l'islam? L'islamisme est-il l'héritier du nationalisme arabe ou un successeur d'une nature autre ?
[...] Les Frères musulmans ne sont pas dissous par le pouvoir en place et tous deux cohabitent pendant un certain temps. Mais des tensions apparaissent lorsque les Frères musulmans tentent d'instrumentaliser les Officiers libres. C'est le début du passage du stade de coopération à celui d'hostilité ouverte entre nationalisme nassérien et islamisme. Après l'assassinat de Hassan el Banna en 1949, et la tentative d'assassinat de Nasser par les Frères musulmans, Nasser tente d'éradiquer ce mouvement islamiste en les faisant emprisonner ou pendre. [...]
[...] Finalement, on peut parler d'une opposition de principe entre nationalisme et islamisme : tous deux ont pour objectif l'instauration d'un État, mais de type fondamentalement différent. L'islamisme n'accepte pas la laïcité prônée par le nationalisme. Ainsi, les deux idéologies sont en concurrence à la chute de l'Empire ottoman et durant l'ère libérale, le nationalisme prend le dessus, puis islamisme lors du déclin du nationalisme. Il semblerait donc que ces deux idéologies ne soient pas conciliables. Cependant, s'appuyant sur des bases sociales similaires et diffusant leurs idées par les mêmes moyens de communication, ces deux mouvements ont échoué indépendamment dans leur quête. [...]
[...] Il semblerait donc qu'islamisme et nationalisme puissent atteindre un but commun, ensemble. Bibliographie ABDERRAZIQ Ali, L'islam et les fondements du pouvoir CARRE Olivier, Le Nationalisme arabe Fiche de lecture de Jihad par Sarah Fathallah : Métamorphoses de l'Islam politique KEPEL Gilles, Jihad, Expansion et déclin de l'islamisme ROY Olivier, Généalogie de l'islamisme ROY Olivier, L'islam mondialisé ROUGIER Bernard, L'islamisme face au retour de l'islam Vingtième Siècle - Revue d'histoire, Presses de Sciences-Po, Avril-Juin 2004 ROY Olivier, Islamisme et nationalisme Pouvoirs 2003/1, n°104. [...]
[...] L'idéologie islamiste est très opposée au nationalisme. Elle récuse l'État nation au profit de la Oumma, et se réclame d'un modèle universel de gouvernement: on a vu régulièrement fleurir des projets de constitution d'État islamique, en théorie applicable de manière universelle quelles que soient l'histoire et les spécificités des pays en question. Ils n'entendent connaître qu'une seule communauté, celle requérant l'attachement total de l'individu musulman, c'est-à-dire la communauté musulmane. La mouvance islamiste s'affirme alors dans le contexte d'un combat mené contre le nationalisme, c'est une véritable révolution culturelle qui intervient alors que la culture nationaliste est prédominante dans la plupart des pays musulmans. [...]
[...] L'islamisme s'inscrit en réaction au nationalisme arabe dont il critique son laïcisme. Non-héritier de ce nationalisme arabe, il en est son successeur. En réalité héritier de mouvements des années 1920 qui ont vu le jour dans le même contexte culturel que le nationalisme arabe l'islamisme ne parviendra pas à prendre le pouvoir d'où une renaissance des nationalismes arabes Islamisme et nationalisme arabe cohabitent dans un premier temps, puisque dans un premier temps, ils se retrouvent dans une même lutte pour l'indépendance. [...]
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