L'Amérique latine est le continent aux plus fortes inégalités. Ces inégalités ne sont pas seulement le fruit de la mise en place des politiques libérales développées à l'instigation des théoriciens du Consensus de Washington. En effet, les inégalités sociales en Amérique latine sont issues de la hiérarchie rigide de la société coloniale où la mobilité sociale était quasi nulle. Creusées sous les régimes militaires, les inégalités continuent de progresser depuis la démocratisation. On dénombre environ 210 millions de pauvres en Amérique latine en 2006.
Le retour à la démocratie dans les années 1980 a suscité auprès des populations de grands espoirs. Cependant, les inégalités se sont creusées à cette même période, décrédibilisant ainsi l'efficacité du régime. Dans quelle mesure pouvons-nous considérer que la persistance et l'aggravation des inégalités socio-économiques peuvent constituer une menace à la stabilité des régimes démocratiques en Amérique latine ?
[...] Les mobilisations sociales de la décennie 1990 sont à l'image de la volonté de la population d'obtenir des gains sociaux à l'intérieur du système démocratique. Elles sont l'illustration d'un désenchantement démocratique. II/ La stabilité des démocraties latino-américaines mise en danger par les inégalités ? Discrédit des institutions et désenchantement démocratique : la crise de l'Etat Sur le plan de la représentation populaire de la démocratie, il faut signaler une importante perte de confiance généralisée à toute l'Amérique latine. En 1996, le Latinobarómetro recense 27% seulement de Latino- Américains satisfaits de la démocratie. Selon cette même population, la démocratie est loin d'être consolidée. [...]
[...] La mobilisation de la société civile dans la lutte contre les inégalités ? En réaction à cette crise de l'Etat et à la croissance des inégalités, on assiste à la renaissance de la société civile en Amérique latine. Ainsi, afin de pallier aux lacunes de l'Etat, il se développe une démocratie par le bas qui se met à prospérer dès le début des années 1980. En effet, la dégradation de cette démocratie par le haut c'est-à-dire celle des élites politiques a provoqué la formation d'une autre démocratie En conséquence, il se développe de nouveaux espaces de participation pour les citoyens. [...]
[...] En effet, les cadres de la transition démocratique originaux semblent effriter le socle fondateur de la démocratie latino-américaine. La transition démocratique s'est opérée d'un commun accord entre les militaires au pouvoir et les nouveaux représentants de la société civile dans plusieurs pays (Uruguay, Brésil, Chili). Les attentes populaires de justice sur les violations des droits de l'homme commises sous les régimes militaires n'ont été que partiellement satisfaites. La transition démocratique n'a donc pas permis une réconciliation complète. En conséquence, cela représente un traumatisme fondateur pour les nouvelles démocraties. [...]
[...] Les facteurs de cette perte de crédibilité de la démocratie sont multiples. D'abord, ils s'expliquent dans une large mesure, par le développement des narcodémocraties qui minent le fonctionnement des institutions démocratiques et plus globalement le fonctionnement de la société. Le développement du trafic de drogue avec l'arrivée de la cocaïne dans les années 1980 affecte de manière durable les sociétés latino- américaines. Cette économie illégale qui implique de nombreux acteurs de la société civile entraîne des conséquences désastreuses pour les pays. [...]
[...] Churchill. Maurice Duverger, Institutions politiques et droit constitutionnel, Paris, PUF p Olivier Dabène, Amérique latine, la démocratie dégradée, Bruxelles, Ed. Complexe CEPAL. CEPAL. Latinobarómetro PNUD Latinobarómetro Olivier Dabène, Amérique latine, la démocratie dégradée, Bruxelles, Ed. Complexe, 1997. [...]
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