« L'Amérique latine vire à gauche ». Tel a été le constat dressé par la majorité de la presse européenne au lendemain des élections présidentielles du Chili et de Bolivie qui ont vu le succès de Michelle Bachelet et d'Evo Morales. Et on cite alors, pêle mêle à l'appui de cette conclusion (hâtive), les précédents de Nestor Kirchner en argentine, de Tabaré Vasquez en Uruguay, de Lula au brésil ou de Chavez au Venezuela. Certains ajoutent à cette liste Fidel Castro à Cuba. Et rappellent qu'une grande partie du continent pourrait « basculer à gauche » lors de l'année 2006, très chargée en élection nationale sur le sous-continent. Pourtant, il paraît hasardeux de parler d'une bascule à gauche, tant celle-ci est diverse sur le continent américain. Cela revient à coller sur une réalité latino-américaine complexe une grille de lecture européenne fondée sur le binôme droite-gauche, avec, en toile de fond, un projet de révolution anti-impérialiste. Mais la gauche latino-américaine, désormais au pouvoir dans de nombreux pays, est loin d'être unie. En réalité, ses dirigeants reflètent un large éventail idéologique, allant du réformisme à un nationalisme plus ou moins radical.
[...] D'autres sont issus d'une gauche plus classique. L'accession de Michelle Bachelet à la présidence du Chili prolonge seize ans de coalition gouvernementale de centre-gauche. Toutefois, l'élection d'une femme constitue une petite révolution dans un pays où le divorce n'existe que depuis deux ans. Les différents partis de gauche latino-américain, eux non plus, n'ont ni le même passé, ni la même composition. Si le Parti des travailleurs de Lula, au Brésil, a fêté ses vingt-cinq ans, les Partis socialistes de Michelle Bachelet et de Tabaré Vazquez sont centenaires. [...]
[...] Mais, en réalité, la gauche démocratique latino-américaine ne cherche pas le conflit avec Washington. Chavez est seul sur ce plan. L'Amérique latine ne veut ni la confrontation ni la dépendance, mais plutôt une forme de partenariat dans l'autonomie. Mais cette volonté d'autonomie à l'égard des Etats-Unis, dans le sous-continent, dépasse le périmètre de la gauche. Le Mexique de Vicente Fox (droite) s'est ainsi opposé à l'intervention américaine en Irak. Et l'Accord de libre-échange nord-américain n'empêche pas Mexico de vouloir adhérer au Mercosur - l'union douanière sud-américaine, moteur de l'intégration régionale - ni de défendre les droits des immigrés aux Etats- Unis. [...]
[...] Le reproche qui lui a été adressé - vouloir instaurer une "république syndicale" - est désormais proféré à l'encontre du nouveau président bolivien, Evo Morales, chef des cocaleros (cultivateurs de feuilles de coca. Quant au Péruvien Humala, est- il de gauche ou n'est-ce qu'un démagogue populiste ? Chavez, Morales, Vazquez et Humala ont capitalisé sur la crise des partis traditionnels. Le péroniste Nestor Kirchner, lui, est issu d'un mouvement nationaliste créé il y a soixante ans et qui a marqué toute la vie politique contemporaine en Argentine. [...]
[...] Le basculement à gauche de l'Amérique latine ? Attention aux simplifications. L'Amérique latine vire à gauche Tel a été le constat dressé par la majorité de la presse européenne au lendemain des élections présidentielles du Chili et de Bolivie qui ont vu le succès de Michelle Bachelet et d'Evo Morales. Et on cite, pêle-mêle à l'appui de cette conclusion (hâtive), les précédents de Nestor Kirchner en argentine, de Tabaré Vasquez en Uruguay, de Lula au brésil ou de Chavez au Venezuela. [...]
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