L'approche intergouvernementaliste classique de l'intégration européenne incarnée par Stanley Hoffmann est établie en opposition aux théories néo-fonctionnalistes et est considérée comme un dérivé de l'analyse réaliste car elle postule que les relations internationales sont dominées par des stratégies rationnelles menées par les Etats visant à maximiser leur puissance et leur sécurité dans un environnement international conflictuel et anarchique. L'intégration européenne est analysée comme le fruit d'un processus stratégique de coopération entre les Etats. Les Etats agissent en acteurs principaux tandis que les institutions européennes n'agissent qu'en agent. Andrew Moravcsik a franchi une étape importante en formalisant l'approche libérale en un paradigme susceptible de rivaliser avec le réalisme et l'institutionnalisme. Selon son analyse,
« l'approche libérale de la théorie des relations internationales fait naître l'idée que les relations entre l'Etat et la société civile ont une influence déterminante sur son comportement et plus généralement sur les relations internationales ». Sa proposition centrale est que « les idées, intérêts et institutions sociétales influencent le comportement étatique parce qu'ils façonnent les préférences, c'est-à-dire les objectifs fondamentaux de la société qui sous-tendent les calculs stratégiques des gouvernements ». Pour lui, une fois les préférences étatiques constituées, elles sont à la base du calcul rationnel, maximisant l'utilité des dirigeants et donc du comportement de leurs gouvernements dans les affaires internationales.
L'analyse de Moravcsik s'est tout particulièrement intéressée à la construction européenne.
Nous nous demanderons dans quelle mesure sa théorie appelée « intergouvernementalisme libéral » rend compte de la dynamique intégrative
européenne.
Dans un premier temps nous présenterons les principaux postulats de l'universitaire américain avant de mesure les limites dans la perspective de la construction européenne.
[...] Pour tester cette hypothèse, Moravcsik examine les ressorts de la construction européenne à travers cinq moments clés : la création du Marché commun à la fin des années 1950 ; la consolidation du Marché commun et la création de la Politique Agricole Commune dans les années 1960 ; l'échec des tentatives d'intégration monétaire dans les année 1970 (période qu'il appelle Eurosclerosis ; la négociation de l'Acte Unique Européen et le traité de Maastricht. En bâtissant son explication de la construction européenne, Moravcsik distingue trois niveaux d'analyse en matière de processus décisionnel. [...]
[...] Ce schéma néglige cependant le mouvement de transnationalisation des acteurs sociaux qui, de plus en plus, projettent leurs intérêts dans l'espace politique extra-étatique sans avoir recours à la médiation des Etats. Je pense particulièrement aux lobbys européens agricoles ou industriels qui dédoublent leurs actions à l'échelle européenne et qui ont des logiques propres par-dessus la tête des Etats. En outre la conception qu'a Moravcsik des préférences nationales est essentiellement positiviste. Par conséquent, elle ne tient absolument pas en compte des dimensions idéologiques et historiques qui sont rattachées à tout processus de formation d'une demande sociale ou d'un intérêt. [...]
[...] Selon son analyse, l'approche libérale de la théorie des relations internationales fait naître l'idée que les relations entre l'Etat et la société civile ont une influence déterminante sur son comportement et plus généralement sur les relations internationales Sa proposition centrale est que les idées, intérêts et institutions sociétales influencent le comportement étatique parce qu'ils façonnent les préférences, c'est-à-dire les objectifs fondamentaux de la société qui sous-tendent les calculs stratégiques des gouvernements Pour lui, une fois les préférences étatiques constituées, elles sont à la base du calcul rationnel, maximisant l'utilité des dirigeants et donc du comportement de leurs gouvernements dans les affaires internationales. L'analyse de Moravcsik s'est tout particulièrement intéressée à la construction européenne. Nous nous demanderons dans quelle mesure sa théorie appelée intergouvernementalisme libéral rend compte de la dynamique intégrative européenne. [...]
[...] La position française à l'égard de la PAC peut être vue sous cet angle : le groupe sociétal agriculteur a réussi à faire prévaloir ses intérêts et ses valeurs, l'Etat n'est qu'un relais de leurs revendications. Le concept de bargaining est aussi désigné par Putnam double-edged double tranchant. Cela exprime l'idée que le gouvernement qui négocie sur la scène internationale est soumis à une double pression : la pression des groupes sociétaux internes qui luttent pour faire triompher leurs vues ; et la pression des autres partenaires étatiques qui défendent leurs positions nationales. Putnam et Moravcsik introduise également l'idée que le gouvernement poursuit son propre intérêt, autonome par rapport aux exigences internes. [...]
[...] L'intergouvernementalisme libéral rendil compte de façon satisfaisante du processus d'intégration européenne ? Jean-Baptiste Buffet L'intergouvernementalisme libéral rend-il compte de façon satisfaisante du processus d'intégration européenne ? Dans quelle mesure la théorie construite par Moravcsik permet-elle de comprendre les dynamiques de l'intégration européenne ? ILes fondements de l'intergouvernementalisme libéral : un réalisme dérivé et des postulats libéraux qui permettent de rendre compte de certains mécanismes de l'intégration européenne Le concept de bargaining La théorie libérale de la formation des préférences nationales Une étude de cas : The Choice for Europe de Moravscik IIUne conception restrictive de l'Etat et une sous estimation des dynamiques communautaires et de l'action des groupes sociétaux Les limites produites par la confusion Etat-gouvernement Les critiques de la dimension libérale de l'analyse de Moravcsik Les limites empiriques et méthodologiques Bibliographie Dario Battistella, Théorie des Relations internationales, Presse de Sciences Po Marie-Claude Smouts, Les Nouvelles Relations Internationales, Chapitre 4 Comment penser l'Union européenne ? [...]
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