Le terme de nation nous vient du latin natio formé à partir du verbe nascor qui a donné « naître » en français. La natio désigne alors une portée d'enfants mais le sens s'élargit progressivement et la natio devient un groupe d'individus qui ont une origine commune. L'instauration progressive de la monarchie en France et dans le reste de l'Europe a contribué à l'assimilation de la nation au royaume.
Cette conception est celle de l'Ancien Régime : la nation s'incarne alors dans le « corps mystique » ou « corps politique » du monarque comme l'a montré Ersnt Kantorowicz dans Les Deux Corps du roi.
Le courant romantique apparaît à la fin du XVIIIe siècle au Royaume-Uni et surtout en Allemagne avant de se propager en France vers 1820. Le romantisme dépasse le domaine artistique et revêt une forme politique. Ce romantisme politique est farouchement opposé aux idées des philosophes des Lumières dont il critique entre autres le rationalisme et l'universalisme. Il prend sa source en Allemagne sous une forme particulière : le nationalisme. En effet, les romantiques allemands dénoncent la domination française sur leur territoire (c'est l'époque de l'Europe napoléonienne)...
[...] Le modèle de la nation chez les romantiques est celui de la vie humaine : Elle est l'union d'une âme et d'un corps. Elle est une âme incarnée ou un corps animé. Ou un esprit indissociable d'une sensibilité Cette définition rapproche deux caractéristiques fondamentales de la nation romantique D'une part, celle-ci, en tant qu'esprit, est toute imprégnée d'une culture. D'autre part, en tant que corps, elle s'incarne dans ses diverses manifestations (institutions, coutumes L'idée de sensibilité est très forte dans la conception romantique d'autant plus qu'elle prend là le contre-pied de l'esprit des Lumières en réhabilitant ce qui avait été nié au profit de la raison. [...]
[...] Sous l'impulsion de grands penseurs romantiques comme Herder ou Fichte, une théorie de l'identité nationale va se construire sur la base de traditions, d'une culture collective, d'une langue commune c'est-à-dire d'un patrimoine partagé. La nation allemande est à ce point exaltée par les romantiques qu'ils en affirment la supériorité. Dans ses Discours à la nation allemande (1807-1808), Fichte parle d'Urvolk (peuple originel) à propos des Allemands et fait de ce peuple un peuple élu, modèle absolu de perfection. Une certaine conception de la nation se développe donc en Allemagne et va inspirer les romantiques français. [...]
[...] L'idée de nation chez les Romantiques I Les origines de l'idée romantique de la nation Le terme de nation nous vient du latin natio formé à partir du verbe nascor qui a donné naître en français. La natio désigne alors une portée d'enfants mais le sens s'élargit progressivement et la natio devient un groupe d'individus qui ont une origine commune. L'instauration progressive de la monarchie en France et dans le reste de l'Europe a contribué à l'assimilation de la nation au royaume. [...]
[...] En fait, il faut dépasser ces deux horizons, ou plutôt en faire la synthèse pour comprendre le sens moderne de la nation que l'on doit à Ernest Renan et à sa célèbre définition de la nation qui semble unir les conceptions romantiques et libérales : Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis [=collectivement] (Conférence de 1882 sur le thème Qu'est-ce qu'une nation ? [...]
[...] La nation est une donnée naturelle, non un contrat conclu entre des individus, produit de leur volonté comme l'affirme la conception libérale. Ainsi, Herder dira que la politique crée les Etats, la nature crée les nations La nation est pour lui le fruit de la nature par opposition à l'Etat qui est une construction des hommes, voulue par eux. Le caractère naturel de la nation n'est pas synonyme de matérialité. Les romantiques voient d'ailleurs la nation plutôt comme un esprit propre à un peuple. [...]
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