Dès 1944, de nombreux termes sont apparus pour décrire les atrocités commises par les nazis depuis 1933. Le vocabulaire attaché à la mémoire de la deuxième guerre mondiale est régulièrement source de questions, de débats et résultat de choix. Certaines notions ont été formalisées juridiquement et adoptées dans les tribunaux pénaux internationaux, comme les termes génocide et crime contre l'humanité. Le monde des écrivains, historiens a également cherché des notions de référence pour caractériser l'extermination systématique dont ont été victimes des millions de personnes et faire en sorte qu'on ne puisse l'oublier. C'est ainsi que sont apparus très rapidement les termes Holocauste et Shoah, qui ont été source de polémiques pendant longtemps. L'apparition de ces 4 notions a une importance majeure puisqu'elle s'accompagne d'un tournant historique : une prise de conscience internationale amenant plusieurs faits majeurs tels que la création d'une Cour pénale Internationale (CPI), de l'Etat d'Israël et d'une qualification juridique des actes commis par les nazis reconnue internationalement.
Nous allons ainsi définir chacun de ces 4 termes et voir quels débats ils ont pu susciter et quelle est leur signification aujourd'hui.
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[...] Cette querelle étymologique n'est pas vaine. Elle répond à deux nécessités. Il faut dire l'indicible. Il ne faut pas renoncer à nommer l'innommable. Sinon, il perdra toute réalité. Il faut aussi éviter la vulgarisation, les détournements du sens. [...]
[...] Il définit le crime contre l'humanité comme l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime Cette juridicisation résultait de la volonté de juger les responsables des exactions commises pendant la Seconde Guerre mondiale (principalement la Shoah). La notion de crime contre l'humanité était donc imprégnée par le contexte historique, et d'ailleurs, elle ne devait s'appliquer qu'aux actes commis par les puissances de l'Axe. Mais peu à peu, elle s'est inscrite dans la législation internationale, notamment du fait que la source principale du concept demeure le droit international coutumier, comme l'a confirmé l'Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 95 du 11 décembre 1946. [...]
[...] Saluant l'initiative, l'association s'est tout de même élevée contre l'emploi du terme holocauste. Le directeur de l'enseignement scolaire a répondu qu'il existait deux sens pour le mot Holocauste : un religieux et l'autre juste historique, bien qu'il concède à l'association que le terme génocide aurait été plus approprié (c'est en effet un terme neutre totalement exempt de toute connotation religieuse); Sans compter que les Juifs n'ont jamais été victimes consentantes de leur extermination, l'holocauste est donc un terme impropre qui est contraire aux faits dont il prétend rendre compte. [...]
[...] L'aboutissement de la définition du crime contre l'humanité consiste en l'article 7 du Statut de Rome portant Création de la Cour pénale internationale (CPI) en 1998. Cet article définit onze actes constitutifs de crimes contre l'humanité, lorsqu'ils sont commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile et en connaissance de l'attaque : Meurtre; Extermination; Réduction en esclavage; Déportation ou transfert forcé de population; Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international; Torture; Viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée et toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable; Persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d'ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste au sus du paragraphe ou en fonction d'autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour; Disparitions forcées; Apartheid; Autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé physique ou mentale. [...]
[...] Dès 1951, François Mauriac l'avait compris et exprimé avec force. Dans sa préface au livre de Léon Poliakov Le Bréviaire de la haine, il écrit: Notre génération aura eu le privilège d'être le témoin du massacre le plus étendu, le mieux mené, le plus médité: un massacre administratif, scientifique, consciencieux, tel que pouvait être un massacre organisé par les Allemands. Ce qui constitue la spécificité de la Shoah, c'est qu'un État européen, dont les traditions culturelles sont anciennes et prestigieuses, dont la civilisation a donné au monde Bach et Beethoven, Goethe et Schiller, Kant et Hegel, cet État-là a tenté de rayer de la carte du monde une partie de ses citoyens, puis les citoyens d'autres pays, sous prétexte qu'ils appartenaient à un peuple, jugé à la fois inférieur et dangereux, condamné pour n'avoir pas d'attaches nationales et pour être terriblement subversif, désigné comme le suppôt du bolchevisme et du capitalisme, le responsable de la modernité et de la décadence, corrompu et corrupteur. [...]
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