La nation est un concept incertain et subjectif : « groupe d'hommes se ressentant comme une nation et vu par les autres hommes comme telle », sa définition est si « floue » qu'on ne peut aujourd'hui dénombrer le nombre de nations qui existent dans le monde. Dès lors, la question de l'idée de nation se pose : se fonde-t-elle sur une réalité ? Comment se définit-elle ? Comment sa définition évolue-t-elle au contact de la réalité ? Indéniablement, l'idée de nation existe, une littérature encore aujourd'hui florissante en témoigne. Cependant, cette littérature est souvent historique et s'attache à comprendre le passé de l'idée de nation : cette idée appartiendrait-elle seulement au passé ? Ou a-t-elle encore de l'avenir ? A l'heure de la multiplication des appartenances individuelles, le fondement de notre question est évident, dans la mesure où nombreuses sont les idées et réalités qui remettent aujourd'hui, à tous les niveaux, en cause la puissance de l'idée de nation (I). Mais un constat de la réalité d'aujourd'hui conduit aussi à relativiser cette idée d'une ère « post-nationale », et a accepter l'inéluctable postérité de l'idée de nation, idée qui devra néanmoins s'adapter à de nouvelles situations et prendre de nouvelles dimensions pour permettre une certaine harmonie mondiale (II).
[...] L'idée de nation s'est réalisée dans le passé, mais malgré les idées et réalités qui semblent la concurrencer et l'affaiblir, elle existe encore aujourd'hui. Cette idée ne semble pas devoir faner demain non plus, mais la question qui se pose alors est celle, justement, de cette persistance : doit-on laisser l'idée de nation aller ainsi, causant autant de dommages ? Le politologue répondra que mais, si l'homme politique acquiescera, il n'en pensera pas moins en son for intérieur que les changements nécessaires pour adapter l'idée de nation à l'homme ne seront pas faciles, s'ils sont même possibles. [...]
[...] II-a) est ici essentielle : cette réalité ne concurrence pas l'« idée de nation puisqu'au contraire, elle en découle, mais elle concurrence l'idée d'un Etat central. Prenons quelques exemples de quelques régions rendant indéniable cette réalité : alors que la deuxième moitié du XXe a vu les francophones ressembler toujours davantage aux anglophones et les disparités économiques et sociales s'effacer entre eux, c'est en 1976 que le Parti québécois créé quelques années auparavant est porté au pouvoir et qu'il tente par deux fois de faire du Québec un pays souverain. [...]
[...] Le nouveau défi est donc de gérer la pluralité nationale, défi pour l'Etat et pour la République. L'Etat-nation doit se dépasser et Alain Diekhoff ouvre deux perspectives : la reformulation de l'autodétermination et le développement des possibilités d'association entre culture et Etat. La voie est celle de la multinationalité, perspective que la multiplication des échelons rend à la fois tangible et nécessaire. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne doit plus être seulement compris comme un droit à l'indépendance, et d'ailleurs, le droit international lui-même ne ramène pas l'autodétermination à l'accession à l'indépendance. [...]
[...] L'idée de nation dépasse l'homme, et c'est même peut-être en partie pour cela qu'il lui est si fièrement attaché. Sources - Benedict Anderson, L'imaginaire national, Ed. La Découverte - Gil Delannoi, Sociologie de la nation, fondements théoriques et expériences historiques, Ed. Armand Colin - Alain Diekhoff, La nation dans tous ses états, les identités nationales en mouvement, Ed. Flammarion - Yves Lacoste, Vive la nation, destin d'une idée géopolitique, Ed. Fayard - Philippe Moreau-Defarges, L'ordre mondial, Ed. Armand Colin - Dominique Schnapper, Chapitre Penser la nation p.223-260, in La communauté des citoyens, sur l'idée moderne de nation, Ed. [...]
[...] Dès lors, une question semble s'imposer : l'idée de nation existe bel et bien de nos jours, mais doit-on la laisser exister de la sorte ? des transformations nécessaires pour une harmonie mondiale La tentative onusienne pour la paix et la démocratie est centrale si nous voulons concrètement mesurer ce qui a été fait et ce qui est possible de faire pour adapter l'idée de nation à un monde interdépendant et pacifié. La charte fondatrice de l'Organisation des Nations Unies, la charte de l'Atlantique (14 août 1941), se fondait sur certains principes essentiels de sécurité collective, comme l'interdiction des modifications territoriales sans l'accord des populations, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ou encore la renonciation du recours à la force. [...]
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