Les récentes polémiques autour du piratage internet des biens culturels ont été l'occasion d'exposer sur la scène médiatique des questionnements relatifs aux industries culturelles et les profondes mutations qu'elles sont entrain de subir.
En effet, la rapide diffusion des technologies numériques remet en cause l'équilibre traditionnel alors en place au sein du marché de la culture. Le modèle vertical classique du top down, où les producteurs dictent la consommation culturelle, est fragilisé par une horizontalisation rampante du rapport à la culture que permet l'Internet. L'évolution se situe à la fois au niveau de la proposition de produits (n'importe quel musicien ou artiste peut présenter son travail à partir du moment où il possède une connexion Internet) et de la consommation (le piratage est en recrudescence, le coût d'achat ne constitue plus une barrière infranchissable). On peut émettre l'hypothèse que la puissance subversive de la technique modifie, sans les révolutionner, les relations de pouvoir et de dépendance entre les majors et les labels indépendants.
On entend sous le terme « majors » les grand groupes internationaux spécialisés dans le domaine culturel (cinéma, musique, édition, jeux vidéos), établis pour la plupart suite à des processus de fusion, ayant pour objet de combiner des entreprises de contenus et de contenants afin de réaliser des économies d'échelle. L'expression « label indépendant » désigne de petites structures qui ont pour tâche de débusquer de nouveaux créneaux musicaux ou artistes et de les mettre à l'épreuve du public. Ces deux acteurs entretiennent des relations d'interdépendance au sein du système de l'oligopole à frange. Les majors, situés au centre de l'oligopole, détiennent les technologies, les réseaux de distribution et une puissante logistique. Les « labels indépendants », qui constituent la frange, lancent et entretiennent de nouveaux artistes, ils assurent le renouvellement musical.
Le présent dossier consiste en un état de la littérature du phénomène de l'oligopole à frange. L'attention a été particulièrement portée sur le domaine musical. Cependant, la plupart des travaux ne se réduisant pas à ce secteur culturel spécifique, il a été décidé de recourir à un certain « braconnage » , en laissant de côté les branches de l'édition et du cinéma. Malgré tout, certaines analyses restent pertinentes pour l'étude du milieu musical et seront donc utilisées.
Cet état des lieux de la littérature nous informera de l'avancement du champ scientifique sur ce sujet, il sera mis en perspective avec le modèle de « My Major Company » . Bien que le premier objectif consiste en un recensement des différents travaux, il paraît intéressant de pointer à la fin de ce dossier les différentes limites et points de fuites grâce à l'exemple de ce label qui se dit participatif.
Dans quelles mesures la littérature de l'oligopole à frange peut elle encore aujourd'hui fournir les outils de compréhension de l'entreprise « My Major Company » ?
[...] C'est dans cette schizophrénie axiologique et positive que réside toute la difficulté de saisir et d'embrasser ce modèle avec la grille de lecture de l'oligopole à frange qui est marqué historiquement. My Major Company repose sur le modèle collaboratif. Il mise sur une insatisfaction des individus qui ne pourraient pas prendre part au processus de production et se verraient imposés d'en haut une marchandise culturelle qu'ils ne veulent pas. Ainsi, le site propose aux internautes de devenir producteur à leur tour en investissant dans un artiste et de l'accompagner dans l'enregistrement de son album, maquette, choix des singles Les fondateurs du label participatif contribuent également à la production des artistes, à hauteur euros pour chacun, contre euros pour les internautes. [...]
[...] Ces représentations économiques sont difficilement applicables au marché culturel qui comprend une grande incertitude quant à la vente des produits. Pour contourner ces risques, les entreprises de l'oligopole vont mettre en place diverses stratégies, dont la surproduction. A ce propos, Pierre-Michel Menger, explique dans son article Rationalité et incertitude de la vie d'artiste que les firmes multinationales ont les moyens financiers de lancer de nombreux produits sur le marché, pour ne se concentrer que sur ceux bénéficiant d'une affection du public, ne laissant aucune chance à ceux réclamant une certaine installation dans la durée. [...]
[...] En France, les labels indépendants s'appuient sur des réseaux informels qui leur permettent d'être présents au sein de radios libres ou à des festivals comme le Printemps de Bourges Il semble intéressant de noter que la reconnaissance nationale des artistes issus de ces labels indépendants n'est pas sans causer un paradoxe. Limites à la résistance. Paradoxalement, la réussite des labels indépendants entraîne souvent leur déclin. En effet, comme le rappelle Keith Negus dans l'ouvrage précité, le succès d'un artiste l'incite à renégocier son contrat avec son producteur et renouvelle les rapports entre le label et les majors. Par exemple, suite au succès du groupe Bérurier Noir l'entreprise Bondage change de statut afin de les assister plus confortablement. [...]
[...] On entend sous le terme majors les grand groupes internationaux spécialisés dans le domaine culturel (cinéma, musique, édition, jeux vidéo), établis pour la plupart suite à des processus de fusion, ayant pour objet de combiner des entreprises de contenus et de contenants afin de réaliser des économies d'échelle. L'expression label indépendant désigne de petites structures qui ont pour tâche de débusquer de nouveaux créneaux musicaux ou artistes et de les mettre à l'épreuve du public. Ces deux acteurs entretiennent des relations d'interdépendance au sein du système de l'oligopole à frange. Les majors, situés au centre de l'oligopole, détiennent les technologies, les réseaux de distribution et une puissante logistique. [...]
[...] Cet état des lieux de la littérature nous informera de l'avancement du champ scientifique sur ce sujet, il sera mis en perspective avec le modèle de My Major Company Bien que le premier objectif consiste en un recensement des différents travaux, il paraît intéressant de pointer à la fin de ce dossier les différentes limites et points de fuite grâce à l'exemple de ce label qui se dit participatif. Dans quelles mesures la littérature de l'oligopole à frange peut-elle encore aujourd'hui fournir les outils de compréhension de l'entreprise My Major Company ? Dans une première partie, nous analyserons le modèle général de l'oligopole à frange pour ensuite le mettre en perspective dans une dimension historique. Nous observerons également que les pratiques des majors dictent par leurs pratiques les logiques capitalistes à l'œuvre. [...]
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