La fonction intellectuelle existe bien avant que le mot ne voie le jour. Toutes les sociétés, selon Raymond Aron, ont eu leurs scribes, leurs lettrés, leurs experts ou leurs artistes. De plus, les hommes d'Eglise animèrent aussi pendant longtemps la vie intellectuelle. Jacques Le Goff souligne dans Les intellectuels au Moyen Âge le rôle des clercs, dont « le métier était de penser et d'enseigner leur pensée ». Les héritiers des humanistes de la Renaissance et les philosophes des Lumières apparaissent ensuite avec la naissance d'une culture critique et d'une conscience publique. Le terme n'existe pas encore, et l'on parle au XVIIème comme au XVIIIème siècle d' « homme de lettre ». Voltaire défend ainsi Calas ou le chevalier de La Barre. Par le biais de l'opinion, il espère jouer un rôle politique. Sous la Restauration, le groupe des « Doctrinaires », réunit autour de Royer-Collard et Guizot, intervient dans la vie politique. Plus tard George Sand défendra la cause du peuple et Hugo s'opposera au coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte et incarne dans son exil la République face à l'Empire.
[...] Deux de ses prises de paroles resteront symboliques pendant les évènements de Mai. Le 20 mai 1968, il retrouve les étudiants dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, et le 21 octobre 1970, il est devant l'entrée de l'usine Renault de Billancourt, à l'occasion du procès du gauchiste Alain Geismar. Les manifestes pleuvent, et la thématique des manifestations de rue, pétitions, conférences de presse se fait de plus en plus fréquente, et distingue les intellectuels tribunitiens de l'époque. Les méthodes et les objectifs sont radicalisés (fondation de Secours Rouge / Sartre, organisation d'entraide et d'intervention rapide en milieu ouvrier). [...]
[...] Les recherches durèrent de mai à septembre 1896, et ce qu'il faut affirmer bien haut, c'est que le général Gonse était convaincu de la culpabilité d'Esterhazy, c'est que le général de Boisdeffre et le général Billot ne mettaient pas en doute que le fameux bordereau fût de l'écriture d'Esterhazy. L'enquête du lieutenant-colonel Picquart avait abouti à cette constatation certaine. Mais l'émoi était grand, car la condamnation d'Esterhazy entraînait inévitablement la révision du procès Dreyfus ; et c'était ce que l'état-major ne voulait à aucun prix. Il dut y avoir là une minute psychologique pleine d'angoisse. Remarquez que le général Billot n'était compromis dans rien, il arrivait tout frais, il pouvait faire la vérité. [...]
[...] Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l'état- major soit coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par des communications, par des influences, n'ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde fois Dreyfus. Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que les appelle le général Billot lui-même ! Où est-il, le ministère vraiment fort et d'un patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler ? [...]
[...] Il se cristallise généralement à la suite d'une initiative officielle américaine ou française. On ne saurait malgré tout parler de mouvements concurrents Un cas limite à cet égard est fourni par l'association Paix et Liberté créée en 1950, grâce à qui les premières productions de contre-propagande apparaissent (une colombe de Picasso qui fait boum Mais ce n'est qu'une officine, jusqu'à sa disparition en 1956 : pas d'adhérents, pas de nom de dirigeant connu, un financement opaque provenant de fonds privés et de fonds secrets du gouvernement français. [...]
[...] Certains intellectuels rallient le régime en 1940, comme Marcel Déat, Jacques Benoit Méchin qui se définira lui-même, lors de son procès comme homme de lettres ou encore Philippe Henriot. Mais il faut alors distinguer ceux qui, pleinement conservateurs, se réjouissent d'un certain mouvement de restauration nationale, tout en se méfiant de la domination allemande sur le pays, et ceux qui pleinement convaincus par l'idéologie nazie, ou tout du moins fasciste, se réjouissent de la naissance d'un nouvel ordre européen (la collaboration pleine et profonde avec l'Allemagne reste pendant longtemps quelque chose de rare). [...]
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