Genèse de l'Etat occidental, Etat moderne, organisation politique, guerre, division du travail
Le terme d'État est utilisé à tort pour désigner toutes formes de gouvernement des sociétés. L'État est un type d'organisation politique particulier apparu en Europe entre le 15e et le 18e siècle et qui s'est imposé comme modalité légitime de gouvernement au sein des sociétés modernes.
Lagroye :
Cet État occidental peut se définir comme une forme d'organisation politique très différenciée des autres formes d'activités sociales, se caractérisant par un haut niveau de spécialisation des tâches politiques, assurant le monopole de la contrainte par des gouvernants assistés par une bureaucratie permanente dont les membres sont recrutés de manière impersonnelle et agissent selon des règles prédéfinies (définition très wébérienne de l'État).
[...] Les vassaux deviennent alors les feudataires, qui possèdent pleinement le fief. Le caractère proprement héréditaire de ce fief sera consacré par une décision royale de Charles le Chauve en 877 (Quierzy sur Oise). Cela est vu comme un moyen de renforcer le pouvoir sur la totalité du territoire par une chaine de contrats vassaliques. Ces liens vont progressivement apparaître comme bien plus forts que les liens entre le Roi et ses sujets, ce qui explique que les vassaux opteront pour la fidélité qu'il doit à son seigneur en cas de conflit entre ces deux types de liens. [...]
[...] Ils expliquent qu'il ne faut pas oublier que ce développement s'est fait en vue de satisfaire des intérêts politiques de l'État lui-même. Par exemple, en France, la politique d'accroissement fiscal était prioritairement définie d'après des exigences militaires ou pour une bureaucratie propre de plus en plus importante. La politique industrielle de l'État n'avait pas pour but de servir les élites marchandes mais cherchait à mettre sous contrôle ou en dépendance tout l'appareil de production (colbertisme, c'est-à-dire contrôle de l'État pour renforcer l'État). Le pouvoir royal renforce l'État pour contrer l'essor de la bourgeoisie naissante. [...]
[...] L'Etat central a remplacé la domination féodale sur le plan politique. En revanche, dans des Etats comme la Grande-Bretagne ou la Hollande, la société civile se serait organisée pour suppléer la disparition du système féodal. Dans cette seconde forme de l'Etat, les Etats ont progressivement intégré leur population sans avoir à développer de structures étatiques différenciées et autonomes. Enfin, dans les sociétés que Wallerstein qualifie de réellement semi périphériques, marquées par la persistance de relations communautaires fortes et centrées autour de la contrainte féodale et vont être marquées par une forte résistance des structures rurales, l'apparition d'un Etat fortement structuré a été nécessaire pour mater des paysans fortement organisés dans ces sociétés marquées par un communautarisme fort. [...]
[...] La guerre comme facteur d'émergence de l'Etat moderne. L'un des auteurs emblématiques de cette théorie est Charles Tilly, auteur de Contraintes et capital dans la formation de l'Europe 990-1990 (1992). Pour lui, ce ne sont ni principalement des facteurs économiques ni principalement des facteurs politiques mais la poursuite de la guerre et le renforcement de la capacité militaire qui serait à la base de la création de l'Etat Nation. Le processus de civilisation des gouvernements et de pacification interne de la politique, deux processus au principe de l'Etat moderne, s'explique par les exigences de la guerre contre des rivaux toujours plus puissants dans le système des États Nations. [...]
[...] L'Angleterre a d'ailleurs été la moins interventionniste des grandes puissances. Cette autorégulation de la société civile favorise l'apparition de mécanismes de représentation politique sophistiqués (autour du Parlement) et l'apparition du marché politique : deux facteurs qui rendent inutile un État fort La France, idéal type de l'Etat fort. La formation de l'État absolutiste s'est caractérisée par le renforcement du pouvoir royal qui réussit à limiter peu à peu l'indépendance de l'aristocratie et l'autorité des communes. Cette toute puissance du pouvoir royal est à la base de la construction de l'État fort à la française. [...]
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