La France est le second pays d'immigration au monde après les États-Unis et le premier par rapport au nombre d'habitants (Chemillier-Gendreau 1998, 5). Au cours de son histoire, le pays a perpétué une tradition de terre d'accueil, ouvrant ses frontières aux étrangers, impulsant ainsi une force, une dynamique et une originalité propre à son développement. Cependant, au cours des années 1970, dans une économie mondiale en crise, la France décida d'inverser le cours des flux migratoire en direction de son territoire. Ce bouleversement radical dans la politique d'immigration fut amplifié par étapes jusqu'à former un abcès politique persistant. Le débat sur l'immigration se décline aujourd'hui en termes de « coûts-avantages » (Mestiri 1990, 5) sur le système économique et social.
[...] Avec la mise en œuvre de cette nouvelle loi, la France entend passer d'une immigration subie à une immigration choisie où le pays se détacherait de sa tradition d'accueil pour se diriger vers une sélection, un recrutement, des étrangers selon ses besoins économiques. Suivant la méthode des trois i (Palier et Surel 2005), nous aborderons d'abord rapidement les termes de la loi Sarkozy telles qu'adoptée par le Parlement Français, puis nous insisterons plus spécifiquement sur la dimension intellectuelle de la politique en présentant le jeu des idéologies qui ont combattu et combattent encore dans l'arène actuelle de la problématique de l'immigration pour terminer par l'élaboration d'un cadre cognitif et normatif qui puisse rendre compte de l'évolution de la politique d'immigration française. [...]
[...] Ainsi, la Loi 2006-911 relative à l'immigration et à l'intégration constitue-elle un tournant dans la politique d'immigration française dans le sens où elle amorce une réouverture des frontières, théoriquement closes depuis 1974, afin d'adapter les flux quantitatif et qualitatif des immigrés à un marché du travail devenu plus difficile d'accès et plus exigeant. La problématique de l'immigration est une question sociale et économique de premier plan. La récente crise des banlieues et les problèmes de violences dans les cités le débat sur le voile islamique à l'école ou encore les mouvements médiatiques de protection des sans-papiers posent la question de la place des étrangers au sein de la société française. La France a-t-elle un devoir d'assimilation, d'intégration, ou doit-elle être garante du droit à la différence ? [...]
[...] Les politiques d'immigration vont mettre en place des mécanismes d'intégrations et de redistribution des revenus par le biais de l'action sociale afin de faciliter l'intégration et les conditions de vie des immigrés sur le territoires français mais elles peuvent également inciter, par des aides financières, les retours des étrangers dans leur pays. L'immigration désigne des mouvements de population d'un territoire vers un autre. [C'est une] somme théorique, à un moment donné, des flux d'immigrés et des "stocks" de personnes immigrés depuis un temps déterminé sur le territoire (Haut Conseil à l'intégration 2006. [...]
[...] Lors des élections municipales de 1983, la question de l'immigration était de tous les débats et les thèses xénophobes du Front National font de plus en plus d'adeptes. Le gouvernement socialiste décide alors de faire preuve de plus de réalisme et de durcir sa politique, tout en prenant soin de dénoncer le racisme pour ne pas choquer les défenseurs des immigrés (Schor 1996, 274). Désireux de satisfaire ses électeurs, il s'attaqua au problème de la délinquance, associée à l'immigration, en renforçant les contrôles, en activant la chasse aux clandestins, en multipliant les vérifications d'identité et en réinstaurant l'incitation au départ volontaire, pudiquement appelé aide à la réinsertion En outre, François Mitterrand créa pour les immigrés un titre unique de séjour valable dix ans et renouvelable de plein droit. [...]
[...] La Loi relative à l'immigration et à l'intégration reflète le tournant néolibéral de la nouvelle droite qu'incarne Nicolas Sarkozy. La flexibilité du marché du travail implique nécessairement la même flexibilité dans les flux migratoires. Ainsi, il est prévu dans la nouvelle loi que, chaque année, le gouvernement demandera au Parlement de débattre du nombre d'immigrés autorisés à entrer, et ce, en fonction des besoins économique par secteur, de la situation démographique et des perspectives de croissance. Ainsi, il apparaît que la politique d'immigration française qui prévalait depuis 1974 connait un changement de perspective avec la nouvelle loi 2006-911 du 24 juillet 2006, un changement qui reflète les bouleversements à l'œuvre dans nos sociétés contemporaines. [...]
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