« Quand les groupes sont expliqués, tout est expliqué » : l'un des pères fondateurs américains des études sur les groupes d'intérêt, Arthur Bentley, voyait en effet dans la compétition des groupes les causes et les sources de tout ce qu'il appelait les « phénomènes de gouvernement ». En Europe, et si l'on se concentre plus particulièrement sur le cas de la France, le rôle de l'Etat ou des partis est autrement plus important qu'aux Etats-Unis, élément qui semble peu ou pas compatible avec une vision du politique fondée sur les groupes. En France, les partenaires sociaux, principaux acteurs collectifs non-partisans des « Trente glorieuses », sont désormais concurrencés par un nombre non négligeable de groupes aux intérêts divers. Ces groupes emploient des répertoires d'action plus variés pour parvenir à leurs fins avec des personnels spécialisés dans des activités de démarchage politique, de mobilisation de l'opinion publique ou de certains réseaux politiques influents. Un lobby est un groupe de pression qui tente d'influencer les lois, les réglementations, l'établissement des normes, les décisions..., pour favoriser ses propres intérêts. Un lobby peut être un regroupement plus ou moins formel d'acteurs qui partagent des intérêts communs ou qui appartiennent à un même secteur d'activité professionnelle. On parle aussi de groupe d'intérêt ou de groupe d'influence. De manière générale, un groupe de pression est défini comme une entité organisée qui cherche à influencer les pouvoirs publics et les processus politiques dans un sens favorable à ses intérêts sans pour autant participer à la compétition électorale, ce qui le distingue du parti. Le terme voisin « groupe d'intérêt » renvoie plus largement à une entité qui cherche à représenter et à promouvoir les intérêts d'un secteur spécifique de la société.
L'étatisme français et une vision particulière de la démocratie ont souvent été tenus pour responsable du « sous-développement » relatif des groupes d'intérêt en France. Analyser l'évolution des groupes revient, dès lors, à analyser la transformation des formes du politique. On peut alors se demander dans quelle mesure peut on parler d'un modèle français de lobbying. Après avoir analyser ce phénomène assez ancien de lobbying français qui est aujourd'hui en pleine expansion, nous verrons ses limites.
[...] Cette thématique est contemporaine des premiers écrits sur l'Etat moderne et sa capacité à gouverner. On distingue deux grands courants : le premier rejette les groupes, les jugeant néfastes pour la définition de la volonté générale et donc nuisibles à la démocratie (Rousseau). Le second courant, qu'on pourrait appeler pragmatique partage en partie cette analyse, mais considère qu'il est impossible d'éradiquer les groupes de la vie politique et que, de ce fait, il revient au gouvernement de réglementer leur rôle pour en limiter les effets négatifs potentiels. [...]
[...] On peut par ailleurs aujourd'hui s'interroger sur les conséquences de l'émergence progressive d'une gouvernance à niveaux multiples dans laquelle le gouvernement cède certaines de ses prérogatives aux niveaux supranationaux, aux agences spécialisées ou aux groupes d'intérêt. Bibliographie Livres Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau Garnier Flammarion, Edition de 1966, pages 66-67. De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville Gallimard Collection Folio, Tome Edition de 1986, pages 291-293. Revues Lobbying et vie politique, dossier réalisé par E. Grossman, Problèmes politiques et sociaux, La documentation française, numéro 918, Novembre 2005. La transformation des groupes d'intérêt en France, sous la direction de Bruno Cautrès et Yves Déloye, Revue française de Science politique, 2006. [...]
[...] On assiste donc à une offre croissante et l'émergence d'un marché de travail pour les lobbyistes professionnels. De plus, de nouveaux acteurs sociaux s'inscrivent dans le jeu des groupes d'intérêt. La fin des années 1980 a été marquée par l'émergence d'un nouveau phénomène social : l'utilisation par des groupes de retraités de leurs ressources politiques pour faire pression sur les décideurs publics a bouleversé les représentations ordinaires sur une catégorie sociale considérée jusque là comme paisible et peu revendicative. Cependant, dans leur ouvrage Associations and democracy (1995), J. Cohen et J. [...]
[...] L'Etat y joue un rôle très central : il doit être compris comme un acteur à part entière et n'est pas seulement le pourvoyeur d'un cadre pour la compétition entre groupes de pression. Et pourtant aujourd'hui, la France change. Depuis la fin des années quatre-vingt, des dizaines de cabinets de lobbying ont vu le jour. Du fait de la mondialisation et de l'intégration européenne, en France peut-être plus qu'ailleurs, l'Etat voit son rôle diminuer et sa dépendance au soutien des groupes de pression s'accroître. Parallèlement, l'engagement politique se transforme et prend des formes de plus en plus variées. [...]
[...] Le terme voisin groupe d'intérêt renvoie plus largement à une entité qui cherche à représenter et à promouvoir les intérêts d'un secteur spécifique de la société. L'étatisme français et une vision particulière de la démocratie ont souvent été tenus pour responsable du sous-développement relatif des groupes d'intérêt en France. Analyser l'évolution des groupes revient, dès lors, à analyser la transformation des formes du politique. On peut alors se demander dans quelle mesure peut on parler d'un modèle français de lobbying. Après avoir analyser ce phénomène assez ancien de lobbying français qui est aujourd'hui en pleine expansion, nous verrons ses limites. I. [...]
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