Les gueules cassées d'Otto dix, l'impressionnant Guernica de Picasso, les champignons d'Hiroshima réinterprétés par Murakami, les Twins Towers s'effondrant sous les yeux des téléspectateurs médusés, autant d'images qui ont profondément marqué le 20éme siècle. La technique picturale ou télévisuelle rend compte de la technique de guerre dans une funeste mise en abîme.
[...] La science a permis la création de précieux outils militaires, comme le transistor ou les lasers. Les travaux de recherche commencent dans des laboratoires scientifiques et sont ensuite pris en charge par les militaires. Ces derniers ont besoin des scientifiques pour faire d'un conflit une guerre moderne et pour être à la hauteur des adversaires. Mais il ne s'agit pas uniquement de gadgets pour mieux communiquer, être plus discret ou mieux cerner l'ennemi, il s'agit également de mieux tuer ou du moins de tuer plus efficacement C'est ce que met en avant Pap Ndiaye dans sa conférence Du gaz moutarde à la bombe il parle en effet d'une guerre des chimistes Les guerres mondiales du 20e siècle furent marquées par la mobilisation massive des laboratoires et des industries chimiques, il n'est plus question de poudre à canon, mais de gaz de combat, la guerre se pense désormais comme une guerre d'extermination, les batailles sont l'annihilation de masses humaines. [...]
[...] Beaucoup d'autres scientifiques travaillent pour de grandes compagnies, pour différents types de marchés, ils fournissent des cartes, inventent des instruments etc. Leur savoir est pragmatique, et efficace. La production des savoirs et des techniques est mélangée. C'est dans cette dimension que réside le premier bouleversement : les scientifiques exercent leur savoir au service de quelqu'un. De plus, une dimension financière apparaît, les scientifiques ne sont pas forcément neutres, ils veulent que les industries dans lesquelles ils travaillent (laboratoires pharmaceutiques, grandes compagnies etc.) gagnent de l'argent, soient cotées. [...]
[...] Or, il n'y a pas de confusion possible entre Einstein et Verdun, ce qui explique l'impression de provocation que l'on ressent lorsque l'on voit le titre Guerre et science Nous savons que les sciences font souvent l'objet d'applications pratiques, mais nous les imaginons malgré tout, comme des connaissances déconnectées de toute intervention et nous refusons de voir les liens possibles qu'elles ont avec la guerre. On peut se demander si cette perception n'est pas infiniment trompeuse. Comment comprendre l'expression transformer la nature ? [...]
[...] Pestre, Les sciences pour la guerre, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Civilisations et Sociétés, numéro Rasmussen et C.Prochasson, Au nom de la patrie, les intellectuels et la 1ere Guerre Mondiale, La Découverte, Textes à l'appui P.Ndiaye, Du nylon et des bombes, Belin, Cultures américaines T.Delpech, La guerre parfaite, Flammarion, 1998. [...]
[...] Que deviennent donc cette science consciente d'elle- même et cette technique limitée au besoin ? L'image d'une science vertueuse n'est plus tenable Les scientifiques et la logistique : Au-delà du matériel en lui-même, les scientifiques sont une nécessité dans la guerre car ils aident les militaires à analyser le combat. Durant un conflit, les militaires sont contraints de faire de la gestion. Ils doivent gérer les hommes, le matériel, analyser les lieux et l'action. Dans cette tâche, les scientifiques sont une aide précieuse, ils leur permettent de considérer tous les paramètres utiles à la victoire. [...]
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