Platon considérait les hommes politiques comme des détenteurs d'un savoir, à l'instar des médecins. Leur légitimité et leur capacité à gouverner en découlaient, entraînant le bien-être de la Cité. Ils en tenaient le gouvernail, comme sur un navire, d'où l'idée de gouverner. Gouverner consiste à exécuter une politique, diriger un pays. Cela se traduit par un mélange de contrainte, de négociation et de persuasion en vue de se faire obéir.
Aujourd'hui, on entend par hommes politiques les élus et les cadres des partis. Il s'agit d'une classe assez nombreuse, allant au-delà de l'élite athénienne ou de la cour du Roi, occupant toute sorte de responsabilités, locales ou nationales, connues ou obscures. Quels sont les nouveaux facteurs permettant de dire qu'ils ne gouvernent plus ou du moins que l'exercice de ce gouvernement est devenu plus difficile ?
L'apparition de nouveaux pouvoirs supranationaux, d'acteurs non gouvernementaux sur la scène politique, l'entrée dans l'ère de l'information ont remis en cause le pouvoir de l'Etat, et par conséquent des politiques. Coincés entre les phénomènes récents que sont la mondialisation, la régionalisation, l'influence de sondages et l'emprise de plus en plus nette des bureaucraties et des experts sur le processus décisionnel, les hommes politiques ne sont-ils plus que des figures symboliques, personnifications de la démocratie, pendant que d'autres décident à leur place ? Peuvent-ils encore gouverner, dans les deux sens du terme ? En ont-ils à la fois la possibilité et la compétence, dans une société de plus en plus complexe ?
Nous traiterons ce problème en deux temps, tout d'abord en constatant que les hommes politiques gouvernent de moins en moins, du fait des causes décrites plus haut (I), puis en nous penchant sur le fait que leur rôle reste d'actualité, leur légitimité demeurant intacte (II).
[...] Les gens considèrent que ce sont eux qui gouvernent, c'est un rôle intériorisé. Ils ont donc une forte influence, occupent une position de leaders d'opinion que n'ont pas les hauts fonctionnaires ou les chefs d'entreprise. Ils arrivent toujours à donner une image, à orienter la représentation des actes politiques par les citoyens, cette représentation étant souvent changeante, comme l'a démontré Murray Edelman. Ils personnifient le pouvoir et ont une forte fonction affective, comme le montre si bien le rituel des élections et l'engouement que peut avoir la présidentielle notamment. [...]
[...] L'action de nos hommes politiques est aujourd'hui influencée avant tout par cette première considération. Peut- être sont-ils en train de vivre un temps d'adaptation par rapport à toutes les mutations de l'espace politique et social que nous avons décrites plus haut, la transformation du rôle du politique étant encore en cours. Ce qui ne signifie pas que ceux-ci ne peuvent plus gouverner. Les notions de courage et de volonté ont toujours été essentielles dans l'art d'exercer le pouvoir. Sans doute sont-elles indispensables pour rééquilibrer la balance et décider à l'abri de pressions extérieures. [...]
[...] Peuvent-ils encore gouverner, dans les deux sens du terme ? En ont-ils à la fois la possibilité et la compétence, dans une société de plus en plus complexe ? Nous traiterons ce problème en deux temps, tout d'abord en constatant que les hommes politiques gouvernent de moins en moins, du fait des causes décrites plus haut puis en nous penchant sur le fait que leur rôle reste d'actualité, leur légitimité demeurant intacte (II). I Les hommes politiques gouvernent de moins en moins Le rôle des hommes politiques semble à la fois remis en cause et victime d'évolutions récentes au sein de la société Les remises en cause du rôle de l'homme politique L'abaissement des frontières, la mondialisation, la remise en cause des Etats-Providence ou encore l'affirmation de différents particularismes régionaux ont affaibli le rôle des Etats, donc celui des hommes politiques. [...]
[...] Les hommes politiques peuvent-ils encore gouverner ? Platon considérait les hommes politiques comme des détenteurs d'un savoir, à l'instar des médecins. Leur légitimité et leur capacité à gouverner en découlaient, entraînant le bien-être de la Cité. Ils en tenaient le gouvernail, comme sur un navire, d'où l'idée de gouverner. Gouverner consiste à exécuter une politique, diriger un pays. Cela se traduit par un mélange de contrainte, de négociation et de persuasion en vue de se faire obéir. Aujourd'hui, on entend par hommes politiques les élus et les cadres des partis. [...]
[...] Les grands enjeux récents ont été réglés par les hommes politiques en dernier ressort : les 35 heures, les emplois-jeunes ou le projet de loi sur la sécurité ont été des réformes menées par les hommes politiques, bien que des acteurs syndicaux, administratifs ou économiques ont pu être consultés. Ce sont eux qui tranchent en dernier lieu. Ils demeurent les plus à mêmes de gouverner, du fait de leur profil généraliste. Le fait que les hommes politiques occupent diverses fonctions ministérielles ou locales souvent très différentes au cours de leur carrière n'est nullement critiquable. [...]
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