Dans son ouvrage A Nation of Immigrants de 1962, J-F. Kennedy, lui même petit-fils d'immigrants irlandais, insiste sur le fait que les Etats-Unis doivent leur existence à la seule immigration, et il se fait l'écho de théories selon lesquelles les Indiens eux-mêmes étaient des immigrants. Traditionnellement, les historiens ont coutume de faire la distinction entre « colons » et « immigrés ». Ils emploient le second terme pour désigner les personnes arrivant aux Etats-Unis à partir de 1776. Par contre, la première utilisation du terme « immigré » aux Etats-Unis correspond à la volonté des personnes déjà établies sur le sol américain de se protéger contre l'arrivée de nouvelles vagues d'étrangers ; elle date de 1817. Dès l'origine le terme a donc une connotation négative. C'est véritablement au 19ème siècle que le phénomène d'immigration vers les Etats-Unis prend toute son ampleur. Ce pays neuf, doté d'une république originale et en voie de stabilisation, attire alors de gigantesques flux de personnes, et est l'objet de la plus grande émigration, en valeur absolue, de tous les temps. Entre 1846, date de la grande famine irlandaise, et 1924, date de l'instauration des lois sur les quotas, l'immigration connaît de profondes transformations, tant dans sa structure que dans la façon dont elle est perçue par l'opinion publique et les autorités. Au début de la période, l'immigration est considérée comme une donnée positive pour le pays. Mais avec la fin du siècle, la conjoncture se modifie et les nouveaux arrivants deviennent une menace potentielle pour les « anciens ». Aux vues de ce que sont devenus les Etats-Unis aujourd'hui, on peut se demander comment ont été intégrés (ou non) ces immenses fractions de peuples hétérogènes, en un seul ensemble à la recherche de cohérence… L'actualité toujours brûlante de ce sujet et les vives polémiques auxquelles il donna naissance nous amènent à nous interroger sur les causes du mouvement migratoire ainsi que sur le rôle déterminant qu'il joua dans la formation de la nation américaine, mais également de souligner les problèmes engendrés et la façon dont ceux-ci ont été traités par un pays en quête de lui-même.
[...] En effet, jusqu'en 1882, les E-U pratiquent la politique de la porte ouverte. Le besoin de main-d'œuvre se fait encore sentir contrairement à ce qui se passe en Europe, et ce, notamment grâce aux grands travaux engagés et à la nécessité de construire le pays [percement du Canal Erié en 1825, construction de réseaux de transport et de communication ] On peut penser que les grands patrons du capitalisme florissant (comme Rockefeller, Carnegie et Oscar Levi-Strauss ont fortement appuyé la politique d'ouverture, car la main-d'œuvre étrangère était bon marché. [...]
[...] Un autre facteur clé dans le choix des populations de quitter leurs terres natales a été la répression politique. Après l'échec de la révolution de 1848, c'est près de 1 million d'Allemands qui émigrent aux Etats-Unis. Des réfugiés politiques polonais se voient octroyer des terres dans l'Illinois en 1830 et sont ensuite rejoints par leurs familles qui fuient les mouvements de révolte en Allemagne. C'est ainsi que de la fin du 19ème jusqu'en 1924, des sujets de l'ancien empire austro-hongrois trouvent asile aux E-U. [...]
[...] Au-delà des initiatives d'entrepreneurs ou de particuliers, l'immigration est aussi facilitée par diverses mesures étatiques. En 1862, le Homestead Act permet d'acquérir gratuitement 160 acres (80 hectares) de terre à quiconque l'exploiterait pdt 5 ans. En 1864, la Contract and Labour Law permet aux industriels de recruter leur main-d'œuvre à l'étranger et d'avancer les frais de traversée. Dans les années 1860-70 s'instaure une véritable rivalité entre les Etats les moins peuplés et ceux-ci lancent ce que l'on pourrait appeler des campagnes de pub acharnées. [...]
[...] Au début de la période, l'immigration est considérée comme une donnée positive pour le pays. Mais avec la fin du siècle, la conjoncture se modifie et les nouveaux arrivants deviennent une menace potentielle pour les anciens Aux vues de ce que sont devenus les Etats-Unis aujourd'hui, on peut se demander comment ont été intégrées (ou non) ces immenses fractions de peuples hétérogènes, en un seul ensemble à la recherche de cohérence L'actualité toujours brûlante de ce sujet et les vives polémiques auxquelles il donna naissance nous amènent à nous interroger sur les causes du mouvement migratoire ainsi que sur le rôle déterminant qu'il joua dans la formation de la nation américaine, mais également de souligner les problèmes engendrés et la façon dont ceux-ci ont été traités par un pays en quête de lui-même. [...]
[...] Or en 1907, 4/5 des immigrés polonais sont des ouvriers non qualifiés. Cette vague slavo-latine ne parle pas anglais, n'est pas protestante et est donc vue comme une menace en terme de santé et de culture. Ils ont beau suivre les traces coloniales, la culture américaine est très marquée par l'héritage d'avant 1850 transmise par les WASP. Ce n'est plus à eux de définir les us et coutumes américains ; ils doivent désormais s'y adapter. Bien souvent ces nouveaux arrivants connaissent des conditions de vie déplorables tenements à des problèmes sanitaires et de criminalité, et demeurent au bas de l'échelle sociale. [...]
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