« La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre, une politique sanglante ». Ces quelques mots de Mao Tsé-Toung, homme d'Etat chinois, soulignent la complexité du lien entre la politique et la guerre et contrarient le fait, qui apparaît cohérent en philosophie politique, d'opposer la guerre et la politique et, ainsi, de faire un contraste entre le calme de la vie pacifiée et la violence des discordes qui se manifestent à cause de l'absence d'un lien social harmonieux.
[...] Le recours à la violence peut être entendu comme un échec de la politique dont tout le projet est justement de former et de conserver, d'abord dans la cité, puis au-delà de son sein, un ordre qui ne doive rien à la violence. De plus, lorsqu'aucune solution politique pacifique n'est trouvée et que la guerre devient la continuation de la politique par d'autres moyens, il y a donc recours à la guerre, mais la paix sera ensuite à reconstruire, ce qui peut s'avérer plus long que par des voies pacifiques. [...]
[...] Ajoutons que le chef politique est supérieur hiérarchiquement au chef militaire dans nos sociétés contemporaines. Ainsi, la Guerre froide est une guerre qui prouve la primauté du politique sur la guerre puisqu'il n'y a pas eu directement de conflits armés. Il s'agissait davantage d'une guerre idéologique. D'ailleurs, au niveau juridique cette hiérarchie est affirmée par la Constitution française qui déclare que La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement (Article 35). Certes, le chef politique peut s'avérer être le chef militaire, comme ce fut le cas en France avec Clémenceau ou De Gaulle, mais c'est alors le côté politique qui l'emporte sur le côté militaire. [...]
[...] La guerre, quant à elle, est le recours à la force armée pour dénouer une situation conflictuelle entre deux ou plusieurs collectivités organisées : clans, factions, États. Elle consiste, pour chacun des adversaires, à contraindre l'autre à se soumettre à sa volonté. (Petit Larousse). Il apparaît que la politique et la guerre, que l'on peut qualifier de partout et de toujours, se rapprochent. En effet, la politique peut être perçue comme une bataille où le vainqueur a le droit de contraindre l'autre et de le soumettre à sa volonté. [...]
[...] La guerre est ainsi la continuation de la politique par d'autres moyens. Pour Clausewitz, la guerre est une simple continuation de la politique d'État par d'autres moyens (De la guerre). La guerre n'est alors employée qu'en dernière instance afin d'arbitrer des conflits que la diplomatie n'a pas été en mesure de régler. De même, selon Machiavel, dans Le Prince, la guerre est justifiée par l'intérêt d'un État : sa conservation ou son accroissement. L'État poursuit alors sous d'autres formes la politique qu'il conduisait en temps de paix. [...]
[...] La guerre peut donc être perçue comme un instrument au service d'un projet révolutionnaire, c'est-à- dire une condition de l'ordre politique qui serait un préalable à la paix perpétuelle. Telle est la vision de Lénine qui voulait recourir aux moyens militaires pour réaliser les objectifs de la révolution. On peut également citer Giap, Mao ou Che Guevara qui raisonnaient également dans ce sens. De même, le Japon a connu ce processus de construction de l'État par la guerre entre 1860 et 1890, c'est-à-dire entre la fin de l'ère Edo et le début de l'ère Meiji. [...]
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