Cette semaine s'ouvre, en France, un débat sur « l'identité nationale », thème phare de la campagne présidentielle de N. Sarkozy. Sous la direction d'E. Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, cette initiative a pour vocation d'engager la réflexion sur un thème, si ce n'est tabou, pour le moins douloureux : la cohésion sociale, et dans une certaine mesure, la gestion de l'immigration et de l'intégration des étrangers. Par ailleurs, l'objectif peut-être moins avoué d'un tel projet, outre son aspect philosophique et sociologique, pourrait être de rassurer une population inquiète de la récurrence de troubles sociaux parfois polémiques et souvent géographiquement ciblés.
Ce projet de débat national, réunissant élus et magistrats, s'inscrit ainsi dans la continuité d'une démarche entreprise avec la création du dit ministère, démarche d'ailleurs largement bousculée par une partie de l'opinion publique pour qui cette stigmatisation affecte d'autant plus les populations concernées qu'elle révèle un nationalisme incompatible avec l'hétérogénéité de notre pays. Quelles sont les réalités de la socialisation des immigrés dans le pays d'accueil ? Quel degré de conformité doit-on exiger de l'immigré ? Quel est ce « noyau dur » qui fait que la France est ce qu'elle est ? Comment encadrer ce processus de socialisation à l'échelle individuelle et collective ?
[...] . Il faut, tout d'abord, préciser la difficulté d'établir un diagnostic de la situation des immigrés en France, d'une part à cause de l'absence de données officielles (refus de statistiques ethniques) et d'autre part à cause de la difficulté de déterminer un cadre d'enquête : sur qui doit porter l'enquête? Doit-on inclure les réfugiés statutaires, politiques? Que doit-on prendre comme groupe de référence? À partir de quels critères? La culture? La religion? La musique? [...]
[...] L'assimilation s'inscrivait dans cette démarche de nivellement des individus, rejetant à la sphère privée les particularismes individuels. Cependant, cette volonté d'universalisme, par définition opposée au différentialisme des États-Unis ou bien encore de l'Angleterre, semble paradoxale et contraire aux idées révolutionnaires. Face au désir de niveler la population pour en faire des citoyens égaux devant la loi, les droits individuels, pourtant clamés haut et fort, ne sont plus en mesure de s'exprimer. Les individus immigrés se retrouvent ainsi déchirés entre la nécessité de se socialiser, c'est-à-dire d'intérioriser les valeurs chères à l'État d'accueil, et le droit de conserver et d'affirmer leurs particularismes ethniques, culturels et religieux, au risque de se retrouver marginalisés. [...]
[...] Mais si l'intégration juridique est indispensable, celle-ci n'est efficace que complétée d'une intégration sociale, condition sine qua non du bien-être des immigrés dans le pays d'accueil. À partir de ce moment, l'intégration des familles et surtout des enfants devient un objectif politique primordial. L'école est le lieu le plus important dans le processus de socialisation de l'enfant : c'est dans ce cadre qu'il acquiert les valeurs de son -nouveau- pays. L'école de la République chère aux Jacobins et illustrée par les Hussards noirs de la République, inculque les valeurs républicaines comme la laïcité, la démocratie, l'égalité, la liberté, etc. [...]
[...] nous dit Ernest Renan, une nation est une grande solidarité [ . ] Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait intangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune La nation ne se réduit pas au partage d'une langue, d'une religion, d'une histoire commune, mais relèverait plutôt d'un plébiscite de tous les jours de la part de ses membres dans le dessein de poursuivre l'écriture de l'histoire ensemble. [...]
[...] WEIL, Patrick, La France et ses étrangers, Gallimard 579p. Council of Europe, Les mesures et indicateurs d'intégration, Relations intercommunautaires, Édition du Conseil d'Europe 205p. DUPUIS, Jean-Claude, GAY, Claudine, Le management de la diversité, dans Alternatives économiques nº281 de juin 2009, p.68-69 GIGNAC, Jean-Luc, Sur le multiculturalisme et la politique de la différence identitaire : Taylor, Walzer, Kymlicka dans Politiques et sociétés, vol.16, p.31-65. Accessible à l'adresse suivante : http://id.erudit.org/iderudit/040066ar (consulté le 30/10/09) Site France Television, Intégration et diversité, P.A.P.I (Plan d'Action positive pour l'Intégration). [...]
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