« S'il faut appeler paix l'esclavage, la barbarie ou l'isolement, il n'est rien de si lamentable pour les hommes que la paix. » Telle fut la position défendue et soutenue, sans ambages, par Spinoza, au cours de son Traité politique. Ce postulat souligne la dialectique dévoilant les antinomies entre, d'une part, ce que l'on pourrait nommer « l'esprit munichois » jouant sur les « évidences du cœur », c'est-à-dire le pacifisme, ce « nationalisme des pauvres » pour reprendre Brecht, et, de l'autre, le volontarisme en matière d'affaires étrangères ainsi que de relations internationales. S'il est, en effet, avéré que toute violence est en soi mauvaise, que toute violence est assimilable à une défaite de l'esprit et de la pensée, la force doit-elle néanmoins toujours faire l'objet d'une condamnation ? S'il « existe des valeurs supérieures aux frontières d'un Etat », comme l'affirmait subtilement Vaclav Havel, est-il possible d'envisager de justes recours à la force ? N'existe-t-il pas, en effet, des éléments conduisant à considérer certaines paix comme exécrables, inacceptables ou injustes ? La souveraineté d'un Etat recroquevillé sur ses frontières et méprisant la dignité humaine, peut-elle, d'autre part, entraver toute forme de solidarité humaine ?
Jadis a été élaborée une doctrine de la guerre juste. Après l'avoir étudiée, nous verrons comment elle a été, de nos jours, réactivée et quels débats elle a fait éclore.
[...] Il n'est dès lors pas étonnant de retrouver parmi les détracteurs du droit d'ingérence les thuriféraires du modèle westphalien. La Paix de Westphalie, signée en 1648, marque une étape majeure dans l'histoire du droit international public. En même temps qu'elle mit fin à la guerre de Trente Ans, cette Paix consacra la naissance d'un système international fondé sur une pluralité d'Etats indépendants ne reconnaissant aucune autorité supérieure à eux. Outre le problème de la souveraineté des Etats qu'il contribue amplement à remettre en question, le droit d'ingérence ferait l'impasse sur le droit international humanitaire La notion de droit d'ingérence, selon ses détracteurs, procèderait d'une analyse erronée des rapports entre le droit et l'humanitaire. [...]
[...] Quel est donc le débat s'organisant et portant sur ce concept ? La question du droit d'ingérence renvoie inéluctablement au dilemme des droits et devoirs réciproques des Etats à l'endroit, à la fois, de ceux des individus ainsi que de ceux de la communauté internationale. Si, en effet, l'Etat est souverain, comment pourrait-il être soumis au droit ? Le débat relatif au droit d'ingérence se structure donc autour de deux grands courants de pensée antagonistes ; celui de la raison d'Etat ainsi que celui des droits de l'homme. [...]
[...] Il semble, en conséquence, que s'opposer catégoriquement à ce droit d'ingérence soit assimilable à une lutte d'arrière-garde. Les droits de l'homme le disputent, de plus en plus fréquemment avec succès, à la raison d'Etat. La modernité l'emporte sur l'archaïsme. Bibliographie - La Puissance de la liberté de Yves Roucaute - Le néoconservatisme est un humanisme de Yves Roucaute - Democratic Realism de Charles Krauthammer, - Droit d'ingérence de Moreau-Desfarges (Presses de Sciences - Revue Esprit, - Operation Iraqi Freedom de Thomas Donelly, - Articles de Ken Weinstein (Hudson Institute), - Dictionnaire de relations internationales de Smoots (Presses de Sciences - Le Droit d'ingérence de Mario Bettati. [...]
[...] Guerres justes et droit d'ingérence S'il faut appeler paix l'esclavage, la barbarie ou l'isolement, il n'est rien de si lamentable pour les hommes que la paix. Telle fut la position défendue et soutenue, sans ambages, par Spinoza, au cours de son Traité politique. Ce postulat souligne la dialectique dévoilant les antinomies entre, d'une part, ce que l'on pourrait nommer l'esprit munichois jouant sur les évidences du cœur c'est-à-dire le pacifisme, ce nationalisme des pauvres pour reprendre Brecht, et, de l'autre, le volontarisme en matière d'affaires étrangères ainsi que de relations internationales. [...]
[...] Elle serait en quelque sorte déclarée illégale. Doit-on en conclure que, dans les cas où ce droit n'est pas accordé, un devoir de non-ingérence s'imposerait ? Le caractère équivoque, non précisément défini, du droit d'ingérence concourt, in fine, à le disqualifier. D'autant plus que les précédents exemples d'ingérence ont souvent mal tourné. Les luttes de clans, en Somalie, ont continué après le départ des troupes internationales. Un Etat, à savoir les Etats-Unis d'Amérique, s'est investi dans une opération humanitaire sans s'assigner des objectifs politiques. [...]
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