La victoire du Front populaire, un rassemblement de partis et associations antifascistes, aux législatives du 3 mai 1936 s'inscrit dans un contexte très particulier. Depuis le krach boursier de Wall Street en automne 1929, l'économie mondiale est plongée dans une dépression qui ne cesse de s'éterniser et qui atteint tous les pays industrialisés au début des années 1930. La France fait partie de ces quelques pays qui ne sont pas touchés ni de manière immédiate, ni de manière importante : durant les « Années folles », elle connaît une remarquable prospérité et ne se retrouve concernée par la crise qu'à partir de 1931. Les années 1930 marquent également l'essor d'un nationalisme exacerbé : en effet, en Italie l'état fasciste s'est imposé peu après la Première guerre mondiale et la crise des années 1930 ne fait que renforcer les assises du totalitarisme de Mussolini. De même, en Allemagne la crise ouvre la voie au parti national-socialiste d'Adolf Hitler qui finit par s'installer au pouvoir en janvier 1933. Toutefois, l'originalité du Front populaire ne découle pas totalement de ce contexte international : alors que la France n'est pas la seule à connaître la crise économique et la montée du fascisme, elle est cependant la seule à vivre un tel mouvement politique et social qu'est la formation d'un gouvernement de Rassemblement populaire. En fait, la crise française revêt des caractères particuliers : la crise économique met à jour l'aspect archaïque des structures de production, elle exacerbe les antagonismes entre les groupes sociaux qui, pour la plupart, voient leurs conditions de vie se dégrader, et c'est une crise sociale qui débouche sur une crise politique puisque ce n'est pas seulement le gouvernement qui est remis en cause, mais aussi le régime parlementaire. C'est donc dans un cadre très tendu que le FP arrive au pouvoir avec un programme promettant « Le pain, la paix, la liberté », apportant une volonté de changement.
[...] Dans le domaine de l'agriculture, Georges Monnet est à l'origine d'un Office National Interprofessionnel du Blé (ONIB) pour rétablir l'équilibre des prix : il constitue les stocks et fixe les prix, il a le monopole du commerce extérieur des produits céréaliers. Quant au commerce intérieur, des coopératives sont mises en place. Après quelques mois au pouvoir, le FP peut se vanter d'un 1er bilan exceptionnel : de nombreuses mesures sont prises et se démarquent des politiques des gouvernements précédents, témoignant d'une véritable volonté de changement. Pourtant, dès l'été 1936, le FP se voit fragilisé au risque de briser l'alliance. II) Une expérience inachevée A. Un échec économique 1. [...]
[...] Les tentatives de réponse à la crise A. Tout d'abord, du point de vue politique Trois phases. Dans un premier temps, caractériser la crise politique des années 1930 avant de voir comment s'articule le rapprochement des forces de gauche, pour finir par voir quelle issue est proposée par le FP Le discrédit des institutions politiques. - C'est avant tout l'échec du gouvernement radical face à la crise qui est au cœur du discrédit du politique en général, et du régime parlementaire en particulier. [...]
[...] Les attaques proviennent du Parti Social Français de la Rocque, l'ancienne ligue des Croix de feu dissoute après l'arrivée du FP au pouvoir comme toutes les autres ligues d'extrême droite : il constitue la 1re force de mobilisation contre le FP. Mais c'est surtout à travers la presse que les attaques se font plus vives, les intellectuels étant très mobilisés dans des journaux comme Je suis partout Gringoire etc. Une campagne va même être menée contre le ministre de l'Intérieur Salengro, le poussant au suicide. Charles Maurras appelle au meurtre contre Léon Blum : à sa sortie en prison, un Comité propose de lui attribuer le prix Nobel de la paix ! 2. Une coalition impossible. [...]
[...] Les conséquences pour la production industrielle sont immédiates : une baisse de malgré des secteurs de pointe qui ont de beaux jours. L'agriculture connaît la surproduction de ses trois produits clés : le blé, le vin et les betteraves. La balance commerciale française se détériore rapidement : les revenus des invisibles (surtout ceux du tourisme) chutent, les dettes interalliées et les réparations ne sont plus payées. En 1935, alors que la plupart des pays commencent à se remettre de la crise, la France au contraire s'y enfonce : l'archaïsme de ses structures de production (qui lui avaient permis de retarder cette même crise) constitue un obstacle au dynamisme de l'activité économique. [...]
[...] - Le 1er différend : sur la guerre d'Espagne. Lorsque l'Espagne entre en guerre civile le 18 juillet 1936, tout porte à croire que le FP va venir en aide au gouvernement de Frente Popular, c'est d'ailleurs l'intention de Léon Blum. Mais les radicaux s'y opposèrent de peur de provoquer une guerre, les socialistes étant aussi divisés sur la question. A la place, un traité de non-intervention fut signé entre les pays européens, traité non respecté par l'Allemagne et l'Italie. [...]
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