Plus que jamais, le Hezbollah est au cœur de l'actualité. Sa confrontation avec Israël durant l'été 2006, dont on s'accorde généralement à considérer qu'elle s'est soldée par un demi-échec pour l'Etat hébreu, a fait la une des journaux durant des semaines, et a valu au mouvement un grand prestige dans le monde arabe. D'autre part, le Hezbollah occupe une place plus centrale que jamais sur la scène politique libanaise : au moment où ces lignes sont écrites, l'incertitude est forte sur l'avenir du régime actuel, devant la force d'une opposition au sein de laquelle le Hezbollah joue un rôle majeur.
Celui-ci semble donc incontournable au niveau du Liban. Et il l'est aussi, plus généralement, au niveau de l'ensemble du Moyen-Orient. Son pouvoir de nuisance face à Israël, ses liens étroits avec la Syrie et un Iran qui s'affirme chaque jour davantage, en font un acteur majeur avec lequel il faut compter, vraisemblablement plus encore dans les années qui viennent qu'aujourd'hui.
Or, force est de constater que l'on connaît assez mal le Hezbollah. La littérature en langue française sur le sujet est vraiment peu abondante. Si la figure de Nasrallah est, depuis peu, bien connue en Occident, le mouvement en lui-même paraît assez obscur. D'où l'objectif de ce mémoire : prendre ses distances avec l'actualité brûlante afin d'essayer de comprendre le Hezbollah.
Plus précisément, il s'agit de saisir la nature du mouvement, de prime abord très confuse pour un esprit occidental. En effet, le Hezbollah est musulman et plus précisément chiite, dirigé par des religieux, ce qui laisserait penser qu'il est un groupuscule religieux. Mais au vu de ses nombreuses actions armées, on serait plutôt tenté de dire qu'il s'agit d'une organisation militaire, voire terroriste pour certains. En même temps, le Hezbollah est intégré à la vie politique libanaise, participe aux élections : on aurait donc tendance à naturellement le considérer comme un parti politique.
Aussi, sous quel angle envisager la nature du Hezbollah ? S'agit-il d'une organisation religieuse, politique ou militaire ?
Une analyse approfondie révèle que ces trois composantes sont en fait étroitement imbriquées, dans les fondements du mouvement (I) comme dans son action (II).
[...] L'idéologie du Hezbollah : la politique et la force au service d'objectifs religieux 1. L'objectif ultime : mettre en place un ordre islamique Selon cette idéologie inspirée essentiellement par Khomeini, son successeur Khamenei, et quelques idéologues tels que Nasrallah ou Qasim les musulmans ont pour mission d'établir un ordre islamique, c'est-à-dire la société juste voulue par Dieu, celui-ci étant la source de toute souveraineté, autorité et richesse. Les lois de Dieu (shar'allah), qui trouvent leur source dans le Coran, les traditions du Prophète et des imams, ainsi que dans les interprétations des ulémas, doivent prévaloir sur toutes les lois humaines. [...]
[...] Si l'on met de côté la bonne organisation du parti, cette victoire peut s'expliquer par plusieurs raisons : l'existence d'électeurs convaincus par son idéologie (essentiellement dans le sud de Beyrouth, au sud-Liban et dans la plaine de la Beqaa) ; le combat du mouvement contre Israël, qui lui vaut un réel soutien populaire ; cette popularité vient aussi des services sociaux proposés par le Hezbollah, qui changent la vie de beaucoup nous y reviendrons. En 2000, le Hezbollah obtient 9 des 27 sièges chiites (contre 6 pour Amal). [...]
[...] D'ailleurs, les intérêts de l'Iran ont commencé à converger avec ceux d'une Syrie prête à accepter n'importe quelle aide pour bouter Israël hors du Liban, et désireuse d'éviter à tout prix d'être isolée dans la région. D'où un renforcement des liens entre les deux pays. Cette alliance irano-syrienne a considérablement aidé le Hezbollah, lui permettant notamment d'obtenir l'aide iranienne à travers la Syrie. ( Ainsi, le Hezbollah, à l'origine mouvement essentiellement militaire, est né d'un mariage entre des militants chiites libanais et l'Iran islamique, non sans arrières pensées politiques. ( On le voit, dans ses origines comme dans son émergence, l'histoire du Hezbollah se caractérise par une imbrication étroite entre religion, politique et force armée. [...]
[...] Le Hezbollah Sommaire Introduction I. Des fondements historiques et idéologiques à la fois religieux, politiques et militaires A. L'histoire du Hezbollah : une imbrication étroite et permanente entre chiisme, politique et force armée 1. Les explications historiques de la naissance du Hezbollah a. Les causes profondes : entre religion, politique et guerre b. Les éléments déclencheurs 2. La création du Hezbollah : une milice fondée par des religieux a. Les prémisses b. [...]
[...] ( Tout en restant fidèle à son idéologie, les modes d'action du Hezbollah ont évolué : à la violence s'est ajoutée la participation à la vie politique. Qu'on le considère comme un groupement terroriste qui est devenu un parti politique, ou comme un mouvement jihadiste qui participe à la vie politique, force est de constater la spécificité du Hezbollah : il combine des aspects religieux, politiques et militaires. Ce dont son organisation interne, très hiérarchisée, rend parfaitement compte. B. Une organisation et des activités mêlant politique, religion et actions armées Cet organigramme, qui représente de façon simplifiée l'organisation interne du Hezbollah, illustre à merveille l'imbrication que nous cherchons à démontrer : une direction religieuse chapeaute un appareil politique d'une part et militaire d'autre part Il semble essentiel de s'attarder sur l'organisation du Hezbollah car, outre son intérêt propre, elle nous permettra de brosser un rapide tableau des principales activités du mouvement Une direction composée essentiellement de religieux Le Hezbollah a une direction collégiale : les sept membres du Conseil de la Shura (principalement des religieux) sont élus pour trois ans par les 200 cadres qui composent le Conseil central. [...]
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