France, Etats, Unis, concurrence, deux, modèles, républicains
Serge Audier parle, à propos de la fin du XXe siècle où ce thème est présent, d'un « renouveau de l'idée républicaine » dans les recherches en philosophie politique à la fois en France et aux EU par un nouvel effort de conceptualisation, avec des travaux fondateurs comme ceux de Bernard Baylin et George Wood aux EU et ceux de Claude Nicolet en France.
France et Etats-Unis connaissent en effet à la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe un processus de maturation politique vers la forme moderne de République. La République, du latin res publica, chose publique, est réapparue en Europe à la Renaissance, avec Machiavel qui défend cette forme comme le meilleur moyen de protéger la liberté et donc la sûreté des citoyens. Cette conception a des implications politiques mais aussi plus larges. En effet, Serge Berstein pense le modèle républicain, dès lors qu'il s'inscrit dans la durée, comme un « écosystème social dont tous les éléments sont en symbiose les uns avec les autres : représentations mentales, fondements philosophiques, références historiques, valeurs, dispositions institutionnelles, organisation et structures sociales, pratique politique etc ». France et Etats-Unis, modèles « concurrents » à la fin du XVIIIe car porteurs quasi simultanément d'idéaux qui ont marqué l'Europe des Lumières, ont développé à leur manière cette forme autour des éléments mentionnés.
[...] Reprenant l'argument de Montesquieu selon lequel, si le peuple n'est pas apte à se gouverner lui-même car la démocratie est un régime turbulent, il est apte à choisir ceux qui le gouvernent : la liberté républicaine est donc possible grâce au correctif aristocratique de la souveraineté populaire. Un autre thème fondant le modèle républicain américain est celui des factions : la République peut en être protégée par son échelle. Madison montre que le pluralisme permet de rendre improbable l'usurpation du pouvoir par une faction majoritaire. La division des intérêts étant de toute façon inévitable il faut donc un pouvoir fort comme cela avait été théorisé par Hobbes. [...]
[...] Il soutenait donc un lien logique entre balance des pouvoirs et division partisane. Cette place reconnue aux factions est une différence fondamentale avec la vision républicaine française, qui visait toujours la subordination des intérêts locaux ou particuliers à la volonté générale. Or, finalement, ce que Tocqueville observe lors de son voyage aux EU, et ce que Madison lui-même admettait, c'était l'établissement d'une république composite ni complètement nationale, ni complètement fédérale. Les Fondateurs avaient laissé la question en suspend en conciliant un assemblage d'Etats souverains dans une république souveraine, véritable anomalie la souveraineté devant être indivisible. [...]
[...] Pourtant dans la France révolutionnaire le refus de la république et l'attachent à la monarchie sont majoritaires, justifiés surtout par les sentiments. Par ailleurs les premiers républicains étaient divisés en deux courants, girondins défendant la démocratie et les cordeliers la représentation. Condorcet (1743-1794), faisant exception présente dans ses écrits une conception républicaine à l'influence postérieure forte. Député à l'Assemblée législative de 1791 puis à la Convention en 1792 il médite l'exemple américain et est l'un des seuls en 1789 à se poser ouvertement en faveur de la République, qui paraît irréalisable à l'époque car liée au modèle des cités antiques. [...]
[...] Vacherot lui rejette la notion de fraternité, trop basée un modèle familial de vie sociale. La liberté seule peut tenir lieu d'impératif. Ce type de malentendu existe aussi sur l'interprétation de l'histoire, notamment du MA entre Antiquité et époque moderne. Mona Ozouf se penche sur la question intéressante de la conscience des divisions de conceptions républicaines : celles-ci semblaient résorbées par l'unité dans l'anticésarisme, et la résistance à ‘lEmpire. A la détestation partagée s'ajoute un projet rassembleur, celui de finir la Révolution, image fondatrice de la république à suivre. [...]
[...] Par ailleurs, en 1848 l'élaboration de la Constitution avait été confiée à des républicains du lendemain autant que de la veille, limitant la possibilité qu'elle s'installe. En revanche le suffrage universel restait un acquis dans les représentations, tandis qu'une rivalité entre idées républicaines constitutionnalistes et d'autres soucieuses de justice sociale ont marqué une différence entre une gauche et une droite. -Républicains sous IInd Empire : républicanisme et positivisme. Dissensions. Sous le second empire, le républicanisme français revêt encore des ambigüités dans la recherche de son inspiration dominante, entre philosophie des Lumières et philosophie positiviste. [...]
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