Les groupes d’intérêts - conflits d'influence de l'action collective

Résumé du document

Le terme « groupe d'intérêt », ou lobby en anglais, est vaste et regroupe aujourd'hui associations, entreprises, chambres, syndicats, ordres professionnels, fédérations, ONG, Eglise… Ce sont des entités qui cherchent à représenter des intérêts de sections particulières de la société en vue de faire valoir leur point de vue auprès des élus et des institutions, et ainsi d'influencer des décisions politiques.

La France a longtemps ignoré ce qui s'apparentait de près ou de loin à une structuration de la société civile (elles sont un niveau d'interaction médian entre les autorités ou pouvoirs publics et les citoyens) sous forme de groupes d'intérêts. Officiellement et constitutionnellement exclus du processus de décision, leur activité est néanmoins tangible.

Pourtant, de nombreux exemples montrent que tous les groupes d'intérêt n'ont pas le même poids politique. Ainsi, malgré les protestations de la société civile au sujet du taser X26, des syndicats de gauche et de la proposition de loi anti-Taser, le port de celui-ci par les policiers municipaux a été obtenu par le groupe Taser France ; le décret étant paru au journal Officiel du 23 septembre.

Extraits

[...] Le patronat est efficace, car organisé sur la base d'une multiplicité de regroupements spécifiques d'entreprises. Offe et Wiesenthal : capacité à maximiser le champ associatif à la fois en termes d'effectifs ET d'intérêts. Pour eux, les intérêts de classe des salariés sont moins clairs et plus difficiles à défendre dans un cadre organisé que ceux des entreprises. Car ils ont des difficultés à unifier leur membres, unifier leurs intérêts et donc adopter une stratégie de maximisation des effectifs. Ça rejoint la thèse de Hirschman : il leur faut une idéologie pour surmonter les coûts comparativement élevés de l'action collective. [...]

[...] L'Etat devient providence, se ramifie, se sectorise. Division du travail social se raffine : les intérêts se démultiplient, se miniaturisent. Ce ne sont plus des identités classistes ou professionnelles, moins liées à la société de production. De l'intérêt au groupe d'intérêt L'intérêt qui fait le groupe et le groupe qui fait l'intérêt (BOURDIEU et BOLTANSKI) Les intérêts sont indéfinis et bornés, indéfinissables objectivement puisque résultat toujours controversé et remis en question, du travail d'énonciation de ceux qui constituent le groupe cible et les individus formant le groupe, comme communauté vivante, avec une crédibilité très différente variant en fonction de leur capacité à assurer avec représentativité la représentation du groupe et à faire connaître l'existence et la nécessité du groupe social qui légitime l'action du groupe d'intérêt. [...]

[...] Il apparaît que l'indépendance des groupes d'intérêts est essentielle pour préserver leur crédibilité et celle de leur porte-parole. [...]

[...] Ainsi, malgré les protestations de la société civile au sujet du taser X26, des syndicats de gauche et de la proposition de loi anti-Taser, le port de celui-ci par les policiers municipaux a été obtenu par le groupe Taser France ; le décret étant paru au journal Officiel du 23 septembre. Il s'agit donc de comprendre en quoi les méthodes et organisations des groupes d'intérêt vont déterminer leur capacité d'action. Quel statut l'Etat accorde aux différents groupes d'intérêts. En premier lieu : Pourquoi représenter l'intérêt ? Quelle légitimité accorder aux groupes, qui se sont accordé le monopole des intérêts ? [...]

[...] C'est ce que l'on appelle l'internalisation. Se développent des mobilisations locales ou nationales autour d'enjeux communautaires. Les groupes d'intérêt interviennent au préalable en ayant une discussion au préalable avec les pouvoirs publics nationaux. Les groupes n'ont en effet nul besoin d'agir au niveau européen, car il suffit du véto de leur pays pour s'opposer aux négociations. Le cas du nucléaire : externalisation et internationalisation Mais l'appel au gouvernement n'est plus systématique. Groupes d'intérêts du nucléaire allemand et français ont ainsi, après Tchernobyl, consenti à créer des nouvelles associations regroupant des acteurs économiques européens et internationaux. [...]