Dans "Qu'est-ce que le tiers-Etat ?" Sieyès affirme « Le tiers-Etat est une nation complète ». Cependant, peut-on véritablement parler de Nation à propos du Tiers-Etat ? Il convient tout d'abord d'essayer de définir la Nation, concept très large et qui varie selon les pays, les époques, les idéologies… La Nation peut renvoyer à une conception communautaire qui s'articule autour de critères de nature (race, sol, langue, culture) mais aussi à une conception subjective sociale qui pose la nation comme un fait dépendant essentiellement de la volonté des sujets. L'idée de nation renvoie à des représentations sociales communes de la nation organisées autour de trois variantes : la nation, proprement dite, qui renvoie à la notion d'identité et à celle de conservation, la patrie qui est associée à la défense du territoire et enfin l'Etat qui désigne une forme d'organisation politique. Ici nous définirons les masses, non pas comme le Tiers-Etat tel que l'analyse Sieyès, mais plutôt le peuple par opposition aux intellectuels qui eux ont conscience de l'idée de nation bien avant le reste de la population.
Alors qu'avant 1789, bien que le terme de Nation existe, les différents peuples européens n'avaient pas de véritable conscience nationale, au contraire, en 1848, une véritable révolution populaire traverse l'Europe au nom du droit des nationalités. Comment alors l'idée de Nation, concept très intellectuel et abstrait, est-il devenu l'objet d'une véritable prise de conscience nationale des masses ? Quels ont été les facteurs de cette conquête et de l'affirmation de l'identité nationale par le peuple et quel a été le rôle des élites intellectuelles dans ce processus ?
[...] L'admiration pour la France va par exemple donner lieu en Allemagne à des clubs qui se créent sur le modèle jacobin, et qui vont demander le rattachement de leur ville à la nation française. Les principes révolutionnaires présentés comme universels vont donc parcourir l'Europe notamment par le biais de l'armée, des élites qui voyagent et par leurs écrits. Cependant, la société européenne reste majoritairement paysanne, analphabète les idées françaises qui font peur aux gouvernements sont fortement censurées. De fait, les idées de la Révolution mobilisent surtout les intellectuels et les écrivains. [...]
[...] Transition : Lors du Congrès de Vienne, sous la pression de Metternich, les quatre puissances victorieuses de Napoléon (Angleterre, Russie, Autriche et Prusse) redécoupent l'Europe en ignorant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Toute aspiration nationale est donc perçue à juste titre comme une poussée libérale, et une remise en cause de l'ordre établi. Ainsi, la Pologne est de nouveau écartelée et l'Allemagne volontairement affaiblie en une mosaïque de plus de 200 Etats. Cette concertation diplomatique qui bloque toute revendication nationale se veut aussi garante de la paix. De fait, si la Nation devient un véritable enjeu géopolitique, elle ne peut plus toucher les masses par le biais de la guerre. [...]
[...] Cependant, si l'on a vu que les intellectuels et les gouvernements étaient sensibles à l'idée de Nation, qu'en est-il pour les masses ? Comment cette cause nouvelle défendue par les élites va-t-elle s'implanter dans les masses ? La Nation : une cause à défendre pour le peuple français - Le soldat-citoyen de la Nation Pendant la Révolution, l'Etat va tenter d'inculquer au peuple un système de valeur unifié, un national-civisme pour diriger non pas des individus soumis mais des citoyens. [...]
[...] Cependant, ce droit des nationalités ne se limite pas à un consentement des masses, mais il suppose l'expression directe du peuple. Or celle-ci ne peut-être efficiente que si les masses ont les compétences pour s'exprimer (instruction et culture) et la possibilité effective de le faire (lutte pour le suffrage universel). - La diffusion de la culture auprès des masses par les élites Les différents gouvernements européens vont se saisir de la question de l'alphabétisation. L'école est en effet considérée comme un instrument de contrôle sur les masses que l'on veut dévouées à l'Etat-Nation. [...]
[...] L'armée, dont une grande partie appartient aux masses est donc acquise à la Nation. B Les Guerres napoléoniennes confortent et diffusent l'idée de nation La diffusion de l'idée de nation par les élites et l'Etat - L'apogée de la représentation sociale de la Nation en France (identité, patrie, Etat) Napoléon, parfois surnommé l'homme de la Grande Nation, a glorifié l'idée de nation et l'Empire a véritablement créé une identité nationale à travers des symboles. Ainsi, la Légion d'honneur symbolise le talent et le dévouement au service de la Nation. [...]
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