Toute société, pour assurer son maintien, prévoit un pouvoir décisionnel qui peut être assuré par diverses autorités ou prendre plusieurs formes. Le but de ce pouvoir décisionnel est d'assurer l'application des décisions collectives et pour se faire, il doit se doter d'un pouvoir de contrainte sur les individus. C'est la dimension concrète, politique, de l'espace dans lequel vit tout être humain. Parallèlement, l'homme a toujours vu dans le monde dans lequel il vit une dimension surnaturelle, transcendantale qui est la source de toute croyance religieuse.
Il est important de distinguer les différentes notions qui entrent dans la thématique du rapport entre politique et religion. Le politique, d'abord, est un concept inspiré de la philosophie de Platon et qui suggère l'essence même de la vie en société. On s'intéresse ici à la gestion de la Cité comme modèle, à la prise en compte de l'intérêt général qui domine tous les intérêts particuliers. La politique, quant à elle, vise le déroulement et les méthodes du processus décisionnel (elle prend en charge les élections, les partis politiques, les politiques particulières...). Dans ce cas c'est l'intérêt individuel qui est considéré. Le sacré, quant à lui, trouve ses origines en tant que manifestation du politique et revêt plusieurs formes: la foi, la religion et l'Eglise. La première peut se définir comme le fait de croire en une force supérieure, l'adhésion de l'esprit. Elle se traduit par la religion, expression culturelle et institutionnelle de la foi, phénomène rituel. Cette religion donne naissance à une Eglise, communauté d'adeptes d'une même croyance.
Politique et religion sont des concepts fortement liés au monde occidental. La notion de politique, par sa racine grecque politikos (la Cité) et l'influence de Platon. Celle de religion, émergeant sous l'Empire romain, par opposition avec la Cité.
Les relations entre politique et religion sont une constante dans l'histoire. Les grandes religions du monde sont à la fois le fondement et le reflet des valeurs auxquelles se réfèrent les sociétés dont elles sont un élément indissociable. À travers les époques, l'influence des religions s'est toujours fait sentir sur les codes moraux, sociaux et politiques des Etats, et cela reste vrai de nos jours dans de nombreux pays. Cependant, la multiplication des Etats laïques a parfois créé des tensions entre autorités religieuses et laïques. Ces tensions s'expliquent par le fait que les intérêts de l'Eglise et de l'Etat sont par nature différents. Mais les problèmes auxquels sont confrontés les Etats modernes soulèvent souvent des problèmes éthiques très voisins des préoccupations essentielles des religions. Doit-on, par exemple, interdire la guerre en général ou une guerre en particulier, le divorce, l'avortement, les manipulations génétiques...?
Une double question est alors à étudier. D'une part, comment, alors que les sociétés modernes ont affirmé un ensemble de principes nouveaux et consacré la sphère politique, les religions continuent-elles d'adhérer à leurs anciennes valeurs et tentent-elles de les faire entendre? D'autre part, de quelle manière le politique instrumentalise-t-il le fait religieux pour assurer à la fois ses intérêts et ceux des Eglises?
Les relations entre sphères politique et religieuse sont ambiguës. Elles s'opposent parfois, se rejoignent souvent, se rejettent et se recherchent. Les rapports qu'elles entretiennent sont autant emprunts du désir d'affirmer leurs divergences que de celui de faire converger leurs intérêts (I). Cette situation est d'autant plus aléatoire que politique et religion ont des armes, parfois inégales, pour faire entendre leur voix: si l'Etat est possesseur du pouvoir dominant légitime, l'Eglise dispose d'instruments pour s'ingérer dans les affaires politiques (II).
[...] Cette relative fusion entre politique et religion pose néanmoins quelques problèmes. Selon Elliott Abrams, les Etats-Unis sont passés d'une neutralité gouvernementale entre les religions à une société ou la religion ne joue pas de rôle public[15]. Ce passage de la séparation entre Eglise et Etat à la séparation entre société et religion s'expliquerait par une peur de la christianisation de la vie publique, de répudiation de l'influence de l'Eglise catholique, de promotion de l'individualisme. L'islam, quant à lui, est plutôt réfractaire à la laïcisation et à la séparation de l'Etat et de l'Eglise. [...]
[...] Roy, L'Echec de l'Islam politique, Seuil, Paris D.L. Seiler, Les Partis politiques en Occident, Ellipses, Paris M. Weber, Economie et société, Plon, Paris M. Weber, Société des religions, Gallimard, Paris Sites Internet www.cc.org www.jstor.org www.voxdei.org Wikipedia, article AIPAC Wikipedia, article Conseil français du culte musulman Wikipedia, article Christian coalition Journaux et articles J. Algazy, En Israël, l'irrésistible ascension des ''hommes en noir'' in Le Monde diplomatique, février 1998 J. Coubard, Des pressions politiques très ciblées in L'Humanité février 2005 S. [...]
[...] L'ingérence du religieux dans le politique: formes, dangers, limites Introduction Toute société, pour assurer son maintien, prévoit un pouvoir décisionnel qui peut être assuré par diverses autorités ou prendre plusieurs formes. Le but de ce pouvoir décisionnel est d'assurer l'application des décisions collectives et pour se faire, il doit se doter d'un pouvoir de contrainte sur les individus. C'est la dimension concrète, politique, de l'espace dans lequel vit tout être humain. Parallèlement, l'homme a toujours vu dans le monde dans lequel il vit une dimension surnaturelle, transcendantale qui est la source de toute croyance religieuse. [...]
[...] En fait, les partis démocrates-chrétiens sont surtout apparus après la Seconde Guerre mondiale par opposition aux compromis du Vatican avec le nazisme, au peu d'implication de la majorité de la droite affichant son christianisme, aux idéologies fascistes et nazies et à la concurrence des partis socialistes et communistes. Le but était de rassembler les citoyens sous la bannière d'un christianisme vertueux et d'une démocratie pluraliste. Tous ces partis ont participé aux gouvernements d'après-guerre en Europe occidentale. D'ailleurs, la majorité de ces partis continuent à jouer un rôle déterminant dans la politique de leur pays. En Allemagne, par exemple, le gouvernement accepte l'intégration de l'Eglise dans la sphère politique. Le centrum a longtemps été l'instrument politique de l'Eglise. [...]
[...] Aux Etats-Unis, les groupes de pression religieux sont très présents dans la vie politique, plaçant même certains de leurs représentants ou de leurs proches à des postes très importants. Les lobbies religieux les plus influents semblent être les groupes protestants, voire évangélistes. Les deux groupes dominants sont le focus on the family de James Dobson, prônant surtout les valeurs chrétiennes de la famille et qui aujourd'hui semble avoir détrôné la néanmoins très influente Christian coalition of America. Celle-ci est un groupe de pression politique chrétien qui réunit à la fois des fondamentalistes, des évangélistes, des catholiques romains et des membres des Eglises protestantes des courants dominants. [...]
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