Les individus font-ils désormais l'histoire ? Depuis la défaite symbolique qu'a constitué pour le marxisme la chute de l'URSS, le matérialisme historique est tombé en désuétude. La pensée dominante a disqualifié l'idée selon laquelle c'est l'histoire qui fait les individus en non l'inverse. Et de fait, la mondialisation ne permet-elle pas aux individus de « faire l'histoire »? Dans un système international où les Etats sont de plus en plus concurrencés par d'autres acteurs (firmes multinationales, organisations non gouvernementales, médias, églises, etc.), l'individu n'est-il pas en passe de devenir un acteur prééminent de l'espace mondial ? Les individus dont il s'agit ici ne sont pas ceux qui composent les Etats, les FMN ou les ONG mais les individus en tant qu'individus. Ont-ils acquis un poids significatif dans les relations internationales ? Migrants, touristes, consommateurs, téléspectateurs sont autant de figures de l'individu qui semblent jouer un rôle croissant dans la marche du monde contemporain.
Avec la mondialisation, l'individu a-t-il acquis le statut d'acteur à part entière de l'espace mondial ?
[...] Ce qui compte ici, c'est l'affirmation des individus, non en tant que citoyens loyaux à leur État (on a vu des Français manifester en faveur de la guerre et des états-uniens militer contre), mais en tant qu'individus porteurs d'une opinion propre et décidée à la défendre sur la scène internationale. Cette volonté d'influence ne s'exerce pas uniquement envers les États, mais aussi envers les FMN, acteurs comparables à certains États par leur poids économique. C'est alors en tant que consommateur que l'individu devient un acteur de l'espace mondial. [...]
[...] C'est toujours par l'intermédiaire d'organisations que les individus ont le plus de pouvoir. Par ailleurs, il faut noter le fait que, dans la distinction que nous avons faite entre acteurs passifs et actifs, les premiers (migrants) viennent souvent des pays du Sud, tandis que les seconds (consommateurs et téléspectateurs éclairés) viennent plutôt des pays du Nord. Preuve, s'il en était besoin, que tous les individus ne sont pas égaux dans l'espace mondial. Bibliographie indicative L'espace mondial : fractures ou interdépendances ? [...]
[...] Là aussi, il faut pointer les limites. La plupart du temps, la RSE constitue davantage une stratégie de communication qu'un réel changement en profondeur. La pression des consommateurs peut avoir une incidence à la marge, mais rarement infléchir une décision. On n'a jamais vu de FMN contrainte par l'opinion publique à renoncer à fermer un site ou à en ouvrir un dans un pays qui ne respecte pas les droits humains (comme Total en Birmanie). Par ailleurs, on sait que les mouvements de boycott, quand ils sont suivis, ne durent jamais très longtemps. [...]
[...] L'individu dans l'espace mondial Les individus font-ils désormais l'histoire ? Depuis la défaite symbolique qu'a constituée pour le marxisme la chute de l'URSS, le matérialisme historique est tombé en désuétude. La pensée dominante a disqualifié l'idée selon laquelle c'est l'histoire qui fait les individus en non l'inverse. Et de fait, la mondialisation ne permet-elle pas aux individus de faire l'histoire Dans un système international où les États sont de plus en plus concurrencés par d'autres acteurs (firmes multinationales, organisations non gouvernementales, médias, églises, etc.), l'individu n'est-il pas en passe de devenir un acteur prééminent de l'espace mondial ? [...]
[...] Tous ont leur place dans notre réflexion sur l'individu dans l'espace mondial. Étant donné la difficulté qu'il y a à essayer de mesurer le poids de tel ou tel (f)acteur dans un événement, nous tâcherons de conduire cette réflexion avec le plus d'humilité et de précaution possible. La fin du XXe siècle a vu le triomphe de l'individu. Certes, l'Occident n'a pas attendu la fin des idéologies pour développer des modes de vie et de pensée individualistes, mais la défaite officielle du marxisme a fait de l'individu un objet d'étude privilégié des sciences sociales. [...]
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