Le concept de groupe d'intérêt fait l'objet de nombreuses définitions reposant sur des critères très différents.
Afin d'appréhender ce sujet dans le cadre européen, nous prendrons comme pont de départ la définition qui en est donnée par E. Grossman (2003) (...)
[...] Grossman, l'adaptation des acteurs économiques à l'intégration européenne passe par leur institutionnalisation et par l'apprentissage qui leur permet ainsi de moduler en partie l'incertitude créer par l'Acte unique et le traité de Maastricht même si elle ne l'efface pas. Par ailleurs, il faut souligner que les acteurs présents à Bruxelles ne sont pas seulement motivés par leur croyance en l'intérêt d'un traitement communautaire de leur secteur pour peser dans le jeu politique, mais également par des opportunités professionnelles (dont financières) (C. Robert). Cependant, cette capacité à s'européaniser qui s'avère crucial pour la survie politique et financière des secteurs concernés se trouve inégalement répartie. L'inégalité d'accès au processus décisionnel pour les groupes d'intérêts. [...]
[...] Ainsi, l'élaboration d'expertises par les groupes d'intérêts ne résulterait pas seulement d'une volonté d'influer dans le processus décisionnel européen, mais serait également le fruit d'une stratégie d'adaptation à l'intégration européenne de secteurs privés et publics des sociétés européennes, dans l'optique de perdurer économiquement ou politiquement. Par conséquent, ces acteurs ont dû s'européaniser, c'est-à- dire revendiquer une présence et une action à Bruxelles (C. Robert). II) L'expertise comme vecteur d'européanisation d'acteurs publics et privés, source d'inégalité d'accès de ces groupes au processus décisionnel. La nécessité pour les structures privées et publiques nationales de s'européaniser pour peser dans le jeu politique. C. [...]
[...] En outre, D. Demortain, montre à travers l'analyse des activités d'un cabinet de consultants que les groupes d'intérêts privés contribuent à une politisation du processus décisionnel. En effet, bien que ces groupes produisent de l'expertise, celle-ci ne présente pas seulement un aspect technique car l'usage qui en est fait peut être purement politique. Ainsi, dans son exemple, D. Demortain indique que la mission confiée par une entreprise au cabinet de consultants est de renverser la tendance ou de retarder le vote d'une décision au Conseil que va présenter la Commission sur la non commercialisation d'un des produits de l'entreprise. [...]
[...] Un lobbying fondé sur l'expertise résultat d'une stratégie communautaire qui s'impose au centre d'un processus de prise de décisions fragmenté. Selon C. Robert, le lien existant entre les groupes d'intérêts et la Commission serait plus souvent le résultat d'une stratégie volontaire de cette dernière que le résultat de tactiques des groupes de lobbying. Cette idée se trouve éloignée de la vision traditionnelle présentant ses groupes comme de véritables instruments de pression sur les institutions. Ainsi, il s'agirait plutôt de mettre en évidence une relation d'interdépendance entre les institutions communautaires et ces groupes d'intérêts. [...]
[...] Or, il faut souligner que l'opacité du processus de décision rend cet apprentissage ardu. En outre, le coût d'une présence à Bruxelles quand elle n'est pas rémunérée par les institutions communautaires, renforce cette inégalité d'accès à la scène politique bruxelloise. A ce titre, M.-C Kessler souligne que les grands corps administratifs français se trouvent mis en difficulté par des impératifs financiers lorsqu'ils veulent parachuter ces membres à Bruxelles. De plus, l'autonomisation de l'administration européenne en tant que lieu où l'on fait carrière renforce cette difficulté à assurer une présence permanente. [...]
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