Tableaux, monnaies, gravures ; telle était l'imagerie officielle de l'Ancien Régime, à la gloire de la royauté, des nobles et du clergé. Mais avec les nouvelles libertés conquises par les révolutionnaires, le droit de s'exprimer semble prendre une place toute particulière, comme primordiale. 1789 marque alors en France l'avènement de « l'une des aventures intellectuelles les plus originales et les plus ambitieuses de tous les temps », selon les propos d'Antoine de Baecque. La révolution s'accompagne d'un renouveau culturel, et celui-ci passe en grande partie par l'image. En effet, avec près de 63% d'analphabètes en France en 1790, comment véhiculer un message sans s'appuyer sur l'imagerie, et avec elle, le plus souvent, l'oralité ? Les périodiques, les pamphlets, les brochures et les livres sont de même de plus en plus diffusés, mais alors que 30% des salariés des années 1780 ont des livres, plus de 60% ont des images. Dès la Révolution, l'image acquiert donc le statut du média le plus répandu en France.
Toutefois, ce n'est plus, dès lors, une image simplement illustrative qui se propage, comme pouvaient l'être les gravures religieuses d'Ancien Régime. Certes l'image permet la description de l'événementiel au fil de la Révolution, elle tient alors la population au courant des faits ; mais elle se veut aussi l'instrument du politique : que ce soit de l'opposition ou de l'autorité agissante, qui, par conscience du pouvoir de l'image, tente de l'exploiter à des fins de propagande.
Ainsi, de la fin de la Révolution française à la IIème République, quelle place a su trouver l'image dans la société? Ne fut-elle que le « thermomètre de l'opinion publique », dédiée à la représentation de la réalité et d'évènements factuels, ou contribua-t-elle à la mobilisation des esprits ? De plus, du fait d'un taux d'alphabétisation très faible, l'iconographie n'aurait elle pas alors été le vecteur de la diffusion populaire des convictions politiques ?
Dans un premier temps, il convient d'observer dans quelle mesure l'image, étant une « invention culturelle proprement révolutionnaire », s'est vouée au service d'une opposition politique parfois virulente ; puis, dans un second temps, cette première analyse nous permettra de comprendre comment les hommes politiques d'alors sont parvenus à contrôler l'imagerie, pour parfois même la détourner à leur propre avantage.
[...] Il paraît de plus évident, lorsque l'on considère la mentalité révolutionnaire d'alors et la suite des évènements, qu'elle ne fit pas le poids face à la propagation des idées insurrectionnelles. L'image a ainsi été un véritable enjeu de la Révolution. Elle a permis la désacralisation de l'ancien ordre mais a aussi annoncé l'avènement de nouvelles valeurs, comme bases d'un ordre plus juste. Les formes allégoriques propagées grâce à l'iconographie furent un contre-pouvoir menaçant pour la royauté. A la figure du Roi fut substituée celle de la Liberté. [...]
[...] Très tôt, il comprend que l'«on ne peut concevoir un pouvoir quelconque sans apparat ; c'est pourquoi il choisit de faire, des représentations de sa cour, celles de costumes magnifiques aux couleurs chatoyantes, de bals étourdissants et de gravures de mode luxueuses. Les colporteurs achèvent l'œuvre napoléonienne en permettant une large diffusion de sa légende vers les provinces. Ainsi, Lamartine décrit l'émotion que suscita chez lui la vue des images bariolées vendues par un colporteur de Milly : Augereau galopant sur un coursier blanc et traversant le Rhin d'un bond de cheval, ou Berthier arrachant une plume de cygne de son panache flottant pour écrire les ordres de l'état major d'un air pensif. [...]
[...] Enfin, la propagande d'Etat passe par les images civiques. Brissot, ayant constaté qu'il est nécessaire d'éclairer le peuple, non pas tant grâce à des livres volumineux et bien raisonnés qu'il n'entend point, mais par l'intermédiaire de courts travaux, de brochures imagées pressent la politique d'éducation adoptée par les gouvernants au cours du XIXème siècle. Elle consiste en un contrôle du peuple amorcé dès le plus jeune âge grâce à l'instrumentalisation des images dans les ouvrages scolaires, dans les almanachs ou encore des images d'Epinal. [...]
[...] Les Français réclament alors le retour du corps de leur héros national, chose faite dès 1840, date à laquelle son sarcophage est finalement enterré aux invalides. Ainsi, l'image a suivi une évolution radicale au cours de la première moitié du XIXème siècle. En découvrant de nouvelles libertés accordées par la Révolution, les artistes se sont empressés d'exprimer leur mécontentement à travers l'image, et plus spécifiquement alors, la caricature révolutionnaire. L'image n'a pas été une simple description des évènements de la Révolution, mais une partie active de celle-ci : l'arme de l'opposition politique. [...]
[...] L'image, une arme politique ? Tableaux, monnaies, gravures ; telle était l'imagerie officielle de l'Ancien Régime, à la gloire de la royauté, des nobles et du clergé. Mais avec les nouvelles libertés conquises par les révolutionnaires, le droit de s'exprimer semble prendre une place toute particulière, comme primordiale marque alors en France l'avènement de l'une des aventures intellectuelles les plus originales et les plus ambitieuses de tous les temps selon les propos d'Antoine de Baecque. La révolution s'accompagne d'un renouveau culturel, et celui-ci passe en grande partie par l'image. [...]
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