L'étude de la Grèce antique ne saurait être dissociée de la guerre, qui y est un phénomène endémique, marquant profondément la vie sociale. En raison de sa récurrence, les Grecs en vinrent à l'accepter comme un fait naturel, ne s'intéressant plus qu'aux causes des guerres et non pas aux causes de la guerre.
Si la raison d'être de la guerre pose encore parfois problème aux historiens de l'antiquité grecque, ce qu'ils retiennent des belligérants, c'est que tout était bon pour se prévaloir de son bon droit à l'occasion d'un conflit, et de se défendre, si possible en attaquant.
Pour Platon et pour Aristote, l'origine fondamentale de la guerre siège dans le désir d'en avoir plus ; d'acquérir pour l'un des richesses et éventuellement des esclaves, force productive première ; d'acquérir pour l'autre avant tout des esclaves. Mais les deux mettent aussi en avant l'argument de la nourriture, caractéristique au stade précivique de l'humanité. Il apparaît donc que la raison de l'ordonnance d'un conflit, peut parfois aussi revêtir des aspects économiques.
Dans la vie quotidienne des citoyens grecs, la guerre est un souci omniprésent et y participer, est pour eux une obligation. Décider de la guerre constitue partout l'attribution minimale des assemblées populaires. Seule la guerre intercommunautaire (polémos) est acceptée, la guerre civile (stasis) n'est qu'une infamie. Mais imaginer que la guerre a toujours embrasé la totalité du monde grec serait faux, car la plupart du temps, la multitude des petites cités était à l'abri de grandes puissances comme Athènes, Sparte, les deux puissances qui nous serviront de point d'appui.
Contraints de prendre conscience des interventions humaines dans le jeu constitutionnel, les Anciens découvrirent la philosophie politique. La guerre subit en conséquence, l'hégémonie de la pensée politique. La guerre fut traitée comme un moyen au service de la politique.
Compte tenu de la répétition du phénomène guerrier, il est légitime de se demander si, dans la Grèce antique, la guerre relève du seul commandement militaire ou si la politique tient une place prépondérante dans la conduite des hostilités. La guerre et la politique sont-elles imbriquées dans la Grèce antique ?
La première partie s'intitulera (I) Aux armes citoyens ! La seconde partie abordera (II) Le rôle politique des armées dans le monde grec à l'époque classique.
[...] Le dévouement civique, ce fondement de l'organisation hoplitique et de la solidarité citoyenne, se fane. Les citoyens, à qui on a peut être trop demandé pendant la guerre du Péloponnèse, sont de moins en moins disposés à participer à la défense civique, d'autant plus que démographiquement, leur nombre diminue avec les guerres. Les guerres hoplitiques avaient eu pour intention consciente, que les guerres, fréquentes mais courtes, restaient supportables par les communautés. Et justement, c'est peut-être parce que la guerre du Péloponnèse a été cette fois trop longue, que les cités n'ont plus pu en supporter le fardeau. [...]
[...] Noyau dur de l'armée citoyenne, ce sont de petits propriétaires capables de prendre en charge eux-mêmes les frais de leur équipement lourd. Ils sont entraînés pour une guerre saisonnière. Marathon (490 av. J.-C.) représente la mise en pratique d'un schéma idéal où l'armée athénienne était composée des seuls hoplites ; hoplites qui doivent respecter le jus in bello car la guerre est devenue institutionnalisée. Il existe un lien fondamental qui unit la guerre à la politique, qui relie le guerrier-citoyen à la cité démocratique. L'engagement personnel des citoyens est indispensable à la réalisation des buts politiques. [...]
[...] D'ailleurs, le pouvoir militaire, constitué avant tout de citoyens armés, était subordonné à la communauté, assujetti à ses buts politiques, à tel point que la guerre grecque était la politique elle- même. Ainsi, la formule de Clausewitz selon laquelle La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens s'applique-t-elle idéalement à la politique-guerre de la cité grecque Cependant, dès le IVe siècle av. J.-C., la guerre en Grèce échappa au contrôle de la cité. Epuisés par les guerres, les Grecs aspiraient alors à la paix. Et pour Aristote, La paix est la fin ultime de la guerre Bibliographie ARON R. (1976), Penser la guerre, Clausewitz. Gallimard. [...]
[...] Le rôle politique des armées dans le monde grec à l'époque classique Après avoir explicité en premier lieu la théorie de Clausewitz ( 2.1 nous nous pencherons en second lieu sur ( 2.2 La subordination du militaire au politique Vérification de la théorie de Clausewitz pour qui La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens La guerre, en tant qu'activité, est un combat entre combattants et non pas l'exercice unilatéral de la violence armée. La guerre est une violence politique, motivée par l'hostilité au nom d'une cause collective ou transcendante (au nom de la cité par exemple). La guerre peut donc être appréhendée comme un instrument de la politique. Pour Clausewitz, la guerre ne saurait être analysée hors de la logique politique. [...]
[...] Le but de la guerre n'est pas de tuer pour tuer. La victoire doit ouvrir sur une négociation. La stratégie, puisque la guerre est subordonnée à la politique, a donc pour mission d'exploiter la paix qui suit la victoire, de l'organiser en tenant compte du nouveau rapport de force. La victoire ne saurait être une fin en soi, une recherche systématique de la capitulation, qui n'aurait aucune conséquence politique La subordination du militaire au politique En principe, il n'y avait pas de séparation entre les corps civil et militaire du gouvernement. [...]
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