L'insécurité est une notion beaucoup plus française qu'internationale, sur le plan de sa conception initiale. Le terme est assez général, cela signifiait un sentiment d'instabilité générale, donc un rapport avec une incertitude désagréable. C'est une notion qui peut être individuelle ou collective. Aujourd'hui, l'insécurité est spécifique, il y a un rapport étroit avec la délinquance. D'où viennent ces changements, on va d'une compréhension générale de l'insécurité à un rapport à la délinquance. Dans le contexte médiatique de la politique, la pression monte pour qu'émerge un débat sur cette peur de la délinquance généralisée. C'est une nouveauté historique, les gens ont peur du crime depuis les années 70, 80. C'est un débat international dominé par l'hégémonie anglo-saxonne (Law and order). Nous sommes dans des sociétés très libérales (Grande-Bretagne, USA) ou les gens sont censés contrôler leurs comportements individuels. La notion de la loi, du droit, joue un rôle différent dans la société de la Grande-Bretagne, aux USA, que chez nous. Là-bas, la loi est un outil de coexistence. Dans les sociétés européennes, cela n'a rien à voir, la loi est un produit de l'état, pas quelque chose qui est géré au niveau individuel pour coexister de façon efficace. L'insécurité est une notion profondément politique. Contrairement au débat anglo-saxon, la société européenne pense que la déviance concerne l'état. Le pouvoir est central, dans l'état et dans le système politique, pas dans la société française, pas dans la société française par exemple. Donc tout acte de déviance met en question l'autorité de l'Etat.
[...] La condition sociale influence la perception de la délinquance. Plus particulièrement, il faut faire le tri entre la délinquance qui fait peur et celle qui ne fait pas peur. Etre exposé à un environnement social qui ne soutient pas notre existence individuelle accentue la peur que nous avons concernant notre propre victimisation. Il y a une discussion sur le plan international qui s'appelle la société du risque, c'est une théorie sociologique. Cette théorie suppose que le fait que nous avons à faire des risques de hautes conséquences (nucléaires, réchauffement climatique) contribue à la formation d'une conscience réflexive dans la société post-industrielle. [...]
[...] Donc, s'il y a toujours des infractions, c'est qu'on n'a pas trouvé le bon moyen de les arrêter. Ce type de critiques souffre aussi de son rapport avec le savoir, elles veulent tout réduire au sens commun. Ce qui marcherait, c'est de pouvoir protéger les victimes potentielles, donc, on réduirait les infractions. Tous ces aspects, ces attitudes font appel à une gestion efficace. Cette gestion efficace est une demande pour l'anticipation. Problème intéressant : comment peut-on anticiper dans le domaine de la sanction pénale ? [...]
[...] Les cultures prescriptives sont des sociétés qui prescrivent à leurs membres les limites du comportement. Ce n'est pas le cas actuellement, en France. On n'agit plus par rapport à la déviance de façon collective. On se dit que les autres interviendront à notre place, qu'on n'a pas besoin de le faire. D'où le comportement des gens qui observent le délit mais qui ne font rien. La présomption du manque d'implication sociale dans la déviance entraine le sentiment d'insécurité. On ne dit pas quartier pauvre mais quartier difficile. [...]
[...] C'est une nouveauté historique (portable, train, lave-vaisselle, fiabilité des matériaux qui fonctionnent où sont à l'heure). On tient à ces choses pour organiser notre performance organisationnelle qui est forte. Cette performance soutient notre individualisation. Nous pouvons faire appel à des choix individuels pour construire notre vie et ces choix se trouvent dans les supermarchés de la performance organisationnelle (communication, mobilité, diététique, environnement spécifique d'illusion comme le cinéma, les clubs, la drogue, l'érotisme Nos choix sont basés sur la disponibilité des modules de performance organisationnelle, on peut alors être très indépendant. [...]
[...] Par exemple, il fut un temps pas si lointain que le gentil prêtre du coin n'était pas considéré comme un probable pédophile. Mais l'exposition à une probabilité basse peut généraliser la peur de cette probabilité et donc projeter sur tous les membres de la société une peur alors qu'ils étaient avant à l'abri. Il ne faudrait pas pour autant diaboliser la fonction des médias, ils ne représentent pas la réalité sociale. Il n'y a pas de média qui montre la régularité de la vie sociale, ça n'intéresse personne le train-train quotidien. [...]
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