L’idéal Républicain en France, 1919-1940

Résumé du document

La république est résolument un « concept flou » (C. Nicollet). En effet, suivant les époques et surtout les pays, il a revêtu des significations différentes. Ainsi la République tyrannique en Angleterre sous Cromwell ou le système utopique décrit dans la République de Platon sont-ils bien différents, même si la base demeure identique : un système politique dans lequel le pouvoir est confié de façon codifiée à un groupe d'hommes désigné par le reste de la nation.. En France, l'idéal républicain hérité de 1789 (pour l'essentiel) est tout d'abord profondément démocratique, à la fois par son origine et par son exercice, à tel point que le concept de démocratie et celui de république ont tendance à fusionner dans les mentalités. La République est aussi définie comme « une et indivisible », au niveau du peuple et du territoire, ce qui n'a pas été sans poser de problèmes, notamment pour de grandes questions comme la légitimité des colonies ou les droits des étrangers. De grandes valeurs complètent cela : les Droits de l'Homme, l'égalité devant la loi, des libertés et droits fondamentaux (droit à la propriété, liberté d'association ? …), la solidarité (ou fraternité) républicaine entre tous les Français. Ces idéaux sont en majorité définis dans la constitution. De plus, parallèlement, l'idéal républicain français se double d'un universalisme fort : il a vocation à se diffuser et à être adopté par d'autres nations, dans la grande tradition de l'Humanisme, des Lumières et de la Révolution française de 1789. Cependant, depuis cette date, cet idéal a été confronté aux événements, aux oppositions, aux conflits d'idées, aux diverses évolutions de la société, de l'Europe, du Monde. Même si aujourd'hui on ne saurait remettre en cause l'idée d'une république, il n'en a pas été toujours le cas d'une part, et cela ne saurait empêcher des évolutions, affinages, modulations. Ainsi par exemple l'anticléricalisme des débuts s'est-il mué en laïcisme d'état plus ou moins combatif, ou encore le colonialisme a-t-il été condamné. Le régime attaché aux valeurs a aussi évolué.

L'époque ici étudiée (1919-1940) n'a pas échappé à ces débats, dans un schéma d'institution parfois peu efficace, dans un contexte international en mutation (triomphe du marxisme-léninisme en Russie, montée des fascismes…). Quelle destinée donc pour cet idéal républicain dans l'entre deux guerres ?

Comment certains aspects de l'identité républicaine se sont-ils renforcés durant cette période ? En quoi l'entre-deux-guerres a-t-il vu le renforcement de la fraternité républicaine incarnée dans la dimension sociale ? Ne peut-on cependant distinguer la naissance ou le renforcement de certains idéaux, idéologies, mouvements ou tout simplement façons de penser par essence antirépublicains ? Quelles en sont les causes ?

Extraits

[...] Le précédent avait également démissionné en 1937. Léon Blum, le 13 mars, tente alors une expérience comme celle du Front populaire mais se voit encore renversé par le sénat le 8 avril. La fin du Front populaire est désormais inéluctable. III- La montée croissante des anti-républicanismes Même si on l'a vu, certaines valeurs républicaines s'affirment entre 1919 et 1939, on peut constater cependant la montée dans diverses parties de la population d'un sentiment profondément antirépublicain ou tout au moins de mouvements et idées antirépublicains par essence. [...]

[...] L'accroissement du chômage n'arrange en rien leur situation. Et puis, leurs conditions de travail sont plus difficiles qu'avant 1914 : par exemple, le système Taylor soumet l'ouvrier à un rythme épuisant. La déshumanisation de son travail par l'arrivée des machines engendre la formation d'un sous- prolétariat, souvent peu instruit. Des modifications sociales sont donc nécessaires, notamment au sujet des femmes qui, malgré leur émancipation, souhaitent parvenir à une égalité hommes-femmes plus forte, notamment au sujet du vote. Une conscience du social : 1919-1936 Même si les gouvernements qui se sont succédés n'ont pas toujours été de gauche, une prise en compte du social a vu le jour. [...]

[...] Les radicaux ont fondé la Fédération Nationale des Anciens Combattants. D'autres hommes se regroupent selon les blessures, les régiments, les professions, les localisations, etc. Vers une unité territoriale ? La célébration du centenaire de la conquête d'Alger en 1930, l'Exposition coloniale inaugurée par Paul Reynaud en 1931 ont pour but d'atteindre à une unité fondamentale de l'Empire, unité intellectuelle, morale, culturelle La force économique de l'Empire, pouvant aider à surmonter les difficultés métropolitaines grâce à ses productions alimentaires tropicales, est aussi un atout à l'unification du territoire. [...]

[...] Cet idéal républicain s'incarne dans l'établissement de mesures sociales nécessaires à la population. La guerre n'a pas totalement effacé les inégalités, certaines même se sont accrues à cause d'elle. La persistance des inégalités sociales Le bouleversement social causé par la guerre touche toutes les catégories sociales, les plongeant dans un profond désarroi. L'aristocratie et la bourgeoisie ont été durement frappées par la mort et ont souffert de la diminution de leurs revenus par l'inflation : rentiers, propriétaires fonciers ou immobiliers, membres de la fonction publique A l'inverse, une bourgeoisie de parvenus est apparue. [...]

[...] Cependant, on peut distinguer, lors de l'expérience du Front Populaire et après, la montée d'une nouvelle gauche révolutionnaire incarnée par les mouvements anarchistes, comme le Mouvement des conseils ou encore les brigades internationales. La certaine bonne marche de la Solidarité internationale antifasciste, concurrençant le Secours rouge communiste est un exemple, les quatorze périodiques anarchistes qui paraissaient en 1938 en est un autre. Conclusion Ainsi, on a pu voir que cette période si riche de l'entre-deux- guerres en France a connu certaines mutations de l'idéal républicain. Il s'est tout d'abord renforcé, par l'approfondissement ou le renouveau de grandes valeurs fondant la République. La fraternité républicaine s'est aussi développée, avec notamment les avancées sociales. [...]