Pays où la « gauche » est valorisée au point qu'aucun parti n'ose se dire ni même se situer » à droite », la France, jusqu'à ces dix dernières années, a été gouvernée par une coalition permanente des centres et non pas, comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, l'Allemagne fédérale, l'Autriche ou la Belgique — pour ne citer que ces pays — par l'alternance au pouvoir de la droite et de la gauche. Quand se faisait l'union des gauches, elle se limitait à une entente électorale, à un cartel qui se défaisait bientôt au niveau du Parlement et du gouvernement.
Et la « conjonction des centres », au début du siècle, la « concentration », dans l'entre-deux-guerres, ou la « troisième force » des années 1950, reprenait sans peine le dessus. Maurice Duverger, dans La Démocratie sans le peuple, a brillamment analysé les raisons de ce jeu politique spécifiquement français.
[...] Le programme commun de la gauche, enfin, recèle des désaccords importants que l'actualité ou la simple volonté d'aller au fond des choses, du côté socialiste, ne manquent pas de mettre en lumière : ainsi de la politique étrangère (Europe, Proche-Orient) et de la politique de défense (force de frappe, armée). Son approfondissement peut être aussi bien l'occasion de conflits publics insurmontables au sein de la gauche que celle de l'affirmation du sens des responsabilités d'une équipe qui se prépare au pouvoir. Bibliographie J. CHARLOT, Le Phénomène gaulliste, Paris / J. [...]
[...] En 1965, à l'occasion de l'élection présidentielle, les choses vont plus loin. La loi électorale favorise, comme pour les élections législatives, la bipolarisation des forces politiques. En effet, à défaut de se classer premier ou deuxième au premier tour de scrutin, les candidats sont automatiquement éliminés pour le second. Autrement dit, une grande famille politique, en divisant ses voix au premier tour sur plusieurs candidats, risque d'être ab sente du second tour de scrutin. C'est, d'ailleurs, ce qui arrivera à la gauche en juin 1969 : ses quatre candidats (Alain Krivine , Michel Rocard, Jacques Duclos et Gaston Defferre) s'étant classés derrière Georges Pompidou et Alain Poher. [...]
[...] Le 24 février 1968, le P.C. et la F.G.D.S. publient une déclaration commune dans laquelle ils énumèrent leurs points d'accord de politique intérieure, sans cacher leurs désaccords sur l'Europe, le Proche-Orient et le Vietnam notamment. La crise de mai 1968 semble tout remettre en question : la F.G.D.S. éclate au lendemain du raz de marée électoral gaulliste de juin et lors de l'élection présidentielle de juin 1969, après la retraite politique du général de Gaulle; les quatre candidats de la gauche divisée obtiennent ensemble moins de suffrages (24,1 p des électeurs inscrits) que Mitterrand en 1965 (27,1 p. [...]
[...] CHARLOT & al., Quand la gauche peut gagner, Paris / M. DUVERGER, La Démocratie sans le peuple, Paris / C. HURTIG, De la S.F.LO. au nouveau Parti socialiste, Paris / PARTI COMMUNISTE, Changer de cap : Programme pour un gouvernement démocratique d'union populaire, introd. de G. Marchais, Paris / PARTI SOCIALISTE, Changer la vie : Programme de gouvernement du Parti socialiste et programme commun de la gauche, présent. de F. Mitterrand, Paris, 1972. [...]
[...] alliance irréversible à gauche, mais différenciation de son parti d'avec le P.C. porte peu à peu ses fruits. Le 23 avril 1972, le P.S. refuse de voter NON au référendum sur l'Europe, comme les communistes, et prône, non sans succès, l'abstention. Il attend d'avoir mis au point son propre programme, ce qui est fait en mars 1972, pour discuter avec les communistes d'un programme commun de gouvernement, puis le signer avec eux le 27 juin et avec les radicaux de gauche en juillet 1972. [...]
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