« En un siècle, ce ne sont pas seulement les esprits qui ont changé, mais le texte de 1905 qui témoigne de cette évolution .» La loi prise en 1905 et faisant état de la séparation entre l'Eglise et l'Etat français instaurait ainsi le principe de laïcité comme l'un des fondements de notre société. Cependant, le principe de laïcité tend à être remis en question depuis quelques temps, notamment à-travers les affaires de « voiles » en milieu scolaire, faisant ainsi dire à MM. MONGIN et SCHLEGEL : « Comme si le religieux que la loi de 1905 avait voulu mettre ou remettre à sa place avait contaminé le laïque qui voulait s'en émanciper » . Le problème de coexistence entre loi religieuse et loi divine mène à des cas de contestations de cour selon G. HAARSCHER mais dans le même temps existe un réel risque de stigmatisation d'une partie de la population même extérieure au milieu scolaire laïc et qui démontre l'aspect sensible du problème auquel est actuellement confronté le gouvernement. J. COSTA-LASCOUX craint ainsi la minimisation du rôle de la loi dans un Etat de droit, et qu'il y ait une assimilation entre loi de principes et loi d'exception, que l'on pense la loi en terme d'interdiction et non de protection de l'immense majorité qui ne veut plus être soumise à des pressions et à des menaces. Le risque de stigmatisation touchant aujourd'hui toutes les religions aussi bien que les personnes athées, car « l'affirmation des identités culturelles s'est substituée à l'égalité des droits et des chances ». De plus, le débat est aujourd'hui aggravé par le phénomène d'individualisation attenante à la forme des sociétés modernes où le principe selon lequel « l'intérêt général n'équivaut pas à la somme des intérêts particuliers » n'est plus suivi par la population. WEBER postulait le « désenchantement du monde», mais il semblerait que de nos jours le communautarisme religieux reprenne une place prépondérante dans la société française, et qu'il crée une utilisation subversive du communautarisme démocratique.
On peut alors légitimement se demander si la notion de laïcité est-elle opposée ou concurrente à l'actuel retour en force de l'intégrisme religieux ? Nous avons sciemment choisi de ne pas nous focaliser ici sur le problème de la disparition des valeurs morales avec la mise en place de la loi de sécularisation de 1905, notre étude se focalisant plus spécifiquement sur l'erreur d'interprétation du principe de laïcité dans son acception originelle ( I ), et sur l'incidence de la structure sociétale dans le débat sur la laïcité ( II ).
[...] Dans quel but ces derniers ont-ils proclamé le principe de laïcité régissant toujours l'Etat français de nos jours ? Tous les auteurs que nous avons pu lire sont unanimes à ce sujet, la loi du 9 décembre 1905 mettait en place ce qu'ils nomment une séparation libérale et qu'ils opposent au combat de la laïcité contre l'Eglise catholique alors religion d'Etat. Il ne s'agissait donc pas à l'époque d'interdire le culte catholique et par suite tout culte religieux en France, mais plutôt de laisser tout citoyen français exercer sa propre religion. [...]
[...] Que sais-je 1ère édition p. Part-Dieu - Silo moderne : 1920-2005, K 149192. Ch. Delsol, La véritable démocratie, c'est le fédéralisme, in le Progrès septembre 2000. http://blog.alexandredelvalle.com/archives/8-Islamisme-et- communautarisme-une-strategie-de-conquete.html N. Sarkozy, La République, les religions, l'espérance, entretiens avec Th. Collin et le père Ph. Verdin, Le Cerf p. http://www.nuitdorient.com/n1124.htm http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/docannexe/file/3739/debray.pdf E. Poulat , Faut-il changer la loi de 1905 in ibid., p. 92-99. [...]
[...] Tawil : Droit des Cultes. Personnes, activités, biens et structures. Ed. Juris associations, décembre p. Part-Dieu, Société DEL. J. Baudouin et Ph. Portier : La laïcité, une valeur d'aujourd'hui ? Contestations et renégociations du modèle français, ed. PUR, coll. Res Publica p. [...]
[...] Cette culture de masse est corollaire du phénomène de modernisation qui, mettant fin à la modernité met fin à la théorie selon laquelle l'homme était ce qu'il fabriquait, entraînant une dissociation entre économie et culture, la vie privée devenant politique, car l'acteur et le système se retrouvent dissociés, l'homme devant choisir entre sa loyauté à la cité ou à la communauté. Ainsi selon J. Baudouin et Ph. Portier, l'idéologie communautariste n'est pas de nature culturelle, mais politique Ce qui selon nous découle du refus d'intervention du gouvernement dans le problème, ce dernier préférant tourner autour sans oser toucher le point sensible comme nous l'avons déjà expliqué. [...]
[...] Cependant, cette définition traditionnelle de la notion de laïcité connaît aujourd'hui une sérieuse remise en cause puisque comme le soulignent MM. Baudouin et Portier, la situation française est complexe [ ] chaque citoyen en arrive à avoir sa propre conception de la laïcité phénomène qui s'est démultiplié depuis les affaires de foulards islamiques à l'école. Le problème de la religion en milieu scolaire est en effet un aspect particulièrement sensible du problème français. Nous disions précédemment que chacun pouvait exercer la religion de son choix, et que seul le gouvernement français se doit de rester neutre à cet égard, dans le but de rester représentatif de toute la population et non discriminatoire. [...]
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