Dans son ouvrage, Bernard Manin constate que le gouvernement représentatif actuel tend vers une « démocratie du public » caractérisée principalement par l'apparition des technologies et médias de masse (radios, télévisions), et également de la technique du sondage. Ces deux phénomènes ont « redéfini » la notion d'opinion publique : les sondages, aidés par la diffusion dans les médias de masse, ont réussi à « transformer la notion d'opinion publique de concept ambigu en construit mesurable ».
Ainsi, les médias et les hommes politiques n'hésitent plus à la personnaliser : « l'opinion publique approuve » « désapprouve » « est mécontente » « attend plus », etc. ! Pourtant, les études sociologiques comme l'article de Loïc Blondiaux démontrent bien que l'opinion publique reste un concept non définissable.
Dès lors, alors que la démocratie du public tourne en majeure partie autour de l'opinion publique, n'y a-t-il pas dans l'assimilation de la mesure effectuée par le sondage à cette notion, une absurdité, voire un danger ? Quant aux médias, de quel œil doit-on voir leur emprise relative sur la société ?
[...] Les majorités silencieuses ne doivent certes pas être instrumentalisées, mais elles existent dans une certaine mesure. Par exemple, courant mai 1968, on aurait pu croire qu'il y avait un consensus autour des manifestations étudiantes et ouvrières. Pourtant De Gaulle obtient par la suite une majorité écrasante au Parlement. L'utilisation de la mesure des sondages par les hommes politiques fait apparaitre un autre problème : la mesurabilité de ce qui est qualifié d'opinion publique implique que de nombreux politiciens tentent de la satisfaire (sans en voir les conséquences sur le long terme par exemple). [...]
[...] Mais vaut-il mieux s'engager politiquement sans avoir conscience de la cause ou alors se désengager en connaissance de cause ? Quant à l'utilisation des sondages, elle apparaît à certains égards dangereuse pour l'intérêt général. Pourtant, la quasi-totalité des médias et hommes politiques les utilise. Est-ce une réalité irréversible? Doit-on militer pour la fin des sondages, ou pour leur changement (utilisation de questions ouvertes par exemple)? Les sondages constituent une problématique très complexe dont la solution immédiate et objective apparaît difficile à trouver . [...]
[...] Enfin, sur les élections, on peut regretter la domination des personnalités sur les programmes (constatée par la personnalisation du choix électoral), mais de toute évidence, cela ne change pas par rapport aux anciennes formes du gouvernement représentatif. La différence de politisation des gouvernés et leur rapport inégal aux programmes politiques reste une constante dans l'histoire du gouvernement représentatif (dans la démocratie de partis, il y a prédominance non pas d'une personnalité, mais d'un parti sur le programme). L'instabilité électorale, quant à elle, prouve une certaine réflexion en fonction des enjeux de chaque élection. [...]
[...] Ce n'est plus l'électeur qui vote machinalement pour son parti d'origine comme c'est le cas dans la démocratie de partis. Par contre, l'abstention croissante et le désengagement militant progressif laissent entrevoir un étrange constat : les individus, de plus en plus conscients des problèmes politiques sont néanmoins de plus en plus étrangers à l'activité politique. Est-ce un paradoxe ? En prenant en compte la crise de la représentation qui touche notre société, on pourrait se demander si ce désintéressement serait lié à la constatation (possible grâce à la médiatisation) des différences entre le peuple et les gouvernants. [...]
[...] Que vous inspire l'évolution du gouvernement représentatif vers une démocratie du public ? Dans son ouvrage, Bernard Manin constate que le gouvernement représentatif actuel tend vers une démocratie du public caractérisée principalement par l'apparition des technologies et médias de masse (radios, télévisions), et également de la technique du sondage. Ces deux phénomènes ont redéfini la notion d'opinion publique : les sondages, aidés par la diffusion dans les médias de masse, ont réussi à transformer la notion d'opinion publique de concept ambigu en construit mesurable (Blondiaux, La Fabrique de l'opinion). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture