Le Nazisme est selon toute vraisemblance, et en tout cas dans la conscience occidentale, le phénomène le plus atroce qu'ait connu le vingtième siècle, et même sans doute un des plus atroces de l'histoire de l'humanité. Pourtant, les génocides ont été monnaie courante au cours l'histoire. Alors pourquoi le Nazisme nous semble-t-il plus atroce que tout ? Sans doute parce qu'il a mis la technique moderne, en laquelle on a tellement cru, au service de la destruction. Sans doute aussi parce qu'il a concerné tout le monde. Hitler, le père du nazisme, et que l'on traitera ici comme son plus éminent idéologue, est en effet une des causes majeures de la deuxième guerre mondiale, et comme nous allons le voir, son projet destructeur de conquête concernait bien le monde dans son entier. L'impact historique du national-socialisme comme doctrine est d'ailleurs si important qu'il a orienté depuis soixante ans l'évolution politique du monde, marquée par le renforcement du libéralisme et des droits de l'homme, visant entre autres à garantir chaque individu contre la possible réapparition d'un régime politique impérialiste de type nazi, d'un impérialisme sans limites et sans pitié (et peut être même sans fin).
Car le nazisme est bien un impérialisme, une doctrine de l'étalement géographique, de l'asservissement d'autres peuples au sien, de la domination. Cet impérialisme est déjà présent dans Mein Kampf, l'écrit programmatique de Hitler rédigé en 1924, alors qu'il n'est encore que le jeune leader d'un parti nouveau, le NSDAP. Il y est présent sous la forme de la théorie de l' “espace vital”, selon laquelle l'expansion géographique par des moyens militaires de l'Allemagne est une nécessité absolue. Théorie qui est reprise et affinée dans le deuxième livre d'Hitler (Hitlers Zweites Buch ou “L'expansion du troisième Reich”) rédigé en 1928 et publié seulement après sa mort. Mais c'est surtout en privé, dans ses réunions avec les hauts dirigeants du parti nazi, telles que nous les a transmis Rauschning, qu'Hitler développa ses visées impérialistes, où elles apparaissent dans toute leur démesure.
On tâchera donc de présenter avec ordre l'impérialisme nazi tel que théorisé par Hitler, d'abord à travers une analyse de la théorie de l'espace vital, puis en précisant les objectifs géographiques et politiques de l'impérialisme nazi, et enfin on discutera sur la question plus philosophique du supposé “nihilisme” d'Hitler et de ses vues impériales. Car l'accusation a bien été portée, une fois évaluée l'ampleur de la folie destructrice d'Hitler, que le Führer n'était autre qu'un nihiliste avide seulement de puissance et dénué d'objectifs politiques véritables et donc d'idéologie.
Le sujet que nous traitons étant tendancieux, nous avons, croyions-nous, dans cette introduction suffisamment montré notre absence de sympathie envers le mouvement Nazi et ses réalisations historiques (comme la mort de millions de Juifs) – et si ce n'était pas le cas, redisons-le : le mouvement Nazi ne nous inspire aucune sympathie ! – mais, par la suite nous nous abstiendrons de commentaires désobligeants et de marques dégoût à chaque fois que nous citerons Hitler, et tâcherons d'envisager ses propos et idées objectivement, dans le but d'en rendre au mieux compte. Nous citerons ici à notre appui cette phrase de l'historien allemand du Nazisme, Eberhard Jäckel : “Quiconque, soit parce qu'il ne peut pas ou ne veut pas faire autrement, travaille a priori en utilisant le vocabulaire du refus passionné et de l'indignation morale, quiconque met sans cesse des guillemets péjoratifs et pense devoir prendre ses distances à chaque ligne, ne peut s'attendre à comprendre quoi que soit.”(Hitler idéologue, p.22)
[...] Or “pareille expansion ne peut se réaliser au Cameroun, mais aujourd'hui presque exclusivement en Europe”. Et plus précisément : l'on voulait des territoires en Europe, cela ne pouvait s'accomplir en général qu'aux dépens de la Russie”. Une telle politique d'expansion contre la Russie, nécessitait d'avoir un allié de taille, l'Angleterre (Jäckel, p.42). C'est dans le chapitre XV de l'ouvrage publié d'Hitler que l'on trouve exposés les buts à long terme de la politique étrangère de la future Allemagne nazie, intitulé “Politique de politik”). La Russie est au centre du chapitre. [...]
[...] Cet impérialisme est déjà présent dans Mein Kampf, l'écrit programmatique de Hitler rédigé en 1924, alors qu'il n'est encore que le jeune leader d'un parti nouveau, le NSDAP. Il y est présent sous la forme de la théorie de “espace vital”, selon laquelle l'expansion géographique par des moyens militaires de l'Allemagne est une nécessité absolue. Théorie qui est reprise et affinée dans le deuxième livre d'Hitler (Hitlers Zweites Buch ou “L'expansion du troisième Reich”) rédigé en 1928 et publié seulement après sa mort. [...]
[...] Agir pour agir. La puissance, indispensable moyen de tout ordre, devient une fin propre, et ne s'exerce que pour la puissance comme la domination pour la domination, au lieu qu'elle serve à réaliser une conception déterminée” (p.154). Dans le nihilisme nazi, même l'homme cesse d'être considéré comme une fin, il n'est qu'un moyen en vue de la domination (d'un moyen : nihilisme est tout d'abord du réalisme développé et conséquemment poursuivi jusqu'au bout ; du matérialisme rationnel ou biologique pour lequel l'homme n'est qu'un faisceau d'impulsions sans valeur intrinsèque, mais précieux comme matériel utile à la formation des régimes de domination des collectivités sociales” (p. [...]
[...] Après avoir posé la lutte pour la vie, c'est-à-dire pour l'espace vital, comme principe suprême de la vie des espèces et des peuples (on retrouve d'ailleurs souvent cette tendance dans les textes d'Hitler à projeter ses propres lubies sur les autres, en particulier les Juifs, quand ce n'est pas comme ici sur tout l'univers), le leader et théoricien du mouvement nazi s'évertue à disqualifier les autres possibilités de ré adéquation du chiffre de la population avec la superficie du territoire. Ainsi, l'émigration est mauvaise car elle “vide un peuple de ses meilleurs éléments”. Et la limitation des naissances est pire que tout car elle risque “anéantir dans un peuple les plus hautes valeurs”. [...]
[...] Ils incluaient le pacifique (anciennes îles allemandes, colonies hollandaises, Nouvelle Guinée), l'Afrique centrale et l'Amérique du Nord. “Hitler espérait mettre fin à l'influence des Anglo-Saxons en Amérique du Nord et la remplacer par la culture et la langue allemandes comme étape préliminaire à l'incorporation pure et simple des Etats-Unis dans son grand Empire mondial”(Ibid. p.111). De plus, Mexique a toujours tenu une place importante dans les projets américains d'Hitler” (loc.cit). On le voit, les projets de conquêtes du Führer étaient illimités. Mais dans quel but ? [...]
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