[...] C'est dans le château de sa famille lombarde que naît Thomas, près d'Aquino
en Italie vers 1225 (1228 selon les sources). Après avoir été élevé par les
bénédictins du Mont-Cassin, il poursuit ses études à l'université de Naples, où il
étudie la grammaire, les sciences naturelles, la science arabe et la philosophie
grecque.
A l'issue de ces études, il prend la décision de rejoindre l'ordre dominicain en
1244. Sa famille, une des plus importantes d'Italie, ne tolère pas qu'il puisse entrer
dans un ordre mendiant et elle le fait emprisonner pendant plus d'une année à
Roccasecca.
Après cet emprisonnement, il poursuit ses études à Paris pendant trois ans où
il est l'élève du philosophe scolastique allemand Albert le Grand, qui tente d'accorder
la théologie à la philosophie. Il le suit à Cologne et ses condisciples sont notamment
Ambroise de Sienne et Thomas de Cantimpré.
Saint Thomas étant de forte corpulence et d'humeur taciturne, ses camarades
novices lui donnèrent le surnom de « grand boeuf muet de Sicile ». Mais dans une
argumentation qu'il soutint publiquement, il répondit avec une dialectique si pointue
et si lumineuse qu'Albert le Grand se tourna vers ses élèves et leur prédit que « les
mugissements de ce boeuf retentiront dans tout l'univers ». Comme son maître, il est
ouvert à la renaissance des oeuvres de l'Antiquité, celles d'Aristote notamment.
En 1248, il commence à enseigner à Cologne où il est ordonné prêtre en
1250, puis revient à Paris où il est reçu bachelier et occupe une chaire de théologie.
Il y enseignera de 1252 à 1259. En 1257, il obtient le grade de docteur, prêche dans
plusieurs villes d'Italie et enseigne à Rome. C'est d'ailleurs là qu'il commence à
rédiger ses premiers écrits théologiques. Dès lors, sa renommée s'étend dans toute
l'Europe et les papes qui se succèdent l'appellent à leurs côtés. Ainsi, le pape
Alexandre IV qui régna de 1254 à 1261, le fait venir à Rome en 1259, où il est investi
de la fonction de conseiller et de maître à la cour papale.
Saint Thomas, qui n'était encore que Thomas d'Aquin, revient à Paris à la
demande du Roi et de l'Université. Il y enseignera de nouveau de 1269 à 1272. Il
devient ensuite régent des études à Naples, où il s'occupe d'une nouvelle école
dominicaine.
En mars 1274, Thomas d'Aquin tomba malade en se rendant au Concile de
Lyon, où le pape Grégoire X l'avait envoyé comme expert. Il mourut le 7 mars dans
l'abbaye cistercienne de Fossanova et le pape Jean XXII le canonisa en 1323. En
1368, il fut enterré à l'église Saint Sernin à Toulouse et en 1567 Pie V le proclama
Docteur de l'Église. [...]
[...] Pour expliquer cette nécessité, Thomas d'Aquin prend simplement l'exemple du pilote dont la direction est nécessaire au navire qui veut arriver à bon port. Ainsi il écrit : le navire, poussé par des vents contraires dans des directions opposées, ne parviendrait pas au but proposé s'il n'était dirigé vers le port par l'art du pilote (ligne 3 à On retrouve sur ce point une certaine influence d'Aristote qui, dans l'Ethique à Nicomaque, pose le principe selon lequel tout ce qui tend vers une fin (le Bien étant la fin suprême) a besoin pour sa conduite de la politique. [...]
[...] Dès lors pour Thomas d'Aquin, la raison individuelle est un don de Dieu, inspiré du modèle de la raison divine, et va permettre à l'Homme de monter vers Dieu. La loi chez Cicéron et la raison chez Thomas d'Aquin ont la même fonction : diriger l'Homme. Elles sont toutes deux innées en l'Homme qui les a reçues de Dieu. En ce sens, il convient de considérer Saint Thomas comme un théoricien de droit naturel dont Cicéron a quelque peu posé les bases. Cependant, le Dieu auquel Saint Thomas fait référence n'est pas Jupiter mais le Dieu des chrétiens. [...]
[...] Par cette raison, il serait son propre roi, mais sous la royauté suprême de Dieu (ligne 16). Il est possible d'associer ce point de vue à la pensée de Cicéron (106-43 av. J. qui, dans le De legibus, explique que la loi véritable et primitive, celle qui a pouvoir d'obliger et de défendre est la droite raison de Jupiter souverain. Cicéron distingue là la loi innée (nata lex) de la loi écrite (scripta lex), puisque la loi de la droite raison est conforme à la nature, crée par Dieu. [...]
[...] Pas tous ne la discernent mais tous doivent y être soumis, du moins quant à ses premiers principes. Ensuite, la loi humaine, positive, est une certaine mesure du Juste, en ce qu'elle tente de refléter la loi naturelle. Enfin, la loi divine a pour but de diriger l'homme vers sa fin, la béatitude éternelle. Cette fin est surnaturelle supérieure à la loi naturelle. Pour Saint Thomas, l'Homme doit tenter d'élever sa raison tandis que la loi divine se livrera partiellement en descendant vers l'Homme. Ainsi, les deux éléments se rencontreront au niveau de la Grâce, loi naturelle. [...]
[...] Toutefois, il faut y ajouter le formidable développement de Paris : devenue capitale royale, centre politique et foyer économique, elle est aussi le carrefour de la culture. L'enseignement s'y dispense partout et les étudiants viennent de l'Europe entière. Maîtres et étudiants se regroupent en une association semblable aux corporations professionnelles des villes et forment une conjuration que l'on appelle Université dès 1208. Elle s'ordonne surtout autour quatre facultés : théologie, droit, médecine, arts. Elle va introduire l'étude révolutionnaire de la logique formelle d'Aristote, qui sera redécouvert tant par des auteurs tels que Thomas d'Aquin que par les penseurs arabes, en d'autres lieux. [...]
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