Se proposer d'étudier l'imposition historique du suffrage universel en France, c'est d'abord déconstruire une évidence. On conçoit aujourd'hui en effet le vote comme un geste simple, comme allant de soi. La question d'« un homme, une voix », qui nous paraît une évidence, fait pourtant l'objet d'intenses débats philosophiques tout au long du XIXe siècle. L'idée même du suffrage féminin est à analyser dans une perspective historique, puisqu'il n'est accordé aux femmes qu'en 1944.
Il reste qu'il y a un problème de chronologie : quand commencer l'histoire du suffrage universel ? L'imposition de ce suffrage correspond plus à un tâtonnement qu'à une évolution linéaire. On ne peut donc se passer d'une réflexion sur l'émergence de l'idée de suffrage universel.
[...] On retrouve en effet un suffrage censitaire fort avec la Constitution de l'An III. Dans ce système, le droit de vote est subordonné à l'inscription sur le registre des contributions directes. La Constitution de l'an VIII constitue un système électoral fondé sur la méfiance à l'égard de l'électorat. Les électeurs n'élisent pas leurs représentants mais désignent des listes de confiance sur lesquelles le gouvernement et le Sénat choisissent ceux qui sont nommés représentants. Le terme de suffrage universel fait son apparition à cette occasion. [...]
[...] En effet, elle reste toujours délimitée par l'appartenance à la citoyenneté nationale. La question du vote des étrangers aux élections locales est le signe qu'elle reste toujours à approfondir. Bibliographie GARRIGOU Alain, Histoire sociale du suffrage universel en France 1848-2000, Paris, Seuil 366p HUARD Raymond, Le suffrage universel en France 1848-1946, Paris, Aubier 493p. OFFERLE Michel, Le vote comme énigme et comme évidence Genèses volume 12, pp. 131-151. OFFERLE Michel, Histoire du suffrage universel, Paris, Gallimard 160p. ROSANVALLON Pierre, Le sacre du citoyen. [...]
[...] Il y' a égalité mais on ne doit pas la comprendre comme la négation absolue de toute séparation. B. Un ordre capacitaire : l'idée d'un suffrage fonction On l'a vu, s'opère un mouvement vers l'égalité très fort pendant la Révolution française. Ce mouvement conduit à ne plus faire accepter que des distinctions comme purement naturelles. Mais cette conception universaliste de la société se heurte tout de même à de fortes barrières mentales, toute une partie du peuple paraissant en effet difficilement intégrable dans ce corps de citoyens égaux. [...]
[...] L'avènement progressif du suffrage universel à partir de 1848 A. La proclamation du suffrage universel masculin le 5 mars 1848 Cette proclamation du suffrage le 5 mars 1848 fait suite à tout un mouvement qui prend naissance dans les années 1840 et qui va progressivement demander un abaissement du cens électoral et l'élargissement des électeurs. En mars 1848, le suffrage universel s'impose sans difficulté. La question de l'opportunité du vote des domestiques et des militaires est très rapidement balayée, dans l'enthousiasme général. [...]
[...] Il voit la populace comme une espèce de gros animal, privé d'yeux, d'oreilles, de goût et de sentiment, qui n'existe que par le tact, et qu'on ne conduit que par ce cinquième sens Il y'a donc un véritable fossé entre les élites et le peuple, dans la perception qu'ils en ont. Pour qu'il y'ait passage de cette conception très péjorative à la notion de citoyen et donc d'égalité politique, il faut qu'une mutation forte s'opère. Cette mutation s'opère à la Révolution. On va assister à un rejet très fort de la distinction de la société en ordre et à un rejet très fort des privilégiés. C'est le sens de la fameuse interrogation de Siéyès : Qu'est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. [...]
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