Tous les Etats issus de la décomposition de l'URSS ont dû résoudre, depuis près de 15 ans, une question fondamentale, née de leur séparation : celle de la définition et de l'affirmation de leur identité. Cette exigence s'est posée de manière singulière pour la Russie, en raison de la succession des crises politiques (notamment le conflit tchétchène) ou économiques (1994, 1998) qui ont affectées les premières années du nouvel Etat russe.
[...] Ces conceptions du territoire russe ont pris des formes variées, dont certains auteurs (Smith, Lieven) font la typologie suivante : Le modèle libéral/occidentaliste, qui formait le discours officiel de 1990 à 1992, accepte les nouvelles frontières politiques de la Russie, et cherche à promouvoir l'idée d'une citoyenneté russe basée uniquement sur l'appartenance à une communauté politique. Le modèle néo-nationaliste de l'extrême droite russe défend l'idée d'un retour à l'empire d'avant 1917, dont il puise la justification d'un néocolonialisme. Le courant du néo-soviétisme de l'actuel parti communiste russe souscrit à l'inverse à la thèse de la défense des valeurs incarnée par la nation soviétique, et joue allègrement sur la nostalgie de nombreux Russes pour la sécurité de l'emploi, un système social développé et la fierté passée de la superpuissance. [...]
[...] Bibliographie LIEVEN, D., Empire: the Russian Empire and its Rivals, London J. [...]
[...] L'importance du territoire dans la reconstruction de l'identité russe 1. Une identité territoriale désormais contestée Plus que tout autre Etat issu de l'ex-URSS, la Russie s'était identifiée dans la nation soviétique concept qui ne renvoyait pourtant, à l'origine, à aucun repère géographique ou culturel clairement identifiable. Le territoire, notamment, que constituait l'Union soviétique, avait été peu à peu associé dans l'imaginaire collectif à une partie de la Russie, dans une relation qui selon certains auteurs n'était pas sans rappeler celle d'une métropole à ses colonies (Smith). [...]
[...] Largement sous-estimé en Occident, le trouble identitaire russe (J. Radvanyi) se manifeste au travers de nombreux symptômes : un premier débat avait ainsi porté dès 1991 sur la dénomination même de la Fédération de Russie (Rossiiskaïa Federatsia-Rossia), l'usage de deux termes traduits par russe en français (le premier se référant aux russophones, le second aux citoyens de l'Etat russe) démontrant la difficulté pour la nationalité majoritaire 80% de la population à clarifier le statut des minorités et sa propension à n'affirmer qu'une seule identité russe. [...]
[...] Identité russe et espace postsoviétique Tous les Etats issus de la décomposition de l'URSS ont dû résoudre, depuis près de 15 ans, une question fondamentale, née de leur séparation : celle de la définition et de l'affirmation de leur identité. Cette exigence s'est posée de manière singulière pour la Russie, en raison de la succession des crises politiques (notamment le conflit tchétchène) ou économiques (1994, 1998) qui ont affectées les premières années du nouvel Etat russe. I. L'identité nationale russe, ou la redécouverte d'un Etat pluriethnique 1. Une composition nationale hétérogène Contrairement à leur place dans la population de l'URSS ( en 1989), les Russes (russophones) sont aujourd'hui largement dominants en Russie. [...]
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